Des Artistes en voies de disparition.

Pourquoi sont  il pourchassées ?

Leurs vies.

 

Découvrez ses gens de la rue qui vivants pour leurs Liberté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce livre est écris par le  Saltimbanque Gilbert l´automate de Beaubourg.

Les recherche sont de différentes recources. ( Livres, musées, interviews, photos privé, presses, etc…

 

L´Automate Gilbert

 

Gilbert Liberman / Jakubczyk

Saltimbanque depuis 1969 et resteras Saltimbanque.

Né le, 31 jullet 1952 á Bruxelles.

Email : streetact@aol.com

Web : www.saltimbanque.de

Tel : 0049 / 0171 811 70 25

Germany

 

 

 

 

 

 

 

2400 avant J.C.

 

A Cnossos en Grèce,

L´on a retrouvé une fresque dans une grotte,

Qui représente un acrobate sautant par dessus

Un taureau.

 

                                    

                                                    « Ah ! les braves comédiens des places                                         publiques, gais chevaliers errants de la misère, 

 grimaciers de génie que vous luttez vaillamment contre le sort !

 faut-il s’étonner qu’on découvre parmi vous des types si marqués,

                         des figures si expressives et si originales ?

                   Ce n’est pas sur les bancs des conservatoires et des académies

                        que se forment ses vigoureuses nature d’artistes.

                       Elles sortent des entrailles de la populace. »

                                                  VICTOR FOURNEL

 

                                       

 

                                    Les « Saltimbanques » ont-ils une origine ?

                                           De l’Italien salto in Banco, sauter sur un banc, 1560.

 

                    Ne sont-ils pas plutôt des hommes qui ont puisé dans leurs propres ressources

                   Ce qu’ils pouvaient exploiter pour gagner leur renommée et leur pain quotidien.

 

Avant le moyen – age.

 

                    Depuis l’Antiquité, des hommes divertissent la population. Ils s’entourent de très peu d’accessoires mais leur don d’attirer le regard fait parti de leurs atouts principaux.

Ils jouent sur l’apesanteur, les éléments naturels ou leur propre corps. Ils s’entraînent à des numéros que le profane n’ose tenter.

                     En Occident, lors des grandes fêtes orgiaques données en l’honneur de Dyonosos pour les romains et de Bacchus pour les grecs, ils président aux grandes parades et invitent la population au rire et à la détente. Des hommes transforment leur physionomie, d’autres se contorsionnent et se plantent des clous dans la tête, certains avalent le feu. Qui sont-ils ?

Les spécialistes du cirque ont retrouvé les traces de ces enfants de la balle à travers de nombreuses fresques, peintures rupestres ou sur des ornements d’objets de la vie quotidienne, vase ou amphore…. Mais de ces études aucune trace généalogique de ces personnages ne nous est révélée. A Cnossos, 2400 ans av. J.C. une peinture rupestre représente des jeunes athlètes se livrant à des exercices d’acrobatie sur un taureau.

                     Ces numéros courts, visuels ne tiennent pas un public des heures comme le fait la tragédie grecque ou les jeux du cirque, ils servent souvent d’intermède entre deux actes.(les danseurs de corde existeraient depuis 1345 av. J.C.)

                    Comme actuellement sur nos places publiques, nous retrouvons également des vagabonds réjouissants la population des milles facéties de leurs tours sur l’Agora (place publique où le monde commerçant, financier, religieux se côtoie). A Rome, Ventilator fut le premier jongleur à jouer avec des coupes et des amphores d’airain, et escamoter par ses doigts agiles des billes d’ivoire plus grosses que des noix.

On suppose que les acrobates ont été engagés pour la construction des pyramides égyptiennes.

                     En Orient, particulièrement en Inde, ces métiers sont pratiqués par des gens d’une même caste. La transmission se fait de père en fils. Les acrobates, portent une longue écharpe rouge flottante signe de leur profession. Un bas relief  provenant de Baârhout datant du 2ème siècle av. J.C. représente 14 acrobates montés en pyramide.

                      Depuis 391, après une peste dévastatrice les consuls de Rome firent venir d’Etrurie (ancienne Toscane) une troupe pratiquant ces divers métiers pour procurer un spectacle nouveau et plus gai que les jeux du cirque, on les prénomma histrions. Dans le dialecte usité en Etrurie un bouffon se nommait hister. Histrion devint le terme général de tous ces amuseurs publics.

                  Ces hommes sont à l’époque les messagers des Dieux et des hommes. Des Dieux, parce qu’ils se surpassent eux-mêmes dans la pratique de leur numéro, des hommes parce qu’ils sont nomades et colportent de contrées en contrées les nouvelles des guerres, des invasions, des naissances, des décès…. Ce sont les «gazettes » de nos temps modernes.

Plus tard les épidémies et les invasions barbares laissèrent de côté le désir de rire et de s’émerveiller. Mais comme disait l’Egyptien Palladas « la vie n’est que théâtre et jeu », plus tard un moine le transforma en « tout le monde joue la comédie, le monde est un histrion ».

 

 

Le Moyen - Age

 

                  Au Moyen - Age, d’abord sur le littoral méditerranéen, se développa un nouvel art de vivre et de se courtiser. Des hommes inventèrent la poésie et l’amour courtois, ils se nommèrent «troubadours» en langue d’oc et «trouvères» en langue d’ oil. Grands voyageurs, souvent de haute lignée, ils fréquentent les cours d’Europe. Certains composent seulement et font appel à des jongleurs pour jouer et chanter leurs vers. Ces derniers servent en même temps de messager à la «dame» pour qui ces vers sont destinés. Nouveaux métiers pour nos jongleurs que sont nos histrions de l’antiquité. La langue populaire plus prompte aux changements, leur a trouvé un nom plus en rapport avec leur personnage : joglar «jouer, faire rire ». Ce nom englobe les musiciens, les chanteurs de poésies, les montreurs d’animaux, les lanceurs de couteaux….et ne définit pas seulement celui qui a l’art de lancer et de maintenir en l’air plusieurs objets en mouvement. Cette grande famille travaille en « palc » (numéros de saltimbanques sur un tapis à même le sol), sur les places publiques, dans les châteaux ou sur les grandes foires de l’époque.

 

                 C’est au moyen - âge que le berceau de l’art poétique, littéraire, théâtral, prendra sa véritable source et s’imposera plus tard comme un art académique. A cette époque celui qui n’est pas paysan ou seigneur ne dépend de personne et il lui faut trouver moyen de subsistance et place dans la société. Il le peut car la noblesse aristocratique divise son temps entre loisirs, guerres, croisades. Un nouvel ordre naît dans la chrétienté occidentale : « la chevalerie ». Avec elle l’organisation de tournois et de cérémonies. Lors de ces festivités, place est faite aux amuseurs publics, entre les joutes organisés en l’honneur des dames et les festins. Les seigneurs et même le roi de France se déplacent régulièrement dans leurs nombreuses résidences. L’art de recevoir fait leur renommée. Les clercs dans leurs abbayes aiment aussi accueillir les jongleurs et se distraire de leur numéro.

                Lors des croisades, les chevaliers engagent des jongleurs pour les divertir lors de leurs longs trajets. Mais il y a eu aussi des saltimbanques d’origine Turc, Egyptienne, Arménienne qui vinrent s’exhiber sur les foires occidentales. Personnage sans origine, venant d’ici ou de là-bas,  il reste bien présent dans l’imagerie populaire. Au cours d’un voyage en orient, on ramena le premier jeu de tarot (entre 1095-1270). Dans ce jeu la première figure représente un bateleur.

L’occident chrétien a une expansion rapide et spectaculaire. Les villes sont de vaste chantier, l’église, les rois et les grands seigneurs marquent leur passage en construisant des monuments grandioses et les foires sont la représentation en miniature de cette société. Les nobles font leurs emplettes, les paysans vendent leurs produits et se distraient des journées répétitives et sans nouveauté. Les jongleurs  sont rois. En France les plus grandes foires se déroulaient en champagne où le duc était lui-même trouvère. Ainsi les saltimbanques établirent leur carnet de voyage en fonction des dates des différentes foires.

 

                  Une autre manifestation fit tomber quelques écus dans leur escarcelle. La société, de culture orale et l’église, pour éduquer le peuple à la bible, monta des pièces et les nomma les mystères et passions. D’abord jouée à l’intérieur des églises par des clercs comédiens, la scène se déplaça sur le parvis. Pour éviter que la population ne s’éclipse à l’arrivée d’un jongleur ou d’un montreur d’animaux, ils inclurent ces derniers dans leurs spectacles.    

                   L’essor des villes, la transmission orale, les déplacements des grands du royaume et l’arrivée de marchands d’orient, contribuèrent à l’essor de ces métiers artistiques, mais selon les rois et l’austérité de l’église, des amendements s’érigèrent contre eux. Un roi faible ou trop directif ne pouvait tolérer ces gens inclassables, sans attache, qui colportaient les nouvelles, amassaient la population autour d’eux, et trouvaient parfois asile chez les gueux et les mendiants.

Conrad, chantre de l’église de Zurich, vers l’an 1275 : « Comme des vautours sur des cadavres, comme des mouches sur une liqueur sucrée, on voit convoler à la cour des princes, pauvres, aveugles, bancroches, jongleurs, danseurs, musiciens et prostituées. Ils sont comme bien d’autres, pareil à des sangsues, qui ne lâcheront pas la peau avant d’être gorgées de sang. »

                St Louis par contre, sous la promesse de se conduire loyalement,  donna quelques privilèges aux trouvères, entre autres, celui de payer le droit de péage aux portes de Paris en chantant au gardien une de leurs petites chansonnettes. Il étendit cette faveur à leurs amis et camarades jongleurs, montreurs de singe et autres bateleurs qui s’acquittaient en égayant le portier par un tour de leur gibecière : d’où le proverbe payer en «monnaie de singe».

Cet accord parut dans le livre des métiers que St Louis fit mander à Etienne Boileau . Ce livre permit d’établir les droits et les devoirs des différents métiers et ainsi naquit les corporations.

Il y eu donc la corporation des ménétriers.

« une  ménestrandie bien composée, dit M. Victor Fournel, avait ses poètes, ses musiciens et chanteurs, ses farceurs et saltimbanques. Les plaisirs des spectateurs étaient ainsi des plus variés et après avoir entendu une chanson de geste et un concert de harpe, il se reposait en contemplant les grimaces du jongleur et les gentillesses du chien savant. »

Une rue dans Paris se nomma la rue des ménétriers (actuelle rue Rambuteau). Mais cette organisation est véritablement aux services des élites qui les emploient et comme toutes les corporations de métier de l’époque, il faut composer un chef d’œuvre pour rentrer dans la ménestrandie de la ville. Ainsi les étrangers et les artistes de passage se voient exclus et interdits de travailler dans ces villes. Les individus  empreint de liberté et qui travaillent selon les aléas de leur déambulation, n’y trouvent pas leur place. C’est le début de la hiérarchisation dans l’art. Et celui qu’on appelait  peuple du voyage, ne se soumettait pas aux lois des sédentaires. Bien souvent par la suite, on les associa aux gitans qui apparurent en Occident vers  l’an 1400.

Caractère insaisissable, bagarreur, joyeux lurons, ils n’étaient pas les derniers à dépenser leur recette dans les tavernes et terminer la nuit dans des lieux de débauches. Sans famille pour la plupart, ils retrouvaient parmi la pègre une famille, comme eux hors la loi.

Il y eut des ordonnances très sévères contre eux comme celle de 1543 qui défendait à tous bateleurs, jongleurs et autres semblables de jouer en cette ville de Paris ou sonner le tambourin, quelque jour que ce soit, sous peine de fouet et bannissement de ce royaume.

 A la sortie du Moyen- âge, la société change mais les saltimbanques immuables sont toujours là.

 

 

Après le Moyen - Age

 

                Sous Henri IV, avec l’achèvement du Pont Neuf, on retrouve des figures populaires dont les noms sont encore dans les mémoires. «Brioché» et son fameux théâtre de marionnettes, dont le singe se fit embrocher par Cyrano de Bergerac lors d’une bagarre. Le fameux Tabarin et son chapeau à transformations et bien d’autres encore, qui firent la joie des badauds de l’époque. Le parlement les chassa du Pont Neuf, et ils retournèrent dans les foires.

                    Il y aura désormais deux mondes d’artistes ambulants, celui des artistes spécialisés dans l’art des représentations théâtrales et celui des enfants de la balle (sauteurs, danseurs, montreurs d’animaux.), désigné maintenant sous le nom de bateleur. Petit à petit les comédiens trouvent des lieux fermés pour exercer leur art comme l’hôtel de Bourgogne et le fossé se creuse entre les artistes de culture écrite et ceux de  culture orale. Ces comédiens vont rejeter les bateleurs jusqu’à les empêcher de faire des scénettes parlées dans les spectacles de foire. Avec l’avènement de Molière qui pourtant s’enrichira de leur franc parler, la création de la comédie française scinda ces deux mondes définitivement.

                  L’arrivée des troupes italiennes et la Comédia dell’arte redénamisa le métier et les bateleurs devinrent saltimbanques. Nos saltimbanques se placèrent à l’entrée des théâtres et, de plus en plus nombreux, firent la parade.

 

                 En 1768, un événement viendra encore bouleverser le monde des artistes ambulants, Philip Astley en Angleterre réinvente les cirques de la décadence romaine.

Au début le spectacle présente essentiellement des jeux équestres issus des tournois militaires mais très vite s’y ajoute sauteurs, acrobates, danseurs de corde. Les Saltimbanques cherchant une certaine sécurité, leur permettant de rester dans le monde du voyage, s’établissent dans les cirques, créent des familles et les premières générations de banquistes voient le jour. Plus tard ils se distingueront totalement des saltimbanques en revendiquant leur généalogie et leur plus grande connaissance du métier.

Mais l’histoire écrite viendra remédier à ce manque : on en fera des héros populaires (les célébrités de la rue), des héros de roman (Sans famille de «Hector Malot», l’homme qui rit, Notre Dame de Paris de «Victor Hugo»), toujours seuls, sans famille mais pas voleurs, ils trouvent dans ces métiers d’aventure, leur moyen de subsistance.

 

                   Au 19ème siècle des lois viennent réglementer le pavé parisien. Paris est sous le contrôle d’une préfecture de police notamment en ce qui concerne la réglementation du vagabondage, de la mendicité et de la surveillance des lieux publics. On attribue donc à toutes les personnes qui ont  des métiers ambulants une médaille de laiton gravée du nom et de la profession du porteur.

Archive prefecture depolice de Paris.

Cette médaille leur donne droit d’exercer dans la rue. Mais au cours du siècle, la délivrance de ces permis est de plus en plus difficile à obtenir. En 1926, on  délivre des autorisations uniquement à l’occasion de fêtes foraines et publiques.

 

                 Aujourd’hui, les saltimbanques existent toujours, les autorités parisiennes les pourchassent pour attroupement sur la voie publique, ils passent en jugement. En province, les mairies accordent encore des droits d’exercer dans la rue à certaines heures et sous une durée déterminée. Certaines villes interdisent tous voyageurs ambulants de rester.

Et pourtant ce métier continue d’exister, culture orale, culture de la rue, il maintient la tradition de la société non savante.

 

                 Déplacé du moyen- âge au 20 ème siècle, ils sont immuables et interchangeables. Leur base est la rue et leur origine vient du peuple. Le héros populaire sans patronyme marque le spectateur. Il oublie ses soucis pendant un bref instant, il n’a pas calculé ni prévu cet arrêt improvisé. A l’inverse d’un spectacle en salle où le spectateur achète son billet, choisit ce qu’il veut voir.

Les saltimbanques nourrissent encore la mémoire populaire orale. On ne peut parler du saltimbanque sans faire référence à l’ambiance générale de la société où il aura grandi. La misère, l’instabilité sociale, familiale, la révolte politique, tous ces événements créent le saltimbanque.

 

L´ Historiques

Histrion : antiquité romaine. Acteur, comédien et particulièrement pantomime par dénigrement baladin, bateleur, mauvais comédien. Comédien en générale.

.

 

A l’origine, le bateleur exécutait des tours à l’aide d’un bâton ou d’une baguette.

Le Batoniste : Collection Gilbert

 

La tradition des bateleurs est très ancienne. Au début de notre civilisation, les hommes pratiquaient perpétuellement des hommages aux dieux et déesses qui leur permettaient d’exister. Ceux qui jonglaient, jouaient avec le feu, les instruments tranchants, les grimages, les instruments devaient s’associer aux rituels, et être considérer comme des messagers des dieux , connaissant certains secrets de la nature.

 

En Chaldée, en Egypte, en Chine, au Japon, on retrouve ces colporteurs du merveilleux, inspirant comme en se jouant aux peuples grossiers qu’ils traversent le frisson de l’au-delà et le respect craintif de l’inconnu. Au Japon, ils exhibent une chapelle portative, vendent des rosaires, des talismans, des recettes médicales ; en Chine, ils courent le pays en montrant des tigres, disent la bonne aventure et vendent des philtres, des secrets, et jusqu’à du vent.

La Grèce et Rome les ont vus : les joueurs de gobelets, les jongleurs, les devins, les astrologues, les hercules, les danseurs de corde, les promeneurs de chèvres savantes, d’éléphants et de chameaux, les acrobates, les marchands d’anneaux contre la morsure des bêtes venimeuses portaient le nom significatif de circulatoires ou de circumforanei, et ces forains étaient pour la plupart des Arabes, des Chaldéens, des Egyptiens, des Juifs. On ne distinguait guère d’eux les agyrtes, prêtres mendiants qui s’étaient infiltrés dans le monde hellénique, puis avaient pénétré dans le monde romain avec les dieux de l’orient, accueillis partout par la crédulité publique et une sorte de terreur religieuse, méprisés pourtant à cause de leurs pratiques et de leurs mœurs dissolues. Ils conduisaient avec eux des bêtes féroces apprivoisées, dansaient au son des flûtes, des tambours et des cymbales, distribuaient des présages sous forme de sentences écrites sur des tablettes, tirées d’une urne par un jeune garçon ou des secrets pour guérir, et ne négligeaient jamais de faire la collecte.

A Rome, des Syriennes et des Gaditanes, par leurs danses mystiques et leurs costumes étranges, attiraient les passants aux abords du cirque, où toutes sortes de spectacles et d’amusements sollicitaient d’ailleurs les oisifs.

Le Mexique précolombien : citons deux exemples de ces saltimbanques prestidigitateur : « Le premier se réfère au Motetequi, c’est à dire celui qui se mutile lui-même, et qui crée l’illusion de se couper les mains et les pieds. Le deuxième nous parle d’un homme qui incendiait les maisons.

Ce que l’on appelle mutilation n’avait lieu que dans la cour des seigneurs. Alors le Motetequi se coupe les mains et les met à part, puis les pieds, ailleurs il dépose les articulations ; de tout côtés il va poser (ce qu’il coupe). Puis quand il s’est mutilé, il se cache derrière une couverture rouge, et alors à nouveau, ses membres un à un croissent, repoussent, se dressent comme s’il ne s’était rien coupé. Ensuite il réapparaît.

Celui qui met le feu aux maisons :

On pouvait voir l’embrasement d’une maison : les maisons s’enflammaient, elles étaient entourées de flammes de telle sorte qu’il semblait qu’elles brûlaient réellement. C’est cela que l’on voyait et qui amusait les gens ; il faisait ce tour dans le palais et il était gratifié pour cela. On lui donnait du maïs égrené.

Il y avait également des conteurs qui allaient répéter sur les places publiques, les vieux poèmes retraçant les légendes.

 

 On en voyait déjà chez les grecs.

La grande place publique situé entre le capitole et le mont palatin connut , comme plus anciennement Athènes, Babylone et memphis. Les réjouissants spectacles offerts par les êtres errants , autour desquels la multitude se presse. On goutait tout à la fois leur adresse à faire des tours et leurs gâité communicative .

C’est en de telles manifestations ayant précédé l’ère chrétienne qu’il faut voir les tout premiers ancêtres d’une catégorie de nos forains actuels .

L’art des funambules ou danseurs de corde , se développa chez les grecs bien avant de pénétrer sur la terre latine . Mais du jour où ils se firent connaitre leur attrait eu une vogue extraordinaire .

On raconte que vers 165 av J.C. les romains admiraient si passionnément l’agilité de ces équilibristes qu’ils en arrivaient à délaisser pour eux le theâtre .

Les romains se montaient très friands d’autres divertissements qui fuent continués ou longtemps après repris par les amuseurs en plein air .

Le funambule .

Parmi ceux - ci Ventilator fut à Rome le premier des jongleurs jouant avec des coupes et des amphores d’airain, des billes d’ivoire, plus grosses que des noix étaient de même par ses doigts agiles fort bien escamotées.

Dans le trochus cerceau parfois très petit des contorsionistes parvenaient à faire merveilleusement passer tout leur corps tordu. L’un d’eux nommé Senex s’étant composé pour cet exercice une gaine en peaux de serpents africains obtint sous cet aspect un phénomène succès.

Des animaux étaient dréssés à des travaux exceptionnels bien propres à susciter l’enthousiasme populaire, tel cet éléphant de numidie dont la trompe retirait toutes les pastèques emplissant deux énormes corbeilles pour les jeter par derrière une à une dans la caisse fixée sur son dos.

Un vase grec reproduisait un jongleur entouré d’un singe et d’un chien ascensionniste.

L’éléphant dressé, lui aussi tire ses lettres de noblesse de l’antiquité. Ch. Magnin assure que l’on vit, sous Tibère, des éléphants funambules et que, sous Néron, un éléphant descendit du faîte de l’amphithéâtre sur une corde tendue. Pline raconte que 4 éléphants funambules portaient dans une litière un de leurs compagnons qui contrefaisait la nouvelle accouchée.

 

Les dresseurs d’animaux faisaient partie de l’immense tribu des saltimbanques dans laquelle figuraient aussi d’autres amuseurs de la foule : sauteurs – et c’est de là que vient l’origine du nom- marionnettistes, arracheurs de dents, danseurs de corde, jongleurs, escamoteurs.

 

Des jeunes danseuses venues de Grèce imitatrices de celles dont avaient parlé Xenophon furent très admirées sur le forum au temps des césars.

Evoluant sur la partie supérieure d’une roue de potier tournant à toute vitesse elles trouvaient le moyen pendant ce temps d’écrire sur des tablettes et de les lancer à la foule sans perdre l’équilibre.

 Et puis il y avait la célèbre lutte à lois fixes que l’on retrouvera plus tard dans toutes les contrées où le séjour des cohortes romaines laissa derrière elle un sillage si profond qu’il ne put être effacé par le temps...

...

 Les Romains, bien que préférant les jeux du cirque, avaient aussi leurs bateleurs.

. A Constantinople, à la fin du 4ème siècle, L’Agora est toujours pleine de charlatans, de sorcières, de devins, d’empiriques qui proposent des remèdes contre la stérilité, de magiciens qui se livrent aux incantations, de bateleurs, de montreurs de bêtes traînant parmi la foule des lions apprivoisés, de mimes,  de danseuses en robes bleues, d’acrobates, de funambules, volant comme des oiseaux, s’habillant et se déshabillant dans l’espace, de jongleurs jouant avec des épées et des coupes, d’équilibristes portant sur leur front une perche au haut de laquelle sourient deux petits enfants, de déséquilibrés faisant la roue en roulant les yeux d’une manière effrayante, rongeant le cuir des vieilles chaussures, s’enfonçant des clous dans la tête.

 

Les grecs, qui avaient les comédiens en grand honneur, le connaissaient ; et nous voyons dans le 6ème siècle avant J.C. , Dolon et Susarion d’Icarie l’exercer avec succès à Athènes. Les romains firent peu de cas des bateleurs, qui ne pouvaient pas être enrôlé dans les armées. Plaute, auteur, acteur et chef de troupe, comme plus tard Shakspeare et Molière, se trouva en concurrence plus d’une fois avec les gladiateurs, des entrepreneurs de combat d’animaux et des bateleurs. Les gaulois n’avaient pas de théâtre ; seulement ils se livraient à des exercices publics et à des jeux souvent meurtriers, où l’adresse entrait toujours en première ligne. Un de ces jeux , qu’ils appelaient le jeu du pendu, consistait à suspendre celui que le hasard désignait à un arbre, à l’aide d’une corde qu’on lui passait autour du cou. On lui mettait à la main une épée dont le tranchant était bien affilée ; il devait couper la corde au risque de se faire étranglé s’y il n’y arrivait pas. Ce spectacle provoquait la gaieté et les plaisanteries de nos rudes ancêtres. Devenue romaine la gaule emprunta à ses vainqueurs leurs divertissements et leurs spectacles ; 

ce furent d’abord des jeux grossiers et en rapport avec l’état des mœurs, dit un écrivain anonyme ; des courses de cirque, des représentations scéniques d’une gaieté licencieuse, et dans lesquelles les histrions se laissaient aller à des paroles et à des gestes obscènes. Mais à mesure que la civilisation romaine pénétra dans les gaules, les mœurs s’adoucirent, le goût s’épura, et le théâtre dut se régler sur celui de Rome. C’est ce que prouve l’existence incontestable sur tous les points de la gaule, d’un grand nombre de monuments destinés aux représentations dramatiques. Les invasions des barbares, la ruine des villes gauloises, la destruction des monuments qu’elles renfermaient, amenèrent la cessation momentanée des spectacles ; mais après l’entière soumission du pays, quelques rois mérovingiens firent encore célébrer des jeux du cirque. Contentons nous de citer les jeux donnés par Childebert 1er, à Arles et par Chilpéric 1er, à Paris et à Soissons en 587 ; ce dernier avait même dans son admiration pour la civilisation romaine, fait construire des cirques dans ces deux villes. Cependant les jeux romains finirent par disparaître entièrement. Alors les histrions et les bateleurs prirent leurs places. » 

En 391 de la fondation de Rome, une horrible peste vint désoler cette ville.

Pour effacer autant que possible l’impression lugubre que cette calamité laissait dans les esprits, les consuls en exercice résolurent de procurer au peuple un spectacle plus nouveau, et surtout plus gai que les jeux accoutumés du cirque, alors l’unique amusement de la grande cité, et, dans ce but , ils firent venir d’Etrurie une troupe de baladins, de mimes et de danseurs forts habiles et forts renommés. Arrivés à Rome pour y donner des représentations, ces artistes s’y établirent bientôt d’une façon permanente ; et comme dit-on, dans le dialecte usité en Etrurie, un bouffon se nommait hister, les romains en firent histrio, et le mot passa dans la langue.

Une fois établie à Rome, les histrions firent des élèves. Bientôt , et peu à peu ces grotesques devinrent des acteurs parlants, qui tout d’abord ne firent que débiter de mauvais vers improvisés et intercalés par eux au milieu de leurs danses. Progressivement ils en arrivèrent à jouer de petites pièces nommées satires. Ces pièces étaient accompagnées de musique composée pour elles et qu'on exécutait sur des flûtes. Le théâtre romain ne vécut pas d’autre chose jusqu’en l’an 514, époque à laquelle le poète Livius Andronicus fit , le premier représenté des pièces régulières. Les histrions furent abandonnés, leur règne était passé.

L’idée exprimée par Palladas, egyptien et païen, partagée par beaucoup d’hommes de son temps, est que la vie n’est que théâtre et jeu.

 

 La Gaule, devenue romaine, emprunta à ses vainqueurs tous les genres de divertissement.

 

A partir du bas Moyen Age , les banquistes (comédiens, bateleurs), les banquiers (changeurs de monnaie) et les marchands forains se côtoient sur les champs de foire. Ils y entretiennent la fête marchande. Le banc c’est à dire les tréteaux, constituent leur instrument de base commun.

Les premières foires de France prirent naissance au début de notre histoire. Le droit d’organiser des grands marchés publics était alors une sorte de privilège accordé par les princes aux habitants d’une  commune, en récompense de leurs bons services .On y faisait la vente ou l’échange de marchandises très variées. Et ce qui surtout composait l’attrait de ces énormes rendez-vous commerciaux et périodiques c’est que des marchands de contrées lointaines venaient y prendre part.

Ainsi dès le 6ème siècle vit-on arriver dans le midi de la gaule des arabes et des syriens pour la plupart juifs. Et ces gens se répandirent dans tout le pays qui s’étend entre le Rhône, la Loire et la seine. Le commerce étant bon le nombre des vendeurs exotiques s’accrut de siècles en siècles ; mais à la longue tout plaisir s’émousse et peu à peu l’affluence des acheteurs devint moindre. Pour raviver l’élan il fallait donc trouver du nouveau. Une possibilité d’en avoir s’ offrait , en faisant appels aux ménestrels . D’autant que pour ces artistes la vie n’était pas toujours rose .Les castels et les manoirs et le pont Levis ne se baissait pas toujours pour eux .

Ces troubadours et ces trouvères continuaient à leur manière pittoresque la tradition des aèdes primitifs , le luth ayant été remplacé par la viole et le rebec. Lorsqu’il arrivait à l’un d’eux de prendre pour compagnon de route quelque jongleur expert à des jeux d’adresse, les deux éléments de ce couple se complétaient le plus agréablement du monde .

Participer à ces foires étaient pour eux la consécration populaire . On s’organisa certains jongleurs et baladins construisirent  des estrades de planches sur lesquelles ils prirent place , tandis qu’en bas un comparse récoltait l’obole du plaisir offert. ( on sut bien vite que pour ce petit règlement honnête, il ne fallait pas attendre que le spectacle fut trop avancé afin d’éviter la fuite de trop nombreux malins ). D’autres s’enfermèrent dans des toiles de tentes , augmentant par son mystère la valeur des exercices la baraque était crée . C’est à cette époque que se développa de façon tonitruante la fête du Lendit dont la création était du au bon roi Dagobert (7ème siècle). D’essence religieuse cette fête à son origine avait eu pour raison « la vénération des saintes reliques et  d’un morceau de la vraie croix , grand pèlerinage attirant la population de Paris dans la plaine entre St Denis et la Chapelle . Le commerce s’en est mêlé et le pélerinage du lendit devint une foire d’une semaine. Là parmi des boutiques bien achalandés où tous les corps de métiers présentaient leurs produits une bande d’acrobates sur un tapis faisait la roue et s’érigeait en chancelante pyramide. Plus loin une cloche sonnait en haut d’un mât pour attirer le badaudage ébahi autour d’un petit bossu qui prétendait manger des miettes de verres, avaler du feu et dans l’oesophage s’enfoncer jusqu’à la garde un poignard.

Richard cœur de lion, roi d’Angleterre honora les jongleurs de son amitié.(12ème siècle, 1180)


Dès les 4ème et 5ème siècles, les spectacles des histrions et des bateleurs furent en grande faveur, jusqu’au jour où l’église éleva la voix contre eux (ils la critiquaient souvent). Ils furent dès lors tellement décriés qu’ils deviennent fort rares.

Vers le 6ème siècle à l’hippodrome de Byzance , les courses duraient la journée entière : il y en avait quatre le matin et autant l’après midi ; entre les courses, c’étaient des intermèdes : danseurs qu’accompagnaient des joueurs de flûte et de psaltérion ; jongleurs ou montreurs de bête qu’on faisait parfois venir de fort loin. Aux grands jeux que donna l’empereur Nicéphore Phocas, en 963, on vit des bouffons et des acrobates arabes, des baladins venus de l’Inde et jusqu’à des danseurs scandinaves vêtus de peaux de bêtes.

Le rituel.

Au 4ème siècle considère comme indignes de la communion des fidèles qui font profession de divertir le peuple par des spectacles ; elle en interdit l’assistance aux fidèles. Le concile d’Arles (314) est catégorique à cet égard. Le canon 5 apparaît sur ce point dépourvu de toute équivoque. Le théâtre est assimilé aux jeux gladiateurs ; les acteurs tels les agitatores   cohers et écuyers de course – sont exclus de l communion. Le théâtre grec ne sera jamais visé, son caractère sacré ne saura jamais être contesté.

Depuis longtemps les mimes et les faiseurs de tours étaient en faveur. On les signale au 4ème siècle alors que le théâtre païen, loin d’avoir pu encore être aboli par le christianisme, jouit un moment d’une certaine recrudescence ; on  les signale encore dans le siècle suivant, à l’heure où s’effectue, entre l’idée païenne et l’idée chrétienne, un compromis littéraire, et qu’un troisième élément arrive, qui disjoint tout à coup les deux idées et se réunit à la plus jeune pour renverser la plus ancienne. Ce terrible personnage, qui entre si tragiquement en scène ; cet acteur, dont le rôle devait être si  sanglant, s’appelait tout simplement les barbares. Les nouveaux conquérants, grossiers et sauvage, s’amusèrent des farces ridicules et licencieuses des baladins et des bateleurs. L’église s’opposa vainement au scandale de ces représentations. Charlemagne n’eut guère plus de succès lorsqu’il renouvela contre les bateleurs le 96ème canon du concile d’Afrique, et que, dans son capitulaire de 789, il les plaça  au nombre des personnes infâmes incapables d’être admise en témoignage. Les conciles de Mayence, Tours, Reims et de Chalon sur Saône, tenus en l’année 813, firent défense aux prélats et aux éclèsiatiques d’assister aux exercices des histrions , sous peine d’encourir une répression sévère ; ajoutons que les membres du Haut clergé, des Évèques, des abbés et même des abbesses, avaient coutume d’appeler auprès d’eux des bateleurs pour se divertir de leurs grosses facéties. Plus d’une fois même, des clercs s’étaient joints à eux pour jouer en public des farces forts peu édifiantes. Les bateleurs avaient poussé la hardiesse jusqu’à se revêtir d’habits sacerdotaux, et à mettre en action certaines aventures de couvents. Religieux et religieuses étaient peu ménagés dans ces scènes burlesques, si bien que le clergé réclama, et que Louis le Débonnaire prononça contre les auteurs de ces excès la peine du bannissement. Ces sévérités déconsidérèrent ceux qui en étaient l’objet. Les bateleurs furent tellement décriés, l’église les frappa d’une si complète réprobation, qu’ils se dispersèrent et disparurent peu à peu.

 Ils disparurent presque complètement aux 9ème et 10ème siècles, décimés par la misère et les calamités publiques et surtout par l´église.

A l’avènement de Hugues Capet, on n’en trouvait  plus que quelques-uns, confondus avec les mimes et les baladins, menant comme eux une vie errante et précaire.

« J’imitais les visages, les gestes et les parlers des interlocuteurs et l’on eut cru que plusieurs s’exprimaient par ma bouche (…) ; ainsi le funèbre jour a ravi avec moi tous les personnages qui vivaient en mon corps. » (Epitaphe du jongleur Vitalis, 9ème siècle)

 

Des bords de la mer rouge aux colonnes d’hercule ils ont envahi le monde ancien. De la Sicile, qui semble avoir été leur première patrie, ils ont gagné l’Italie : installés d’abord dans la Grande-Grèce, où on les connaît sous le nom de phlyaciens, ils ont ensuite gagné vers le nord, et venus à Rome, ils compromettent par leurs succès celui des poètes tragiques et comiques. Mimes et histrions traversent en un cortège joyeux, courtisés des empereurs, adorés du peuple, les siècles de la décadence latine. Et quand le vieux monde romain s’effondre, ils vont encore vers le nord, au devant des peuples barbares, pour les amuser à leur tour. Bien accueillis, ils fonderont une race vigoureuse et prospère, car ils sont les ancêtres authentiques des jongleurs, et ici, des aïeux aux petits-fils, nos avons tous les intermédiaires. Des plus vieux aux plus jeunes, des carrefours de l’antique Syracuse à ceux des villages de France, ils formeront une chaîne ininterrompue et qu’on suit du regard jusqu’au bout.

Ceux que, sur les places publiques ou dans les châteaux, les jongleurs entreprenaient de divertir, ne se souciaient guère de l’origine de ces vagabonds, et ils avaient oublié depuis longtemps les mimes latins. Mais les noms de minus et d’histrion demeuraient dans la langue savante, et ils étaient couramment employés par les écrivains informés, ecclésiastiques ou juristes, pour désigner les jongleurs. En 836, Agobert, archevêque de Lyon, blâme les prêtres et les gens de religion, qui au détriment des pauvres, entretiennent des amuseurs. Et les mimes sont cités là à côté des jongleurs comme des êtres de même espèce. D’ailleurs jusqu’au 9ème siècle les jongleurs étaient bien des mimes et ils portèrent longtemps ce nom dans la langue savante qui est plus conservatrice que la langue vulgaire. Le peuple leur donna une appellation nouvelle car les mimes avaient largement élargi leur répertoire . Ce n’était plus des gens qui imitaient mais des gens qui divertissaient.

C’est de très bonne heure que les mimes, avec les autre produits de la civilisation romaine, s’étaient répandus sur les territoires conquis. Dès le 5ème siècle ils sont partout. La voix inquiète et indignée des moralistes les dénonce, et c’est aux colères de leurs inflexibles juges plus qu’aux applaudissements du public que ces amis de l’ennemi doivent de vivre encore dans notre souvenir. Une très vieille hostilité, justifiée par la vanité corruptrice de tous les spectacles, anime les chrétiens contre les mimes. On entend retentir par le monde les malédictions d’Arnobe, de Minicius Félix, de Lactance, de Tertullien, de Cyprien. Puis ce sont celles de saint Jérôme et de saint Augustin. C’est à dire depuis le 5ème siècle, jusqu’à Leidrade, archevêque de Lyon en 798, et Alcuin, c’est une guerre sans pitié, que continuent les docteurs des siècles suivants. Et comme la force persuasive des Pères et des docteurs ne suffisait pas, les conciles à leur tour, conseillent aux laïques, enjoignent aux clercs, de fuir la race maudite. On n’oublie ni n’épargne les mimes ni à Agde, ni à tours, ni à Arles, ni à Reims, ni à Châlons, ni à Aix la Chapelle…. On les traque. Mais leur succès vivace nous est attesté par l’indignation des sages, par leurs craintes toujours justifiées et leurs défenses toujours nécessaire.

Nous voudrions les connaître. Nous voudrions savoir quels talents dangereux leur attiraient la haine de l’église. Des hommes de leur temps, chacun les voyant tous les jours, aucun n’a songé qu’il pût être utile de les décrire : aussi avons-nous peu de détails sur leur compte.

De toute façon ces mimes n’étaient pas seulement des gens de théâtre, et déjà depuis l’antiquité, à l’étroit dans les fonctions d’acteurs, ils s’étaient mis à des exercices variés. Ce n’est pas seulement sur les scènes qu’on les voit ; on les rencontre au coin des rues et aux carrefours ; et là, ils font des prodiges d’ingéniosité pour retenir l’attention rémunératrice du public qui badaude et qui muse. De leur adresse éphémère et de leurs chants poétiques il n’est rien resté.

Ainsi pendant la période qui précède l’âge carolingien, tous les auteurs, poètes musiciens, qu’on désigne du nom de mimes, nous sont il faut en convenir mal connus : du moins peut-on affirmer avec certitude qu’ils ont existé et qu’ils ont maintenu toujours vivante la tradition romaine. Or nous touchons au seuil du 9ème siècle, et voici que dès sont début, nous retrouvons encore des mimes, ou pour leur donner le nom qu’ils commencent à porter, des jongleurs.

A la protection puissante de Charlemagne les lettres doivent de pouvoir s’épanouir en sécurité. Le goût des choses de l’esprit renaît, tandis que des clercs s’appliquent aux travaux de copie et de grammaire, des hommes d’un génie plus mondain s’exercent à la poésie et à la musique. Ils sont en France, en Italie, en Espagne, dans tous les pays romans ; mais en outre ils ont fait la conquête des pays germaniques. Ils tiennent leurs secrets de lointains ancêtres qui divertissaient le peuple de Rome ; ils se sont répandus avec les mœurs de la grande ville : ils présentent un aspect de la civilisation et du génie latins. Mais ils se sont imposés à tout le monde , même aux barbares venus du nord. Et juste au moment où un prince franc, donne l’ordre de recueillir les chants germaniques qui circulent parmi son peuple, ce sont des latins qui chantent à sa cour et qui refoulent les scôps au delà du Rhin. En Italie et en Espagne la situation est plus modeste, Théophane fait venir d’Italie un mime qui dressait habilement les chiens en l’année 543, mais on a peut de documents.

Plus tard on conte que Charlemagne, en guerre contre Desiderius, franchit les Alpes grâce à la traîtrise d’un jongleur Lombard. L’homme s’étant présenté devant le camp des Francs, chanta, en s’accompagnant de la rote, un chant énigmatique où il offrait en termes obscurs son concours à l’empereur. Il fit passer l’armée franque, comme il l’avait promis. On lui accorda un riche salaire : il monta sur une montagne, y sonna du cor, et régna sur tous les pays d’où le son avait été perçu : les habitants de la région en prirent le nom de Transcornati. L’anecdote se placerait en l’année 773. Mais cette anecdote peut-être la fantaisie d’un moine ou le reflet d’un conte populaire. Il est certain du moins qu’Alcuin connaissait bien les jongleurs d’outre-monts, puisque, en écrivant à l’un de ses disciples partis pour Rome, il le met en garde contre la séduction des banquets, où fréquentaient les mimes.

C’est en France, en tout cas, que les jongleurs sont dans toute leur gloire. L’Eglise a beau gronder et menacer, rien n’y fait. Hincmar, archevêque de Reims, défend aux prêtres le plaisir coupable des chants et histoires profanes : « Qu’ils ne tolèrent point, commande-t-il, ces amusements scandaleux, où l’on voit paraître des ours et des danseurs ». Le troisième concile de Tours (813) répète les décisions sévères du concile de Laodicée, qui interdisent à tous les clercs les spectacles profanes donnés par les histrions. Il n’est pas sans intérêt de s’arrêter un instant aux querelles que provoquent les jongleurs dans l’entourage même de Charlemagne. Elles divisent les personnages les plus considérables de la cour impériale, Angilbert et Alcuin, dont on vante le grand rôle dans la renaissance carolingienne, était moins un maître de belles lettres qu’un maître de bonnes mœurs. Il voulait que l’on s’instruisit, non pour se divertir, mais pour apprendre à mieux vivre. Il avait une conception grave des fonctions de l’esprit, qui lui faisait détester la frivolité des mimes. Angilbert, de son côté, ne manquait pas de réflexion. C’était un homme de sincère piété et qui finit comme un saint. A 49 ans, il quitta le siècle renonçant à sa femme et à ses enfants, et il se retira au monastère de Saint-Riquier, où il mourut. La sureté de son conseil lui avait attiré la confiance de Charlemagne, qui lui donna sa fille en mariage et le fit primicier de son palais. Mais il était comparé à Alcuin, d’une vertu plus riante et plus aimable. Il avait une indulgence de grand seigneur pour les divertissements et les fêtes, il était l’ami des mimes. Alcuin n’admettait pas, il écrivait à Higbald : « Il vaut mieux faire manger à sa table des pauvres que des histrions. »

Il menait campagne secondés par des prêtres zélés contre ces histrions. Fort de l’appui des sages, Alcuin demanda et obtint de Charlemagne un décret qui proscrivait les spectacles. Ce fut sa victoire sur Angilbert. Il écrivait à Adalhard, abbé de Corbie : « J’ai bien peur que notre Homère (Angilbert) ne prenne mal le décret. » Mais il était sur d’avoir raison, ayant pour lui les écritures ; et St Augustin n’avait-il pas dit : « L’homme qui introduit chez lui des histrions, des mimes et des danseurs, ne sait pas quelle multitude de démons abominables entre avec eux. » L’austère morale de l’Eglise obtenait l’approbation officielle de Charles. Mais la loi fut sans effet. Les jongleurs continuèrent à vivre heureux en France. Si Louis le Pieux, prince scrupuleux, ne daigne jamais sourire à leurs facéties, il les tolérait du moins et il devait faire cette concession à l’usage.

Les jongleurs paraissent donc fort répandus dans le nord de la Gaule, lorsqu’un événement fort avantageux pour eux vint modifier l’esprit de la société française vers l’an 1000. Robert le pieux ayant épousé à cette époque Constance d’Aquitaine, fils du comte Guillaume 1er, on vit affluer à la cour du roi , des contrées méridionales, une multitude d’hommes, qui d’abord étonnèrent par l’étrangeté de leur costume et le relâchement de leur morale, puis peu à peu imposèrent leurs manières et les mirent à la mode. « Ils négligeaient les armes et les chevaux ; ils se faisaient couper la chevelure à mi-tête ; ils étaient rasés à la manière des histrions ; ils portaient des bottines et des chaussures indécentes. » Raoul Le Glabre les décrit en ces termes. Ces gens là apparemment pas histrions avaient toutes les dispositions pour goûter aux plaisirs mondains. La reine donna le ton à la cour. Les francs qui jouissaient d’une vieille réputation de vertu, les Burgondes, vertueux eux aussi, se mirent au train des hommes du sud. L’église protesta, fit de sérieuses réprimandes aux rois mais l’abominable usage continua de vivre.

En France donc, à partir de cette époque, les jongleurs sont pour ainsi dire entrés dans les mœurs.

En Angleterre, dès le 8ème siècle, commencent à paraître des amuseurs, qui présentent tous les caractères de mimes. Ils sont signalés dans les décisions des conciles et dans les mandements, qui interdisent aux écclésiastiques d’en entretenir : ainsi le concile relatif aux affaires anglaises qui se tint à Rome en 679 ; ainsi le concile de Clovesho, en 747. Dans une lettre qu’il écrit à Egbert en 734, Bede parle de l’usage répandu parmi certains évèques de s’entourer de gens qui ont pour office de les égayer et de les faire rire. Plus tard, en 906 , les canons anglo-saxons d’Edgar défendent aux prêtres d’avoir avec eux des bouffons. On peut donc tenir pour problable que les jongleurs n’avaient pas attendu le 8ème siècle pour franchir la Manche.

Ils avaient franchi aussi le Rhin. Ils visitèrent d’abord la Germanie en petit nombre puis comme ils y vivaient à l’aise, d’autres les suivirent toujours plus nombreux. Au 12ème siècle l’Allemagne vit sous l’influence française.

C’est au 9ème siècle que les premiers jongleurs de la Romanie occidentale s’aventuraient à Thuringe.

Depuis une épopée reculée vivaient en Germanie des rhapsodes, des scôps, qui chantaient aux festins des princes. Ils étaient tenus en grand honneur, demi prêtres, ils conservaient le souvenir du passé, les exploits des guerriers, la gloire des dieux nationaux. La vieille loi du pays de Galles interdisait l’exercice de ce ministère aux hommes qui n’étaient pas de condition libre. On les écouta longtemps avec respect mais l’heure de la décadence vint. Ils avaient des ennemis et tout d’abord l’église. Celle-ci les considérait comme les apôtres des superstitions proscrites. D’autre part le sens des traditions purement germaniques se perdait. La curiosité se portait sur la culture latine. L’antique rapsode quitte la cours des rois, et se réfugie dans le peuple, plus lent à évoluer. Mais là encore il rencontre la concurrence redoutable des mimes, des jongleurs du sud et d’occident. pour vivre il amuse par n’importe quel moyen, le scôp pour vaincre le jongleur se fait jongleur lui-même. Dès lors le jongleur est établi en Allemagne.

Grâce à leur industrieuse activité les jongleurs s’étaient imposés en fait. Il leur restait à acquérir dans l’opinion publique une estime et un renom qui leur donneraient plus d’honneur et plus de faveurs. En élargissant et en élevant peu à peu leur rôle, ils parvinrent à la longue à un certain respect. Mais il y avait de bons et de mauvais sujets. Si certains s’employaient à une œuvre belle, beaucoup pour un peu d’argent, consentait à tout. L’histrion romain, avec tous ses vices, continue de vivre : il est l’amuseur sans scrupules, et, comme c’est pour rire qu’on délie le plus volontiers les bourses, il trouve tous les moyens bon pour faire rire. Mais déjà paraissent les jongleurs d’une espèce nouvelle. Ceux là ne comptent pas pour vivre sur les bouffonneries équivoques ni les sottes jacasseries. Ils agitent les passions généreuses du cœur, ils célèbrent la vertu des ancêtres, ils racontent l’histoire des âmes saintes. Ce sont bien les jongleurs du 10ème et 11ème siècles, qui ont été chez les peuples romans les premiers éducateurs du goût littéraire.

Mais quelle relation entretiennent-ils avec la grande puissance morale de l’époque, l’église ?

On les verra exécrés et maudits. Mais il y a tels d’entre eux qui seront reconnus pour des ouvriers de bonne œuvre, et que personne, même parmi les plus austères ne songent à réprouver.

C’était une guerre ancienne et obstinée que celle de l’église contre les jongleurs, représentants de l’esprit de frivolité et de la corruption mondaine.

Le souvenir des mimes nous a été conservé par les malédictions des écrivains religieux, du 4ème au 9ème siècle. Cette austérité n’est pas un accident : c’est l’attitude ordinaire de l’église pendant tout le moyen âge à l’égard des agents de dissipation. Protectrice des mœurs, elle n’aimait pas le trouble élevé dans les consciences par les chants, les fêtes, les danses et les jeux. La même sévérité est encore, au 11ème siècle, celle d’un canon cité par Abbon de Fleury, et qui compte dans les devoirs de la justice royale d’arrêter les voleurs, de punir les adultères, de refuser le vivre aux impudiques et aux histrions. Au 12ème siècle Honorius d’Autun imagine un dialogue fort dur entre un maître et son disciple. Le disciple demande : « les jongleurs peuvent-ils avoir de l’espérance ? » Le maître répond : « Aucune. Car ils sont, du fond de leur âme, les ministres de Satan. On dit d’eux qu’ils n’ont pas connu Dieu…..et Dieu rira des rieurs. »

En France, du 7ème au 10ème siècle, les représentations foraines sont données par des histrions qui élèvent de fragiles théâtres au milieu des rues, dans les foires, et se font accompagner par des bouffons, des mimes, des joueurs de cithares. Plus tard circulent des jongleurs menant en laisse des ours, des singes, des animaux fantastiques, sortes de salamandres à tête humaine et à griffes acérées, des bateleurs, des funambules. D’abord les jongleurs sont de vrais nomades qui vont de ville en ville en jouant des tours de passe passe.

 Puis, à la fin de l’époque carolingienne, ils se mettent à chanter les poèmes nationaux.

Au 9ème et au 10ème siècle, les terreurs de la société, les calamités publiques, les misères excessives, l’effroi général, les exilèrent presque complètement. A l’avènement de Hugues Capet, c’est à peine si l’on en trouve quelques débris épars, confondus avec les mimes et les baladins, et menant concurrement  avec ces derniers une vie errante et précaire. D’ailleurs les troubadours dans les provinces du midi , et les trouvères dans les contrées du nord , allaient s’emparer de l’attention publique. Les troubadours comme les trouvères avaient des réunions générales appelées cours d’amour, pays d’amour, gieux sous l’ormel, palinods, où accouraient en foule des seigneurs et des dames de haute noblesse, et dans lesquelles ils se livraient des combats poétiques. Ces solennités revenaient annuellement. Là, les concurrents récitaient des contes, des tensons, des fabliaux dialogués, et les improvisaient quelquefois .Dans les intervalles que laissaient ces exercices, qui créaient pour la France une riche et féconde littérature, un grand nombre de ces poètes faisaient le métier de menestrels, parcourant les châteaux et les monastères, pour réciter leurs ouvrages, et recevoir en récompense du plaisir qu’ils procuraient , des présents en or, argent, bijoux, robes de prix, armures, chevaux etc…….Tous ne menaient pas cette existence vagabonde. Beaucoup étaient attachés à la personne des princes et des grands seigneurs ; d’autres trop haut placés par leur naissance et leur rang eussent rougi d’aller de porte en porte tendre leur main comme un gueux de l’ostière. Ces derniers prirent à leur service des jongleurs ou ménestrels, qui colportèrent les œuvres de leurs patrons, lesquels se contentant de la gloire qu’ils en retiraient, leur en abandonnaient les profits. Pierre de la Mula poète inconnu dans un sirvente fort curieux, se plaint amèrement du métier qu’il fait, et accuse une infinité de gens sans talent de se mêler de jonglerie, et de dégrader la profession par leur bassesse. « Je veux, dit-il abandonner le service des jongleurs ; car plus on les sert moins on y gagne. Ils se sont mulltipliés au point , qu’il y en a autant que de lapins dans une garenne; on en est inondé. » Pierre de la Mula nous apprend que les jongleurs vont deux à deux en criant : « Donnez-moi, car je suis jongleur. » et qu’ils injurient ceux qui ne leur donnent rien. Ordinairement le jongleur était le chef d’une troupe composée de chanteurs, de conteurs, de musiciens, de baladins, de farceurs et de bateleurs qui s’associaient pour mettre leur talent  et leur profit en commun. « Une ménestrandie bien composée, dit M . Victor Fournel, avait ses poètes, ses musiciens et chanteurs, ses farceurs et saltimbanques. Les plaisirs des spectateurs étaient ainsi des plus variés, et après avoir entendu une chanson de geste et un concert de harpe, il se reposait en écoutant les quolibets, en contemplant les grimaces du jongleur et les gentillesses du chien savant. « 

Une estampe d’une bible du 10ème siècle, conservée à la bibliothèque de richelieu, représente une de ces troupes : tandis que les uns jouent de la harpe, de la trompe, de la flûte, les autres dansent, la tête en bas et les pieds en l’air, jonglent avec des épées, des poignards, des boules et des anneaux. Ces comédiens errants allaient animer de leurs jeux les festins, les noces, les assemblées plénières.

 

Vers le 9ème, 10 ème, siècle commence à poindre dans la chrétienté occidentale la chevalerie et avec elle l’organisation de tournoi. Longtemps à l’avance, hérauts et messagers sont allés porter de château en château, l’invitation et crier de village en village l’annonce du tournoi. Lors de ces derniers entre les joutes, place est faite aux jongleurs et à tous ceux qui amusent la foule : montreurs d’ours, acrobates ou lutteurs de profession.

Le soir, les barons sont invités à un festin qui se termine en danses et en intermède que fourniront les ménestrels qui chantent, en s’accompagnant de la vielle ou de la rote, les chansons de geste ou les romans de chevalerie.

 

Au 10ème siècle le personnage du prestidigitateur magicien paraît dans les enluminures de manuscrits, et, au Moyen âge, il est le jongleur dont les tours de prestidigitations et d’escamotage deviendront bientôt métier d’artiste.

 

Comme des vautours sur des cadavres, comme des mouches sur une liqueur sucrée, on voit convoler à la cour des princes, pauvres, chétifs, aveugles, bancroches, estropiés, jongleurs, danseurs, musiciens, vauriens et prostituées. Ils sont comme bien d’autres, pareil à des sangsues, qui ne lâcheront pas la peau avant d’être gorgées de sang. » : ainsi s’exprime Conrad, chantre de l’église de Zurich, vers l’an 1275.

Les jongleurs sont des parasites ; ils chantent pour de l’or, des vêtements, des chevaux. Comme le vilain fait de ses brebis, ils tondent les riches, et souvent deux fois l’an. L’homme qui leur prête son attention, ne tardera pas à épouser la pauvreté. Ils se vendent corps et âme pour le moindre salaire, comme les pires femmes ; et il y a deux professions qui ne sont que péché ; ceux sont celles de prostituée et de jongleur.


Ils reconquirent la faveur du public grâce aux troubadours et aux trouvères. Quelques-uns , devenus riches, prirent à leur service des jongleurs ou des ménestrels, qui colportèrent les œuvres de leurs patrons.

Le jongleur était le chef d’une troupe composée de chanteurs, conteurs, de musiciens, de farceurs et de bateleurs, qui mettaient leurs talents en commun. Au 12ème siècle, ils étaient très recherchés. On les payait fort cher. Mais vint la création du théâtre de France où jongleurs, histrions et ménestrels ne pouvaient guère espérer qu’une place de danseur.

 

(ménestrels, jongleurs, baladins que nous appelons aujourd’hui paradistes et bateleurs)

Les ménestrels ou ménétriers se nommaient au 12ème siècle, trouvères dans le nord, troubadours dans le midi. C’étaient des hommes en qui l’esprit plus éveillé se laissaient aller aux écarts de l’imagination et ne voyait dans la raison qu’un obstacle à leurs penchants. Ils comprenaient que le plaisir peut se vendre et se payer. Ils voyaient que leurs lazzi, leurs jeux de mots, leurs satires malicieuses, les faisaient bien accueillir, et que ceux qu’ils amusaient un peu les invitaient au moins au souper. Les seigneurs dans leur sombre manoir les hébergeaient et leurs faisaient des présents.

Ils composèrent des satires rimées, des chansons de gestes, des rondes dont les traits sont l’origine du vaudeville. Il y eu bientôt des poètes ambulants. Au 12ème siècle on ne voyageait pas ; les seigneurs vivaient en petits souverains dans leurs manoirs….Au moyen - âge un troubadour ou trouvère qui arrivait suivi de ses ménestrels, suivant l’usage était si généreusement acceuilli, que tous ceux d’entre eux qui pouvaient se trouver doués d’un peu d’ordre, devenaient riches. On cite un jeune seigneur, qui ne possédant que la moitié d’une terre, courut le monde en troubadour, et avec les présents qu’il reçut parvint rapidement à acheter l’autre moitié.
Cependant leurs chansons licencieuses laissaient partout des germes qui couvrirent la France d’une grande plaie morale. Leurs mœurs répondaient à leurs poésies ; et ils justifièrent cet adage que « qui perd la foi a perdu d’abord les mœurs ». Ils saluaient les hérésies qui autorisaient leurs désordres. Ils chantaient tout ce qui pouvait flatter les passions et semaient le sarcasme sur les choses saintes. Ils firent assez de mal pour mériter d’être bannis par Philippe - Auguste.

Saint Louis, trop pur et trop honnête pour croire à ces abus de l’esprit dont on accusait les trouvères, les rappelle sur leur promesse de se conduire loyalement. Il leur donna plusieurs privilèges , entre autres celui de ne payer le droit de péage aux portes de Paris qu’en chantant au gardien une de leurs petites chansonnettes. Il étendit cette faveur à leurs amis et camarades jongleurs, promeneurs de singe et montreur d’ours et autres bateleurs, qui s’acquittaient en égayant le portier par un tour de leur gibecière. ( se payer de chansons et payer en monnaie de singe)

Pour ne pas se montrer indigne des bontés du roi, deux des principaux trouvères Hugues Le Lorrain et Jacques Grure, firent bâtir aidés par leurs confrères (car ils s’érigèrent en confrérie, eurent leur bannière et leurs armes) une chapelle qu’on appela Saint – Julien – d es -Ménétriers. Elle étaient dédiée à St Julien le Bon Hospitalier, qui selon les légendes populaires, jouait très bien du rebec, et à St Genest le comédien, lequel était alors souvent représenté par une vielle. St Julien avait sa statue à la porte de la chapelle où il jouait du violon. La chapelle était bâtie rue St Martin, au coin de la rue habitée par les confrères appelée à cause de cela rue des ménétriers. Cette église à été détruite pendant la grande révolution.

Et la rue des ménétriers vient de disparaître dans le percement de la rue Rambuteau.

Tout se passa bien sous St Louis . Louis 9 maria son successeur à Marie de Brabant qui avait dans sa suite, Adénès dit le roi des ménestrels, avec qui elle composa le roman de Berthe aux grands pieds. Mais tout dégénéra de nouveau, la rue des ménétriers devint si scandaleuse qu’il fallut en bannir la population.

On ne toléra que les jongleurs, bateleurs et danseurs de corde, auxquels ceux des chanteurs qui tenaient au sol se joignirent sans bruit, tombant dans la parade et se soumettant à vivre très surveillés.

Il s ‘éleva alors des poètes plus sérieux, qui se réunirent pour composer et représenter de graves actions dramatiques. Ils débutèrent par le mystère de la passion ; et on les voit longtemps donner ce nom de mystère à tous les sujets religieux.

Ces représentations amenèrent des foules immenses de spectateurs. Mais comme de grands désordres ne tardèrent pas à s’y introduire, le prévôt de Paris les défendit.

Les artistes associés ne se tenant pas pour battus, s’érigèrent à leur tour en confrérie, la confrérie de la passion et s’adressèrent à la cour. Charles 6 Leur donna des lettres qui les autorisaient à s’établirent dans Paris, le 4 décembre 1402. Ils s’installèrent dans la grande salle de l’hôpital de la trinité, rue St Denis. Leur succès fut tel qu’il se forma une autre troupe « les enfants sans souci « qui dressèrent leur théâtre aux halles où ils représentèrent ce qu’ils appelaient les sottises et qui avaient pour sujet les aventures les plus plaisantes survenues dans Paris.

Les deux troupes s’associèrent , mais ce mélange de bouffonnerie et de morale déplut aux gens sages. On expulsa tout.

Les confrères de la passion qui avaient amassé de grands bénéfices achetèrent l’ancien Hôtel de Bourgogne qui n’était plus qu’une masure dans la rue Mauconseil. C’était sous Henri 2. Il ne leur fut plus permis de représenter des sujets religieux. La réforme était venue. Un arrêt donné le 19 novembre 1548, permit aux confrères de jouer des sujets licites et honnêtes, mais non plus des sujets saints. Cette nouvelle carrière ne convenant plus aux confrères un peu religieux ils cédèrent la place à une autre troupe, laquelle devint la Comédie Française.

 

Au 13ème siècle, ils formaient dans bien des villes, notamment à Paris, de puissantes corporations.

Les premiers jongleurs récitaient les poésies des autres. Par la suite, certains se procurèrent l’instruction nécessaire pour composer eux-mêmes. Ils acquirent vite richesse et considération. Ils devinrent ménestrels, hérauts d’armes, historiographes. Les autres virent leur profession s’avilir de plus en plus. De nos jours « jongleur » est un mot qui ne doit s’appliquer qu’à celui qui jette et rattrape avec adresse différents objets. Dans la pratique, les jongleurs sont également équilibristes.

Troubadours et trouvères (langue d’oc pour le premier, le second langue d’oil). Les ancêtres sont les jongleurs. De bonne heure, à l’art de réciter des vers, quelques jongleurs joignirent celui d’en composer.

Les troubadours allaient de château en château. Au nord, les grands seigneurs comme Robert d’Artois, s’entourèrent de trouvères, qui restaient attachés à leur service.

 

Au 13 ème siècle, quelques trouvères firent évoluer leur rôle et leur condition.
Le limousin et le Périgord furent le berceau de la poésie courtoise.

Dans le midi surtout en Provence, dans le comté de Toulouse et chez les seigneurs de Rodez et de Narbonne les troubadours furent bien accueillis. La Picardie et l’Artois furent également des centres importants de productions poétiques. Au 14ème siècle, le rôle des troubadours est amoindri, la langue nationale est remplacée par le français dans l’administration et la littérature.

 

C’est dans  une telle atmosphère fièvreuse que les précurseurs des banquistes modernes apportaient leur collaboration dès lors indispensables aux plaisirs des fêtes populaires.
Dès 1292 « Les jongleurs, bateleurs et joueurs de viole » constituaient à paris une corporation régulière qui figure au rôle des tailles c’est à dire dans la liste des impôts prélevés sur les roturiers. Par ailleurs presque dès cette époque leurs manifestations attirèrent la sage attention du pouvoir législatif car le 14 septembre 1395 une ordonnance prévotale leur défendait déjà « de rien dire, rien représenter ou chanter sur les places publiques ou ailleurs qui puisse causer quelque scandale à peine d’une amende arbitraire et de deux mois de prison au pain et à l’eau. »

 

Au 13ème et au 14ème siècle on en vit souvent à Paris. Ils s’y fixèrent dans une rue qui fut appelée rue des jongleurs, et qui plus tard devint la rue de St julien des ménétriers. Ils s’associèrent des femmes, qu’on nommaient jongleresses. On les louaient pour divertir les compagnies dans les maisons particulières ; et la politique des rois, si l’on en croit Dulaure, ne dédaigna pas leurs jeux pour les faire servir à ses fins. Au 13ème siècle Philippe le Bel employa des jongleurs pour la représentation d’une farce appelée la procession de renard, vive satire contre le pape Boniface 8. Une pareille farce, ordonnée par le roi, dut en autoriser d’autres plus ou moins scandaleuses.

Aussi trouve-t-on en 1395 (14 septembre), une ordonnance du prévot de Paris, défendant aux histrions, baladins, bateleurs, jongleurs et autres, « de faire ou chanter en places ne ailleurs, aucun diz ou rhymes qui facent mention du pape. » Il était enjoint, en outre par la même ordonnance de ne rien dire, représenter ou chanter, dans les places publiques ou ailleurs qui pût causer scandale.

Une éternelle confusion de noms, qui se rencontre dans les auteurs contemporains, empêche de distinguer le rôle précis que remplirent les bateleurs dans la représentation des pièces dramatiques, qui alors prenaient le nom de gestes, et dans celles des satires, des dialogues entre des amants (tensons, sirventes). Les artistes qui exerçaient l’art de ménestrellerie ou de jonglerie se trouvent désignés dans les anciens recueils sous une multitude de noms d’une signification analogue, mais qui tous pourtant avaient leur valeur spéciale : c’est ainsi que bateleur et baladin quoique souvent pris dans le même sens, indiquent des attributions différentes ; mais il est à croire que le même individu dans des troupes nomades peu importantes, étaient chargés de plusieurs emplois, comme cela a lieu encore aujourd’hui dans des troupes d’acteurs de province, où le jeune premier joue au besoin les pères nobles ;Quoi qu’il en soit le 12ème siècle fut pour les histrions une époque fortunée. On les rechercha et, quel que soit le nom sous lequel il figure à côté des auteurs qui récitaient eux mêmes leurs vers ou des interprètes qui les chantaient , il est certain que tous ensemble réunis en compagnie, se firent payer fort cher les amusements qu’ils procuraient. Des filles de joie s’adjoignirent à eux et les accompagnèrent dans les châteaux auprès des seigneurs, des princes et des rois. Les religieux eux mêmes aux jours de fête, louaient des troupes de ce genre et leurs permettaient, moyennant finance de dresser  des tréteaux dans l’intérieur du monastère. Ce trafic singulier  fut interdit par le concile de Béziers en 1223 ; mais on n’en vit pas moins dans certaines provinces, les prêtres avec leurs clercs élever à l’intérieur même des églises des tréteaux où ils faisaient, après vêpres, mille bouffonneries pour attirer et amuser les paroissiens, appelant à leur aide des histrions de passage. Le concile de Salsbourg défendit en 1310, ces profanations. L’un des articles des canons de ce concile est ainsi conçu ; « Clerrici neu sint joculatores aut galiardi. » Malgrè cette injonction, les clercs continuèrent à danser, à se masquer et à parodier dans les lieux saints, où à y donner entrée aux bateleurs. Jusqu’au 16ème siècle, l’autorité de l’église ne fut pas assez forte pour les en empêcher.

Les représentations des Mystères nuisirent quelque peu aux bateleurs. Lorsque les confrères de la passion, les clercs de la basoche et les enfants sans-souci eurent crée notre théâtre, les  jongleurs, chanteurs, ménestrels et histrions abandonnèrent leurs prétendues fonctions dramatiques et devinrent de simples danseurs. Nous avons déjà montré un coin de leur histoire qui se mêle à l’histoire de la danse ou à celle des chanteurs et des joueurs d’instruments, au mot baladin, auquel nous renvoyons le lecteur. Toutefois, beaucoup parmi eux conservèrent le caractère primitif des bateleurs, et sous le nom de jongleurs (joculatores), à peu près abandonné par ceux qui l’avaient porté jusque là, ils continuèrent à divertir le peuple en jonglant avec des armes, des anneaux, des bâtons, et faisant toutes sortes de tours d’adresse. Ceux de qui ils prenaient le nom, les jongleurs n’avaient pas tardé, tant à cause de leurs mœurs qu’à cause des proscriptions des conciles et des rois , à tomber dans le mépris. Les vices et les bassesses de la majorité avaient rejailli sur la profession toute entière. Ils étaient bien loin  maintenant, sous le rapport moral, du ménestrel proprement dit, resté fidèle aux traditions héroïques de son état, poète exercé et chanteur soigneux de sa propre dignité, et ne s’abaissant point, comme eux, au rôle de sorcier et de grimacier obscène.

Nous parlions tout à l’heure des singes que les bateleurs menaient avec eux et qu’ils dressaient à toutes sortes de gambades. Déjà, sous Louis 9, l’usage de ces animaux existe parmi les amuseurs publics. Dans le livre des métiers d’Etienne boileau, recueil de règlements colligés sous le règne de ce roi, dans les essais historiques de Sainte Foy, et les curiosités de paris de Dulaure, il est dit qu’un bateleur entrant à Paris, sous le petit châtelet sera exempt de tout droit de péage, tant dudit singe que de tout ce qu’il aura apporté pour son usage, en faisant jouer et danser l’animal devant le péager. De là vient le proverbe, payer en monnaie de singe, en gambades. Un autre article du tarif porte que les jongleurs en serait quitte, eux pour une chanson devant le péager. Il y a loin de ce privilège aux proscriptions  dont nous avons parlé. Philippe Auguste, témoin cependant de la la vogue extraordinaire des jongleurs, n’avait pas eu pour ceux ci le même goût. Aux grands seigneurs de son royaume, qui tous entretenaient des jongleurs, il disait : « donner aux histrions, c’est donner au démon. ».

 

Plus tard  le 13ème, 14ème , 15ème, les conciles et les moralistes resteront fidèles aux mêmes principes.

Les jongleurs sont exclus de la communion au même titre que les épileptiques, les somnanbules et les magiciens, manuscrit de la bibliothèque de Stuttgart qui date du 14ème siècle.

Des princes de l’église, des prélats et des abbés, qui auraient dû donner l’exemple de toutes les austérités, ne craignaient pas d’afficher leur prédilection pour de pareilles gens. Les conciles, de bonne heure avaient dû sévir : ils interdisent à tous les clercs les spectacles profanes données par les histrions. Mais leurs injonctions paraissent être demeurées sans effet. Au 12ème siècle l’Archipoeta déplore que les grands personnages ecclésiastiques laissent à leur porte les poètes, ceux qui ont la tradition des belles formes latines, tandis qu’ils reçoivent des mimes dans leurs chambres. En Bretagne le jongleur Troussebeuf reçoit de l’archevêque Roland de Dol une terre en fief viager, a peu près à la même époque.

Plus tard au 13ème siècle on raconte l’anecdote suivante. Deux vagabonds ont été acceuillis avec transports par le prieur et les clercs d’un monatère : on les avait pris pour des jongleurs, et on se promettait merveilles. Mais on reconnaît bientôt qu’on a affaire à deux frères mendiants ; on les chasse ; et c’est à la pitié d’un jeune moine qu’ils doivent de ne pas être mis aussitôt dehors, où la tempête souffle avec fureur.

Tous ses excès qui compromettaient l’autorité personnelle des clercs, ne portait pas atteinte à la majesté du culte. Mais les jongleurs en étaient venus à se mêler aux cérémonies. Les jours de fête pour l’église étaient des jours de fête pour eux. Si , en l’honneur du Christ, de la Vierge, ou d’un saint, une procession était organisée, on comptait sur la magnificence de la pompe pour exalter les esprits, et nul ne savait mieux que les jongleurs étaler des costumes fascinants, sonner des fanfares perçantes, parer splendidement un cortège.

Le mal jusque là n’était pas grand. Mais, dans certaines occasions, après l’office, sous le porche des églises, les prêtres et les clercs organisaient des spectacles et des jeux dramatiques : les jongleurs étaient encore présents pour offrir leur concours. Ils assuraient la partie musicale du programme. La musique des jongleurs n’avaient pas la gravité de la musique de l’église : elle passait pour corruptrice. Mais quels qu’ils fussent, ceux qui la faisaient étaient moins dangereux que la troupe de farceurs qui les accompagnaient. Durant la représentation des mystères, c’étaient ces derniers qui délassaient les spectateurs par des facéties et des bouffonneries mêlées. Et on avait imaginé ce moyen pour empêcher le public de courir aux montreurs d’ours pendant le spectacle, de leur montrer les ours sur la scène même. Le théâtre profane fut apporté du dehors par les jongleurs.

Une fois sous le porche de l’église, il était difficile que les  jongleurs n’y entrassent point : ils y entrèrent et ce fut leur dernier succès. Ils y furent musiciens, acteurs, danseurs.

Les évêques, les conciles et les pape s’élèvent avec force contre cet abus. Mais leurs proscriptions répétées attestent la persistance vivace des usages qu’ils condamnaient.

Tandis que les jongleurs apportaient devant les auteles le trouble des divertissements profanes, des clercs, délaissant le service de Dieu, se mettaient à courir le monde, et compromettaient par leur conduite le prestige et la dignité de leur classe. Le mécontentement, un exemple pernicieux, le hasard d’une fausse vocation, leur faisait oublier ce qu’ils devaient à eux-mêmes et à la profession qu’ils avaient choisie. On en trouva bientôt partout et dans tous les pays. On les appelait les clercs vagants.

Au 14ème siècle, ils retombent dans leurs premiers errements : dansent à l’épée, montrent des truies qui filent, des cochons savants déguisés en seigneurs et châtelaines, des ours qui font le mort, des singes qui chevauchent, des chèvres qui jouent de la harpe. Ils se mêlent aussi de sorcellerie et de médecine. Les mires et les physiciens étaient sur les places publiques des herbes, des drogues, des philtres. Ils assemblent les passants par des concerts d’instruments, des chansons des tours, des cabrioles, la bizarrerie de leur accoutrement et des boniments qui ne diffèrent guère de ceux des charlatans d’aujourd’hui,

 

 

 

Au 15ème siècle, les fêtes princières exhalaient de grandeur. Tournoi, remise des prix , ce sont les entremets des banquets qui sont restés célèbres. Le fait d’ailleurs que les invités moins privilégiés, placés sur les estrades, regardent seulement ces festins, met bien en évidence leur caractère spectaculaire. On y voit non seulement d’énormes pièces montées avec fontaines, automates et musiciens, mais des entrées d’animaux et de personnages plaisants ou fantastiques.

 

En parlant peu, ou pas du tout, les mimes échappaient à des sanctions qui les eussent empêchés d’exercer leur profession .

Le mime pénètre en Gaule à la faveur de la conquête romaine. Eloignés du pouvoir central, les acteurs ont toute latitude pour continuer leurs imitations. Ils reprennent les mêmes farces, flattent le peuple, ne cherchant qu’à fouetter des instincts vite blasés par des gestes et des attitudes obscènes. Charlemagne les met hors la loi. Les conciles les condamnent.

Au Moyen âge, mimes et ménestrels restent confondus ; l’imitation étant un attribut de la nature, la parodie persiste dans les spectacles populaires et le mot même de mime conserve en soi l’idée de bouffonnerie. N’ayant  plus d’arènes pour s’exprimer, le mime est devenu un artiste ambulant, imitateur, donc illusionniste et bientôt escamoteur, jongleur qui va de foire en foire, de fêtes civiles en fêtes religieuses, donne des représentations sur les places publiques ou chez les seigneurs qui l’accueillent et lui offrent, pendant un temps plus ou moins long, nourriture et logement, dans leur résidence féodale.

A ce compte et pour profiter plus longtemps du séjour, le jongleur oublie son rôle primitif de mime et est tout à la fois conteur, déclamateur de poèmes légendaires, d’épopées, d’amours malheureuses, danseur de corde, escamoteur, dresseur d’animaux, contorsionniste, équilibriste et sauteur.

Il sert à l’occasion un troubadour qui jugeant indigne de jouer de la musique quand il chante lui-même ses œuvres, le prend comme ménestrel. Dans les festins solennels, le jongleur donne des spectacles mimés ou dialogués qui ont pour but de divertir et de délasser les convives et ne comporte ni intrigue ni dénouement. La langue française donna longtemps à ce genre le nom d’entremets, c’est à dire un morceau délicat, nom oublié qui par corruption est devenu intermède.

Les chanteurs et musiciens se séparèrent à la fin du Moyen âge, des jongleurs et constituèrent la corporation des ménétriers. Les seconds, considérés comme des bateleurs, continuèrent leurs pérégrinations, moitié artistes d’agilité, moitié bouffons, jusqu’à la fin du 15ème siècle, sous le nom de saltimbanques.

Suivant l’académie le bateleur est celui qui fait des tours de passe - passe aux moyens d’un bâton qu’il tient à la main et par extension celui qui monte sur des tréteaux dans les foires et sur nos places publiques, comme les charlatans, les joueurs de farces, les danseurs de corde, les diseuses de bonne aventure, les arracheurs de dents, les marchands de vulnéraire, les escamoteurs, les jongleurs, les sauteurs, les ventriloques, les gilles, les paillasses, enfin tous les sujets de cette bohème qui vient , à grand renfort de cymbales et de grosse caisse, sur la place publique, pour amuser la populace et lever sur elle un impôt de gros sous. Cet hercule qui soulève des poids à bras tendus, bateleur ; cet Orphée qui racle une corde à boyau en faisant des grimaces, bateleur ; ce Gargantua qui s’empiffre d’étoupes allumées, dévore des épées nues et se régale de cailloux, bateleur ; cet homme incombustible, cette femme à  barbe, ce géant écossais, ce nain difforme, ce marchand de crayons à panache ondoyant, cet opérateur à cuirasse éclatante, cette tireuse de cartes à jupe bariolée, ces montreurs d’ours ou de veaux à deux têtes, ces joueurs de marionnettes, ces chanteurs de complaintes, ces musiciens ambulants qui jouent à la fois de cinq ou six instruments et imitent le cri des animaux, bateleurs. Bateleurs est donc un terme général, le nom donné à tous ces apôtres du rire grimace, de la gaieté forcée, auxquels les dieux Comus et Momus ont dit : Allez et amusez les badauds, depuis le pôle brûlant  jusqu’au pôle glacé. Quiconque amasse la foule par ses gasconnades, ses hâbleries, ses cocasseries, et amène le badaud à cracher dans le bassinet de son escarcelle, en arrachant une molaire, en escamotant la muscade, en dressant son mollet sur son occiput, en ramenant sur son estomac l’éminence qui décore son épine dorsale, en balançant ses tibias sur la corde roide ; en déclamant des drôleries sur le grand mongol, des gaillardises sur la reine de Saba, des âneries sur le roi du Congo, des cocasseries sur la sultane favorite, des coq à l’âne sur le schah de perse ; celui là est un bateleur.

Bateleurs et badauds sont deux termes relatifs ; l’un nait de l’autre. Supprimer le badaud ; du même coup vous pulvérisez le bateleur, et réciproquement. Est-ce le badaud qui a crée le bateleur, est-ce le bateleur qui a fait le badaud ? Question insoluble comme celle de l’œuf et la poule. La science embryogénique croit qu’ils sont nés silmutanément , par suite d’un rapprochement soudain, en pleine place publique. Le mot bateleur vient de bâton.

Quoi qu’il en soit , ce nom de bateleur, qui dès le 15ème siècle , remplaça ceux de jongleurs ou d’histrion, a été indifféremment donné depuis longtemps aux baladins, farceurs, paradistes, charlatans et amuseurs publics, vivant au jour le jour du produit de leurs tours, momeries, jongleries ou hâbleries, et cherchant sans cesse le moyens de faire rire leurs auditeurs , d’amuser la populace, d’en imposer au badaud crédule, afin de faire tomber quelques sous dans l’escarcelle posée devant eux. « le métier du bateleur est de tromper le peuple en ayant l’air de le divertir » dit une encyclopédie. Nous trouvons ce jugement bien sévère pour quelques-uns surtout de ces artistes nomades, bohémiens de notre civilisation, qui gagnent si péniblement le pain quotidien, riant de leurs propres difformités, acceptant la laideur avec reconnaissance et comme la première mise de fonds de leur pénible industrie, se rendant ridicules, grotesques ou repoussants à plaisir, pour mieux exciter la gaieté et la générosité de « l’honorable société. »Naissant on ne sait où, allant on ne sait où, mourant on ne sait où ; affamés, besogneux, méprisés ; dépensant des trésors de ruse et d’adresse, d’éloquence et de diplomatie, de patience et de courage, pour aboutir à l’humiliation, à la misère, au faux pas qui les jette brisés sur la pavé. Ces derniers mots s’adressent, il est vrai, plus particulièrement aux acrobates proprement dits ; mais à tous les autres quel avenir est donc réservé ? L’hôpital voilà ce qui les attend de mieux ; jadis ils mouraient au coin d’une borne ou d’un bois, et on les jetaient à la voierie. L’histoire nous apprend pourtant que quelques bateleurs devinrent riches. Mais il faut tout dire : ceux que la fortune favorisa ne furent pas les plus méritants ; ils furent les plus audacieux, et la fortune, qui est femme, favorise les audacieux. D’ailleurs on ne les rencontre guère que dans la classe toute spéciale des arracheurs de dent, marchands d’orviétan et empiriques,  hommes bienfaisants et méconnus qui mettent le grand art de guérir à la portée de toutes les bourses, et à qui la sottise humaine refuse rarement une maison de campagne et des rentes sur l’état. Les autres sont des pauvres diables déclassés, que des infortunes ou la mauvaise conduite lancent sur la place en leur criant : « saute paillasse !»

 

Au registre des recettes et dépenses de la royne Isabeau de Bavière, pour l’année 1415, conservé aux archives et cité par M. Le Roux de Lincy dans les femmes célèbres de l’ancienne France, nous voyons la belle sœur de Valentine de Milan faisant jouer à plusieurs reprises devant elle les ménestrels du roi, des bateleurs et des joueurs de personnage ; il est baillé un escu à un joueur de basteaux, nommé Mathieu Lestuveur, qui a joué au Plessis-Piquet ; à Ferry Cabinguet.

On remarque que dans ce document, la qualité de jongleur n’est pas employée. Faut-il croire, avec Delamarre (traité de police, t. 3, liv. 2, ch 2) que le nom de bateleur remplaçait déjà ceux de jongleur et d’histrion ? Nous avons vu précedemment que le jongleur de la tradition, le primitif jongleur, l’artiste multiple s’était transformé, et que son héritage était dévolu aux ménétriers ou ménestrels et aux bateleurs. Mais le nom subsistait encore, ne faisant plus qu’un, cela n’est pas douteux, avec celui de bateleur. Dans le mystère de St Christophe, d’Antoine Chevalet,qui date des premières années du 16ème siècle, on voit le jongleur Mauloue, parcourant villes et villages avec tout l’attirail de sa profession :

Bastons, bacins, soufflets, timballe,

Les gobelets, la noix de galle.

Le singe, la chèvre, le chien,

Et l’ours……

Vendant des images de sainteté et chantant des chansons badines. Le jongleur est tout à fait dégénéré en opérateur et en charlatan. Une ordonnance du parlement, de l’année 1543,  nous offre un renseignement qu’il est bon de noter ; elle nous montre que, concurremment avec les confrères de la passion, il y avait encore, à cette époque, dans Paris, des comédiens appelés jongleurs et bateleurs. « La cour, avertie que plusieurs du populaire et gens de métiers s’appliquent plutôt à voir jeux de bateleurs et jongleurs, et y donnent un et deux grands blancs ; ce qu’ils ne font pour les pauvres……. » défend à tous bateleurs, jongleurs et autres semblables de jouer en ceste ville de Paris, ou sonner leur tambourin, quelque jour que ce soit, sous peine du fouet et bannissement de ce royaume. »

 

Après la fin du moyen - âge, la condamnation des mystères par les parlements de Paris et de province marque le déclin des confréries spécialisées dans les spectacles religieux ; elle jette sur les routes, en bandes faméliques, les histrions qui étaient employés dans ces confréries.
Ce déclin annonce celui du théâtre non professionnel alors dominant.

A partir de la 2ème moitié du 16ème siècle de véritables troupes professionnelles font la navette entre les villes : certaines sont internationales comme celle des Gelosi.

Désormais et pendant quatre siècles, les comédiens forains appartiendront à deux mondes : celui des «enfants de la balle » (sauteurs, danseurs, montreurs de choses étonnantes….) et celui des artistes spécialisés dans l’art de la représentation théâtrale et l’art du dialogue : comédiens « dell’arte » italiens (du 15ème au 18ème siècles), « comédiens de campagne » du 17ème siècle, théâtres de la foire du 18ème siècle, théâtres démontables du 19ème et 20ème siècles…

Delamarre, prétend qu’à la date où il écrivait (1705), les noms de jongleur et d’histrion avaient décidément été remplacés par celui de bateleur (probablement comme aujourd’hui ce dernier par celui de  saltimbanque), et qu’ils n’en avaient point d’autre alors. Il cite, en outre, un règlement de 1560 et 1588, toujours en vigueur en 1705, qui défendait  aux bateleurs « de jouer les dimanches et les jours de fêtes, aux heures du service divin, de se vêtir d’habits ecclésiastiques et de jouer des choses dissolues ou de mauvais exemple, à peine de prison et de punition corporelle. »

2ème partie du 15ème moralités. Au 16ème siècle les réformateurs tel Calvin parlera des « battelleries «  de la messe, « gestes de joueurs de farces, déshonnêtes et immodestes. Après que cet enchanteur et joueur de passe-passe c’est approché plus près de l’autel, il commence à jouer son rôle et sa farce, tantôt se remuant d’un côté et de l’autre, tantôt restant sans bouger. Puis il marmonne ses murmurements magiques, par lesquels il lui semble bien qu’il doive tirer Christ du ciel.

Au 16 ème siècle, des troupes de comiques italiens viennent à Paris quand la cour de Médicis s’allie à la cour de France. La coutume existait alors au théâtre de représenter des intermèdes pendant les entractes et les plus grands écrivains espagnols en écrivirent. C’étaient de véritables farces dans lesquelles tous les types étaient mis en scène . Dans la comédie italienne tous ces types fixés par tradition prendront des noms : Arlequin, Polichinelle etc….. dont les principaux survivants créeront la confusion, au 19ème siècle, quand le mime reparaîtra dans un genre uniquement muet.

 

En France, au Moyen Age, on donna le nom d’histrions à certains jongleurs et baladins qui faisaient leurs exercices sur la place publique. Tabarin ne fut autre chose qu’un histrion de même que son compère Mondor, Barry l’orviétan, Padelle, Gille le niais.

Enfin les derniers histrions que l’on puisse nommer sont les 3 bouffons qui devinrent si célèbres à la fin du 16ème siècle, et qui fut on peut le dire les premiers maîtres de nos comédiens et les introducteurs du vrai théâtre en France, Gaultier-Garguille, Gros Guillaume et Turlupin.

Bateleur : Th. Gautier : Son ancien métier de bateleur et de soldat lui donnait des facilités singulières pour ces sortes d’ascensions obsidionales.

Individu qui amuse le public en plein vent, par des bouffonneries, des tours de force ou d’adresse.

 

Le dictionnaire de la conversation de son côté, dit, mais plus lourdement, que « le nom de bateleur peut être appliquer à tous ceux qui, dans les relations d’une société plus relevé, apportent les prestidigitations de la foire, et qui, grâce à la jactance, aux petites manœuvres des compères, aux journaux, aux annonces, parviennent à se créer une réputation usurpée, à attraper les niais de salon, plus nombreux peut-être encore que ceux de la place publique. » Cependant ce mot qui est d’un si grand secours pour l’allusion, est peu employé aujourd’hui. Il a été détrôné, ou peu s’en faut, par un  autre qui englobe tout mieux que lui encore, si cela est possible, dans ses quatre syllabes avenantes et dansantes, toutes les étonnantes variétés de parasites à qui le dieu de la crédulité, de l’ignorance et de la badauderie donne chaque jour en pâture. Ce mot est saltimbanque, mot générique sous lequel on confond maintenant toutes ces classes d’amuseurs, de cabrioleurs et de dupeurs, qui avaient autrefois leurs attributions sui généris, et qui maintenant  -ô bienfait de la centralisation !- ne forment plus qu’une seule et  vaste tribu.

Quel que soit aujourd’hui l’état misérable des bateleurs, et le peu d’importance de leur rôle, il est certain que c’est par eux que commença notre théâtre comique. Ils le prirent un gauchement à l’état embryonnaire, et quand il fut né au bruit de leurs chansons graveleuses sur les tréteaux de la vieille farce gauloise, ses pères nouriciers  le firent sauter et bondir dans ses langes plébéiens où ils pouvaient tout oser, lui frottant le naseau d’une gousse d’ail, et lui donnant du vin à téter comme le roi de Navarre à son petit fils Henri 4 . Certes ils ne lui enseignèrent ni le beau langage, ni les grâces décentes ; trop souvent même, ils le conduisirent au cabaret et dans les mauvais lieux ; mais après tout ils lui apprirent à réfléchir sur ce mot de Pétrone , traduit, commenté par Montaigne, et qu’un clerc sceptique et dégoûté, leur avait sans nul doute répété en grignotant son pain sec trempé dans l’eau claire : tout le monde joue la comédie ; le monde est un histrion. D’illustres farceurs remplissaient alors, comme aujourd’hui la scène du monde, et le peuple méprisé, n’avait pour se dédommager de leur insolence qu’une arme, arme terrible il est vrai : la satire . Cette arme les bateleurs s’en emparèrent, et s’abritant derrière le rire au gros sel et le coq à l’âne, derrière l’emphase ridicule et la bouffonnerie ordurière, ils firent feu de leur plantureuse et grotesque éloquence sur les grands qui mangent les petits, qui se laissent manger par les grands ; ils firent les fous, les niais, pour avoir la liberté de tout dire et tout oser, sans que cela tirât à conséquence ; ils ouvrirent de grands yeux où brillait, pour qui savait voir, l’esprit gausseur, narquois et badin de Jacques bonhomme ; ils s’élargirent la bouche, s’allongèrent les oreilles, se rendirent laids et difformes à plaisir, afin de dauber avec pleine licence sur les vices et les travers, regardant du haut de leurs quatre planches, à travers leurs masques grossiers, le flux et le reflux de la grande marée humaine, écrivant chaque jour à leur manière, le journal du moment, chatouillant jusqu’aux larmes la fibre populaire. Oui, les bateleurs ont cette gloire et cet honneur d’être les ancêtres de la comédie française. De leurs rangs sont sortis  des bouffons de mérite, qui servirent de transition entre les jeux de la basoche et ceux de l’hôtel de Bourgogne. Molière a rit de leurs parades, et il en a largement profité. L’académicien St Amand et les poètes de son temps allaient entendre assidument les bateleurs du pont neuf pour se former à l’éloquence. En France, comme en Angleterre, comme partout sans doute, l’art de la scène éclot dans la rue, le premier théâtre de Shakspeare et le premier théâtre de Molière se ressemblent : un échafaudage, où l’on monte par une échelle, en fait tout les frais. Molière et Shakspeare, pourquoi ne le dirait-on pas, furent d’abord des bateleurs, imitèrent les bateleurs, arrachèrent aux bateleurs le grossier vêtement de la farce, l’ornèrent de cent façons après l’avoir taillé et découpé , et en firent une magnifique tunique, qui ne peut renier son origine plébéienne. Sait-on tout ce que notre grand comique doit à ces trois histrions célèbres : Gauthier Garguille, Gros Guillaume et turlupin, qui, avant d’être des comédiens de l’hôtel de Bourgogne, avaient été des bateleurs de la porte St Jacques ? Le petit Poquelin, âgé de douze ans à leur mort, avait selon l’expression de M. Eugène Noël , recueilli un souffle de leur amitié, de leur gaieté naïve et courageuse. Gros Guillaume, Gauthier Garguille et Turlupin avaient commencé par jouer des farces de leur invention sur un théâtre portatif dans un jeu de paume ; les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dont les planches ressemblaient de si près à celle de la place publique, après avoir longtemps souffert de leur concurrence, finirent par les engager dans leur troupe. Nous pourrions multiplier les exemples . Mais n’a-t-on pas vu suffisamment qu’on ne saurait faire l’histoire des bateleurs, sans toucher aux origines de notre art dramatique ?

 

Si dès lors les histrions, bateleurs et paradistes, n’occupèrent que des emplois inférieurs dans les théâtres royaux , les acteurs de grosses farces ne disparurent pourtant pas. Héritiers des jongleurs et ménetriers ambulants, ils travaillaient dans les carrefours, Paris n’ayant que très peu de place publique avant Henri 4. Il fit beaucoup pur eux en achevant le Pont neuf en 1604,commencé sous Henri 3 en 1578, Il avait été suspendu  pendant les guerres civiles.

Il fut occupé sur le champ par les paradistes, les jongleurs et les charlatans. Brioché établit son théâtre de marionnettes dans une baraque qui faisait l’angle du quai de Conti , en face du Pont Neuf , et qu’on appelait le Château Gaillard. Une anecdote raconte que Cyrano de Bergerac passant sur le pont eu maille à partir avec une bande de laquais formant le public des amuseurs . Dans la bagarre le singe de Brioché s’en mêle et Cyrano prenant le singe pour un laquais dans la confusion l’embroche. Brioché intente un procès criminel à Bergerac, lequel riposte par des écrits facétieux ; il dit au juge qu’il paiera Brioché en monnaie de singe ; Brioché sera débouté et se verra même interdire de laisser vaguer le nouveau Fagotin, « crainte d’accident ».

 Les marchands d’élixir, d’orviétan, de baumes pour les dents et pour les yeux, les charlatans de tout genre s’installèrent sur les trottoirs et dans les demi-lunes. Au beau milieu du pont, devant l’entrée de la Place Dauphine, en face du terre plein où plus tard s’éleva la statue de Henri 4, Tabarin dressa son théâtre en plein vent ; il était secondé par son gendre Gauthier-Garguille, par Mondor et quelques autres. Le Pont Neuf devint la promenade favorite des badauds. Les vaudevilles et refrains de Tabarin s’appellait les « Ponts Neufs ». Mais ils allèrent trop loin et en 1634 le parlement les chassa du Pont Neuf et renversa leurs planches.

En 1649, les libraires obtiennent un règlement interdisant les boutiques portatives et l’étalage.

Les parades sur le pont neuf n’eurent plus lieu que les jours de fête et les paradistes en troupe ne se montrèrent plus guère que dans les foires.

Ce fut après au tour du Palais Royal de continuer ses festivités. Puis plus tard sous le second empire, le pont des Arts et d’autres ponts.

 

Il n’y eut similitude d’expression et de moyens entre la comédie italienne et la pantomime muette qu’au début du séjour des acteurs italiens à la cour de Charles 9. Ils jouèrent d’abord à la muette parce qu’ils n’étaient pas en état de parler français. Mais leurs successeurs ne se privèrent pas  dès qu’ils purent utiliser la parole. 100 ans plus tard ils avaient leur théâtre privilégié comme l’avaient les comédiens français.

Dès lors chaque fois qu’une troupe de saltimbanques et d’artistes d’agilité voulut choisir des pièces mimées, ce fut contre elle une levée d’interdictions. Les forains furent contraints, de gré ou de force, de s’en tenir à leur genre habituel, acrobaties, tours de force, danse de corde etc….

D’année en année, de foire en foire, les démêlés sont continus entre les spectacles forains où chaque artiste est un peu mime et les théâtres privilégiés où les acteurs parlent plus qu’ils ne s’agitent. Des danseurs peuvent danser sur la corde et non sur la scène ; ils peuvent chanter mais la tête en bas et les pieds en l’air ou montés en seconde ou troisième position sur les épaules d’un homme de force. Il n’est à cette époque, entre les troupes de comédiens établies à demeure et les compagnies d’acrobates qui les imitent, que différends, poursuites, saisies, condamnations, destructions de tréteaux et de loges, reconstructions illégales, appels à la jurisprudence et au roi, arrêts, sentences. Elles se multiplient, se complètent, se contredisent, ce qui incite les jongleurs et les danseurs de corde à persévérer dans des activités de bouffons et de mimes qui ne leur ont été jamais permises mais qui sont leur raison d’être et d’exister. Si les bouffons des places publiques déguerpissent rapidement pour éviter le pire, les troupes foraines qui s’installent à grand frais doivent céder. Alard qui se trouve à la foire St Germain de 1710, joue des « pièces à la muette ». Le public qui ne comprend rien réclame. Alard utilise alors des écriteaux explicatifs…

Plus tard, les entrepreneurs forains traitent avec l’académie royale de musique pour un privilège d’opéra-comique, privilège homologué enfin par un arrêt du Conseil de régence, en 1717.

Plus tard sous l’œil protestataire des comédiens italiens et français , des nouveaux spectacles s’ouvrent à Paris. Ils y présentent des acrobates, des jongleurs et des pièces plus ou moins mimées, plus ou moins dialoguées, c’est à dire des imitations de scènes plus ou moins connues avec des interprètes parodiant des types appartenant à toutes les conditions sociales.

Quand, au début de la révolution, les spectacles se multiplièrent sous le régime d’une éphémère liberté des théâtres, les acrobates et les bouffons qui n’avaient plus s’établirent dans une salle gardèrent les yeux fixés sur ceux d’entre eux qui, partis des spectacles de la foire, avaient gravi tous les échelons du succès.

Pour tous les faiseurs de tours, jouer la farce et la comédie, imiter, parodier, mimer, c’est s’élever dans la hiérarchie des amuseurs populaires. Mais les pouvoirs publics veillent et ce n’est pas toujours possible. En frimaire, an 11 , une farce de Romagnesi, Samson, tragédie comique en cinq actes et en vers, terminée par la destruction du Dragon qui n’est qu’un feu d’artifice, est interdite par le préfet, au théâtre des arts de Rouen, parce que sa place est sur les tréteaux du boulevard.

17ème et 18ème siècle, le lieu d’élection des forains est le pont neuf.

Les saltimbanques participent à toutes les fêtes. Après le sacre de Louis 15, parmi les divertissements qui lui furent offerts à Villers - Cotterêts figurait une foire où l’on vit un bohème attirer l’attention du roi et lui expliquer les différentes propriétés des secrets qu’il possédait et dont il lui remis d’ailleurs la liste. A partir de 1764, La foire St Ovide sur la place Vendôme ouvrit un nouveau champ d’action.

 

 

Ce n’est qu’au 18ème siècle que sont réinventés les cirques de la décadence romaine . On sait que les romains de la décadence complétaient leurs jeux du cirque par des présentations d’animaux dressés à des exercices d’équilibre, de sauts, et autres. De la même manière, c’est en incorporant des sauteurs, des acrobates, des danseurs de corde, des dresseurs à un spectacle reposant essentiellement sur les jeux équestres, puisqu’issu des tournois militaires, que Philippe Astley inventa en 1770, à Londres, le cirque moderne.

En 1774, Astley vient donner des représentations à Paris. Il s’associe, en 1783, avec un italien installé en France, Antonio Franconi, baladin, montreur d’oiseaux dressés. Franconi sera le père du cirque français.

 

En 1768 le cirque né , avec Philip Astley. Essentiellement basé sur des jeux équestres, il associe une compagnie de danseurs de corde, de sauteurs et même un clown.

Héritier des bateleurs du Moyen âge, les forains, en lui offrant certains de leurs numéros, ont apporté au cirque une partie de ses éléments constitutifs.

Ces « banquistes » conservent intactes les traditions héritées de nos ancêtres les saltimbanques. Suscitant notre admiration et notre étonnement, ils cherchent à nous faire oublier pendant quelques heures nos soucis. Cela aussi, ils l’ont légué aux gens du voyage qui promènent leurs cirques sur les routes du monde entier.

Le cirque dont les principaux numéros au début relevait de l’équitation et de prouesses acrobatiques à cheval, introduisit un jour un cheval savant et de là le dressage de différents animaux commença.

 

Les témoignages sont hélas rares sur ce qu’était leur vie en France tout au moins et avant le 18ème siècle. Il semble toutefois que depuis le Moyen âge ils avaient commencé à s’organiser et c’est chez eux également que le cirque allait trouver son deuxième élément constitutif : les exercices de force et d ‘adresse de ceux que l’on désigne désormais  sous le nom  générique d’acrobates (le mot est d’origine grecque et signifie « celui qui marche sur la pointe des pieds »). Non seulement la Grèce et Rome, mais la Chine et le Japon, l’Inde et l’Egypte ancienne ont eu leurs acrobates.

En Inde, les spectacles occasionnels ou réguliers étaient annoncés une semaine auparavant par un batteur de tambour qui parcourait la ville. Et pendant qu’à la cour, les nobles et les dignitaires se livraient aux spectacle raffiné des danses et des concerts, le peuple se divertissait à regarder les acrobates, les illusionnistes, les montreurs d’animaux dressés, les danseurs et chanteurs populaires. Les acrobates étaient des enfants de la balle ; une longue écharpe flottante était le signe de leur profession, comme pour les danseurs. Ils opéraient au son d’un orchestre dont les gros tambours oblongs portés en bandoulière, les flûtes aigrelettes et les clarinettes perçantes se mêlaient aux cris des bateleurs qui engageaient la foule à venir assister aux prouesses de leurs camarades. Un de leurs tours consistait à former une haute pyramide humaine, dont l’image nous a été transmise depuis le 2ème siècle av. J.C. sur un bas relief provenant de Bhârhout et conservé au musée d’Allahâbâd. Quatorze acrobates la composent ; sept d’entre eux, élevant les mains au dessus de leur tête, en supportent quatre autres ; ceux-ci tiennent à pleines mains les pieds et les chevilles de deux hommes qui soutiennent à leur tour un jeune garçon, sommet de l’édifice. Ce bas relief ayant orné la balustrade d’un monument bouddhique, on peut se demander s’il s’agit d’une représentation profane ou si cette troupe, tel le jongleur de Notre - Dame, venait distraire la personne du Boudha tout en lui faisant l’hommage dont elle était capable. Et l’on peut évoquer à son sujet les acrobaties encore exécutées par les comédiens populaires du Bengale actuel.

Acrobates aussi les danseurs aux javelots, jouant simultanément avec quatre ou cinq de ces armes dangereuses, les danseurs de corde, les équilibristes qui, retenus par des crampons fixés à leurs chaussures, se promenaient sur une perche en forme de T.

Les illusionnistes ne pratiquaient pas seulement devant la foule populaire mais aussi à la cour. Une crainte mêlée de respect les entourait, car ils prétendaient posséder une science égale à celle des « saints hommes », des ascètes (yogin). Leur tour le plus classique comme le plus apprécié –encore de nos jours- consistait à faire d’abord apparaître un manguier sortant d’un noyau ; l’arbuste grandissait à vue d’œil. Lorsqu’il avait atteint la taille d’un arbre, le maître prestidigitateur lançait une corde en l’air et elle semblait s’accrocher à l’une des plus hautes branches du manguier. La corde demeurant roide, un de ses comparses la saisissait et « montait dans l’arbre », disparaissant à la vue des spectateurs. Peu après, ses membres tombaient un à un sur le sol, où le magicien les rassemblait, leur redonnait la forme d’un corps humain qu’il aspergeait d’eau. Ressuscité, l’aide du « Saint homme » se paraît alors de fleurs et exécutait une danse.

Les mimes –danseurs avaient, eux aussi, autant de succès à la cour qu’à la ville. Une de leurs spécialités était la danse du mi- jeu, où seuls remuaient un pied, une main, un œil, un sourcil, une narine et la moitié de la bouche, tandis que le reste du corps demeurait rigide. Ce tour avait la réputation de provoquer le rire même chez les plus moroses.

Les montreurs d’animaux dressaient surtout des singes et des mangoustes, ces dernières étant destinées à lutter contre les cobras. Un autre spectacle aussi était fréquent dans les rues, généralement près d’un carrefour : un montreur d’images plantait deux bambous en terre, tendait entre eux une toile peinte et, armé d’une baguette, en commentait les illustrations ; celles-ci représentaient les combats mythiques, les dieux, divers schémas cosmologiques, des légendes.

Il y avait aussi les montreurs de marionnettes.

Non seulement le cirque n’a jamais abandonné les acrobates, mais leur rôle n’a cessé de grandir à mesure que leurs exercices devenaient plus spectaculaires.

L’antiquité formait déjà des sauteurs, les saltimbanques les ont conservés, les cirques leur ont donné une place prépondérante puisque, il y a une cinquantaine d’années, tous les artistes gymnasiarques des cirques ambulants étaient tenus par contrat de figurer au final et d’y exécuter des sauts périlleux désignés par les Italiens ou les Allemands sous le nom de salto mortale. En effet un saut de cette espèce, s’il est manqué, peut être mortel. Les banquistes d’antan s’y entraînaient dès leur plus jeune âge et très progressivement sous la direction de leurs parents, de leurs aînés ou de leur «père d’élève » (terme de métier par lequel on désigne un artiste qui enseigne le métier à un plus jeune).

Les acrobates en colonnes relève aussi de l’art du tapis. Les troupes marocaines actuelles descendent-elles des «Egyptiens » dont la tradition veut qu’ils aient été les réalisateurs des pyramides humaines dont un tableau de Guardi, «le doge assiste aux fêtes du jeudi gras », conservé au musée du Louvre, nous a, entre autres, laissé l’image ?

 

 

Il est intéressant de noter qu’aux Etats Unis, l’auberge ou inn resta longtemps un centre d’activité pour montreur d ‘automates, physiciens et prestidigitateurs, et autres attractions foraines.

En outre il ne faut pas oublier que, pendant des siècles, même les plus célèbres artistes – surtout des artistes ambulants – vivaient en marge de toute vie sociale. Ces raisons firent que ce monde constitua une sorte de franc-maçonnerie, et comme l’a d’ailleurs noté Henry Thétard, «nombre de ces banquistes furent affiliés aux Rose – Croix et à la franc-maçonnerie ». Il est intéressant de noter qu’en Angleterre, les music - houses et les petits théâtres, qui accueillaient des troupes ambulantes et des forains de tout genre, sont placés, en 1751, sous le contrôle du « Disorderly houses act », c’est à dire la loi concernant les maisons closes.

Impossible de reconstituer intégralement les annales de ces familles foraines : dispersion des documents à cause des longues étapes, orthographes variées et fantaisistes, habitude de nommer l’artiste par son prénom. Les renseignements peuvent venir de documents officiels (acte de naissance, décès, plaintes procès, privilèges, registres de foire).

L’adoption par les danseurs - acrobates, voire les mimes, des personnages de la comédia dell’arte profitait d’un autre atout : celui d’être immédiatement compréhensible dans n’importe quel langage, le public reconnaissant d’emblée chaque acteur et le mobile de ses actes.

Les hommes forts ou hercule deviennent d’importantes attractions foraines vers la fin du 18ème ; il auront leur apogée au cirque et dans les foires au Second empire ; ils jonglent avec des boulets de canon, soulèvent un char supportant une dizaine de personnes et un canon, ou bien soutiennent sur leurs muscles abdominaux un plancher où on pris place un cheval et des personnes choisies dans l’assistance. L’hercule Laroche soulevait sur son dos un char avec 16 soldats assis et un associé brandissant des drapeaux au-dessus-d’eux.

 

Le citoyen Danton : « Citoyens ! j’apprends qu’on veut empêcher les joueurs d’orgue de nous faire entendre par les rues leurs airs habituels , trouvez - vous donc que les rues de paris soient trop gaies. » 

 

 

Il semble qu’au temps de la monarchie, le peuple ait voulu placer avec constance le théâtre de ses divertissements sous les fenêtres de ses rois : 1500, rue St Antoine (le roi est aux tournelles ) ; 16OO place Royale, 17OO pont Neuf, 18OO Palais Royal.

Il importe de noter au passage, que pendant des siècles, les différentes classes sociales ont été beaucoup plus mélangés qu’elles ne le seront par la suite. Jusqu’à Louis 16, la ségrégation est verticale, magasin au rez - de- chaussée, boutiquiers à l’entresol, gentils - hommes ou riches bourgeois aux étages nobles et artisans et ouvriers dans les combles. Mais les habitants d’un même immeuble peuvent se croiser dans les escaliers ou dans la cour, et il suffit de descendre dans la rue pour s’amuser au faubourg St Antoine ou à la Place Royale.

A la restauration, les boulevards intérieur de la Madeleine à la rue des Filles du Calvaire, le Boulevard du Temple qu’on appelle Boulevard du Crime à cause des mélodrames sanglants qu’on y joue, une demi-douzaine de théâtres s’y côtoient, ont récupéré les bateleurs, illusionnistes, escamoteurs. Les foires ayant pour la plupart périclitées. Sous des baraques de bois ou des tentes de toile, ils vont abriter leurs animaux curieux, leurs acrobates ou leurs phénomènes. A l’entrée des théâtres va se perpétuer la comédia dell’arte et le succès des arlequinades, avec Bobèche, Galimafré, Gringalet et Faribole.

C’est au 19ème siècle où l’on écrit l’histoire de l’histoire, qu’un intérêt soudain se fait jour en faveur des originaux de toute espèce, et que s’en dressent des nomenclatures. Dès 1811, Gouriet publie ses « Personnages célèbres dans les rues de Paris », qu’il classe en trois catégories : les personnages imitateurs, où l’on trouve des farceurs et des charlatans, mais aussi Cagliostro et Paracelse, sans parler d’un certain nombre de brigands de grand chemin ; des personnages d’imagination, qui appartiennent pour la plupart à la comédie italienne ; des personnages vivants enfin, parmi lesquels des petits marchands ambulants et des bateleurs, faiseurs de tours, équilibristes, etc., fort nombreux sur les boulevards.

Cinquante ans plus tard, Charles Yriarte, écrivain, critique d’art et dessinateur au Monde illustré, fait paraître ses célébrités de la rue, qu’il illustre avec le portrait de ses personnages. Dans la préface il rend hommage à son prédécesseur, dont l’œuvre, très curieuse et qui venait trop tôt, n’a pas eu le succès qu’elle méritait, et il ajoute ses mots : « Demain, il serait trop tard pour écrire un pareil livre : les ingénieurs sont venus, la cour des miracles est expropriée pour cause d’utilité publique. Adieu la gaieté de nos places, adieu les vêtements bariolés, les chansons étranges, les dentistes en plein air, les musiciens ambulants, les philosophes, les bâtonnistes, les maniaques, les visionnaires, les vielleuses, les bouquetières. Je vous jure, messieurs les édiles, que Paris s’ennuie ; il a la nostalgie du pittoresque. »

Le chariot de thepsis

 

Le décret de 1807 réduisant à huit le nombre des théâtres, et le règlement de 1807 organisant leur exploitation en province et leur assignant un genre déterminé, laissaient toute latitude aux troupes foraines de se multiplier, mais les obligeaient à se contenir dans la branche des spectacles dits de curiosité (funambules, danseurs de corde, illusionnistes, marionnettistes, etc.) dans lesquels aucun personnage « visible au public » ne devait parler. Nulle salle ne put, dès lors, ouvrir sans une autorisation ministérielle. Les « jeux forains » dont l’appellation s’applique aux troupes d’acrobates ambulants dépendent des autorités de police et des préfets, et ne doivent leur séjour momentané qu’à une tolérance de fait , révocable à merci. Tous les spectacles d’acrobates ont été supprimés.

 

Du temps de Napoléon les hommes orchestres et les artistes de rue , il y a toute une tradition sur les grands boulevards . Napoléon avait autorisé à ses soldats d’augmenter leur solde en faisant l’homme orchestre.

 

Les grandes foires furent, en Europe et jusqu’au milieu du 18ème  siècle, une nécessité économique sans laquelle le commerce international aurait à peine existé. Le privilège d’organiser une foire, de prendre possession de son emplacement, de louer des échoppes aux marchands locaux et étrangers, aux opérateurs, charlatans et arracheurs de dents, aux limonadiers, aux restaurateurs et aux amuseurs en tout genre, était  accordé par le roi, ou par un grand royaume, à un ordre religieux. En France, en Angleterre, en Russie , beaucoup accueillaient les gens du voyage. En Italie, dans les pays scandinaves et aux Pays Bas, les foires étaient moins importantes. Mais les théâtres italiens comme la Scala de Milan, engageaient des troupes foraines, particulièrement à l’époque du carnaval et du carême. Les théâtres bruxellois ouvraient également leurs portes aux gens du voyage.

A Paris, le spectacle de la foule d’amuseurs sur le Pont Neuf et aux alentours avait lieu toute l’année, jusqu’au moment où tout ce monde se transporta boulevard du Temple, célèbre par les spectacles de tout genre qu’il commença à attirer vers 1750. Mais les spectacles forains avaient à lutter contre les grands théâtres comme en Angleterre.

De même que les acrobates, les montreurs de marionnettes et d’animaux, les funambules, les faiseurs de numéro de force et d’adresse ainsi que les acteurs parlants, du simple valet de parade jusqu’à la compagnie complète de comédiens et opérateurs, les arracheurs de dent et charlatans sont particulièrement recherchés. Ces messieurs sont l’obsession de la faculté, bien que la médecine officielle, avant la dernière moitié du 18ème siècle, se distingue difficilement des procédés et remèdes charlatanesques. Dans les histoires du vieux Paris, on a relevé les noms d’innombrables curatifs prônés par la médecine foraine : baume, huile et même des remèdes antiécliptiques et anticométiques, contre les maladies prophétisées par les éclipses et surtout par la comète de 1664.

Les italiens jouissent alors, en tant que médecins (vrai ou faux) d’une grande réputation. Leurs spectacles prennent de l’importance au cours du 17ème siècle, et en 1760, le grand chorégraphe Noverre pourra écrire : « ……Les farceurs et les marchands d’orviétan comptent plus sur la vertu de leurs ballets que sur celle du baume ; c’est avec des entrechats qu’ils fascinent les yeux de la populace  ». Ils prétendent avoir guéri les têtes couronnées de lointains pays ; un singe, souvent, accompagne leurs équipes, pour émerveiller de ses acrobaties la foule des badauds.

Le tableau de paris , de Mercier : chroniques du 18ème.

 

Forain : marchands et bateleurs de toute sorte qui fréquentent les foires. La véritable étymologie c’est foras qui signifie «qui est étranger, qui vient du dehors ». Si haut qu’on remonte dans l’histoire, on trouve en effet, chez tous les peuples, des individus isolés ou même des groupes d’individus, impatients de toute règle et de toute contrainte sociale, qui usent leur vie à voyager de pays en pays, s’arrêtant à peine quelques semaines au même endroit pour exercer une industrie primitive (forge, étamage) ou donner des spectacles rudimentaires. Ou qu’ils aillent ils sont toujours du dehors ; ils sont toujours des étrangers, avec leurs coutumes bizarres, leur insouciance fataliste, leur horreur du travail régulier, leur irrespect du bien d’autrui, leur amour du bruit, des oripeaux, du clinquant. Ils parlent toutes les langues, s’assimilent toutes les civilisations ; ils n’ont point de patrie, point de home. Leurs villes sont des bourgades de toiles, de mâts, de chariots, de planches, qu’ils élèvent et qu’ils détruisent en peu d’heures. Ils sont bien les descendants ataviques des races qui, aux premiers âges de l’humanité, parcouraient, sans autre but que l’attrait de l’inconnu, les forêts immenses et les steppes désolés avec leurs tentes et leurs bêtes.

Dans l’Inde, rien de plus commun, depuis des temps immémoriaux, que les jongleurs vagabonds, les ménétriers errants faisant danser sur un rythme étrange des fillettes lascives, les charmeurs de bêtes, les danseurs du diable, les diseurs de bonne aventure, les thaumaturges, les vendeurs de recettes contre toutes les maladies. Terre classique de la magie, berceau des sciences occultes, l’Inde a produit naturellement le merveilleux comme une des fleurs prodigieuses de son sol, dont les effluves semblent s’être répandus sur le monde en suivant de mystérieux courants.

Il convient de remarquer qu’il n’existe pas un peuple du voyage mais deux : Les banquistes et palquistes d’une part, les romanis d’autre part. Les premiers précèdent les romanis pour ce qui est de l’exploitation du spectacle ambulant. Les premières traces d’un peuple du voyage remonte à l’antiquité. Les jongleurs, bateleurs et danseurs de corde qui se mettent à parcourir l’Europe après la chute de l’Empire romain, sont les premiers banquistes. Qui sont-ils ? d’après Henry Thétard, des gens extrêmement divers : des amateurs de liberté et de vie errante sans doute –quel que soit le prix de cette liberté- des gentilshommes ruinés- et on pense à quelques belles légendes dont celle du Capitaine Fracasse – vraisemblablement quelques filous en rupture de justice et qui trouvaient dans la vie du voyage la possibilité de s’exiler tout en continuant à fréquenter la société et en étant à l’abri de la police.

 

Les saltimbanques conciliaient souvent l’art et la vente : Pradier, le bâtonniste, s’intitule le premier jongleur de cannes de l’Europe ; c’est pourquoi les tambours majors regardent ses évolutions avec envie ; il a à son répertoire le tour de cannes, des assiettes, des saladiers, du petit et du gros gobelet, le paratonnerre, le fléau, la pique et ses douze anneaux, la carte volante et enfin ses six principes pour mettre l’argent dans sa poche, qu’il a exécuté devant Napoléon 3, lequel lui a accordé le monopole de la place de la Madeleine. Quand il a terminé ses tours, Pradier offre aux spectateurs pour les remercier 3 numéros de loterie.

Mangin, le marchand de crayons, apparaît à la foule dans un char étoilé, le chef couvert d’un cimier scintillant au soleil, cependant que son acolyte vert de gris, taquine l’orgue de Barbarie. Avec des façons de charlatans, il harangue l’assistance, la subjugue, prépare ses effets, fait durer les silences. Son boniment terminé et ses crayons vendus, Mangin ôte sa cuirasse, sa robe d’or et de brocart, son casque, et, descendant de sa voiture, vêtu cette fois comme un notaire, se dirige vers le marchand de vin voisin.(19ème )

 

En avançant dans ce travail, nous ne pouvons oublier que bateleur a de nombreux synonymes, qui ne remplacent pas il est vrai ce mot, mais qui en sont  comme autant de rameaux vivaces, ayant chacun une existence reconnue, et que faire ici de l’histoire du groupe tout entier, ce serait empiéter sur certains mots qui réclament de nous une mention spéciale. Renvoyons à baladin, charlatan, farceur, opérateur, parodiste, etc…..l’ensemble de ces articles formera réellement l’histoire du batelage, complétée encore par la biographie particulière de tous ces joyeux compères qui ont conservé parmi nous la tradition du rire et de l’esprit gaulois, tel que Bruscambille, Gauthier garguille, Gros guillaume, Turlupin, sans oublier les Barry, Les Bobèche, Les Galimafré, les Mondor, Les Tabarin, Les Taconnet et autres pitres, saltimbanques, grimaciers, diseurs de sornettes, grands hommes du ruisseau et de la place publique, passés maître en l’art de la bouffonnerie, de la parodie, de la hâblerie, dont la liste immense débute avec le monde et se terminera avec lui, si toutefois les règlements de police ne s’y opposent. Hélas ! et d’un mot nous voilà triste, quels temps peu propices aux comédiens de la place publique sont les nôtres ! Aujourd’hui que tout est réglementé, administré, patenté, les libres paroles n’éclatent plus, salées et pimentées, comme jadis, sur la place publique ou sur les champs de foire. Ombres de Grattelard, de Gilles le niais, de Padelle, de Jean Farine, de Gringalet, de Guillot-goriu, de Goguelu et de tant d’autres, voilez-vous la face, vous ne pourriez plus aujourd’hui grâce au progrès, rien trouver à dire de spirituel sur nos modes, nos préjugés et le reste. On a fait de nous des demi-dieux, alignés au cordeau, dont vous ne trouveriez rien à dire ; nous sommes parfaits et vos épigrammes s’émousseraient  sur le tricorne des agents de la force publique , qui n’entendent plus raillerie. D’ailleurs, on a exproprié pour cause d’utilité publique, tous ces bons endroits où vous faisiez merveilles ; on a macadamisé le pont neuf et jeté bas les halles- les halles où Herpinot brillait devant la populace grouillante. Où sont maintenant les foires St Germain, St Ovide, St Laurent ? La foire du St Esprit, qui se renouvelait tous les lundis sur la place de la Grève, et la foire de Bezons, où l’on allait en partie fine ;la foire St Clair, qui s’échelonnait le long de la rue St Victor, celle que ramenait le 24 août devant les galeries du palais de justice, et tant d’autres où toute la confrérie de bohème, que l’on écoutait à gueule bée, déployait ses plus fiers oripeaux, ses plus éclatantes fanfares et ses coq à l’âne à tout rompre,  dites, où les retrouverez-vous ?et ces pages, clercs, écoliers, laquais, archers, filous , bourgeois, tireurs de laine, chambrières,  gentil - hommes, grisettes, poètes crottés et académiciens, toujours prêts à vous ouïr, toujours avides de vos grimaces et de vos saillies,  Où sont-ils ?…..Le dernier des vôtres a risqué une dernière allusion qui vous en dira bien sûr assez : « Les rassemblements au nombre de plus d’un sont interdits. » Et puis , si vous reveniez , ô farceurs de génie, dont le vent dispersait chaque jour les étincelles, il vous faudrait faire viser votre esprit huit jours d’avance par la commission d’examen, et vous munir d’une médaille frappée à la rue de Jérusalem……..Un siècle  chasse au loin ce que le siècle précédent admirait.

Les mœurs changent, le langage s’épure, dit-on parce ce que la verve s’en va : l’argot s’étale, il est vrai, comme un chancre rongeur sur l’idiome sensé et coloré des ancêtres ; mais le mot gras, le mot salé, le mot concis, plein et robuste, qui va droit au but et dit ce qu’il veut, ce mot de la farce, engendré d’un jet au pays de batelage ; ce mot plantureux, qui renferme toute la sève nationale, ce mot atteint  d’atrophie et de chlorose, s’est mis en quarantaine. Nos pères ont vu et applaudi les derniers bateleurs dignes de ce nom, en la personne du père Rousseau, de Louis le Borgne, de Gringalet, 2ème du nom, de Faribole, de Bobèche et de Galimafré lesquels furent plus particulièrement des parodistes, variété du genre bateleur. Nous avons vu, nous par grâce dernière, quelques charlatans, le marchand de crayons Mengin et le dentiste Duchesne ; mais c’est la menue monnaie des célébrités du Pont Neuf. L’inventeur de la poudre personne, le grand Miette a été de nos jours, le seul héritier de toute cette joyeuse bande dont Tabarin est l’aïeul : l’ombre de Brioché lui avait souri.

Donc l’art du batelage est tellement dégénéré, qu’on est presque tenté d’affirmer qu’il a disparu. Quelques rejetons de cette végétation sauvage qui a préparé notre théâtre et vécu ensuite à son ombre se montrent encore, les jours de fête sur la place publique de nos petites villes; ces jours là quelques familles de saltimbanques font avec la permission de M. le Maire, sonner le porte voix et grincer les cymbales ; ces saltimbanques nomades , derniers et obscurs vestiges d’une race curieuse et forte, forment encore une classe nombreuse, qui comprend toutes les variétés autrefois désignées sous le nom générique de bateleur tels que : bouffons, pitres, paillasses, faiseurs de tours, écuyers, jongleurs, escamoteurs, danseurs de corde, charlatans, monteurs d’animaux etc…Ordinairement très malheureux nos modernes bateleurs vivent au jour le jour, travaillant isolément ou réunis en troupe sous la direction d’un entrepreneur……

 

Autrefois le saltimbanque était le propriétaire le plus riche de la capitale ; toute les places de la grande ville lui appartenaient ; il y campait, il y installait ses pénates, il y dormait et la nuit si l’envie lui en prenait, il pouvait se livrer à des rêves sardanapalesques et se croire transformé en marquis de Carabas. Quand il voyageait, plus heureux que Danton, il emportait  sa patrie à la semelle de ses brodequins. Depuis 10 ans les choses ont changé les places publiques ont été transformées en squares où la population respire le soir un air purifié. Y avons- nous  gagné ? Hippocrate dit oui, mais Galien dit non. Et le grand dictionnaire quoi qu’il est dit plus haut dans un accès de sentimentalité, est de l’avis d’Hippocrate.

 

 Nos anciens saltimbanques seraient à l’origine de biens des choses le théâtre, l’opéra, le music-hall, le cirque.

En somme, depuis l’origine jusqu’à nos jours, les forains n’ont guère varié leurs exercices, et c’est toujours la même énumération monotone qu’il nous faut reproduire, comme si la foule de tous les temps était identique et s’amusait des mêmes spectacles simples et enfantins.

Et cela est vrai des pays les plus différents comme mœurs et comme climat. Ainsi au Japon et en Chine, on retrouve tout comme en Europe les hercules qui jonglent avec des balles de riz au lieu de poids, ou forment des pyramides humaines, les lutteurs, les jongleurs, les prestidigitateurs, les équilibristes, les diseurs de bonne aventure, les astronomes populaires, comme aussi les marchands de mort aux rats, de beignets, de glaces frites, de confiseries.

C’est toujours l’attrait de l’inconnu qui nous pousse, le désir de contempler une chose rare, l’ambition de dérober au destin son secret, et les multiples déconvenues ne nous découragent point. « Enferme 20 pieds carrés d’un rouleau de toile et publie seulement que tu caches une merveille, tout le monde la voudra voir. » (E. Ourliac.) C’est sur ce sentiment bien humain que spéculent beaucoup de forains, et ils en profitent pour ne nous rien montrer.

 

Le cinéma remplaça les grandes foires foraines, les numéros qui s’effectuent dans les baraques du boulevard ou au music hall peuvent être vu sur l’écran.

 

Au début du 20ème siècle fourmillait tout un tas de pauvres gens qui exerçaient des métiers de misère. Ces gens là vivaient de la rue et peuvent être admis dans la grande famille des bateleurs.

 

 

 

 

Chaque génération a eu son homme orchestre, avec sa flûte de pan fixée au menton, son chapeau chinois à grelots sur la tête, sa grosse caisse sur l’abdomen, sa mandoline dans les mains et ses cymbales entre les genoux ; suivant les époques, le costume connaît des variantes : le pipeau ou le double flageolet remplacent la flûte, une petite harpe se substitue à la mandoline ; parfois aussi une cantatrice compose la partie vocale du concert. Quant à l’homme à la clarinette, tout son art consistant à faire en sorte qu’on l’en dispense ; on raconte ainsi l’histoire de cet industriel du macadam qui  a l’habitude de s’arrêter devant un café plein de monde et fait mine de porter à ses lèvres le bec d’une énorme clarinette, aussitôt, les consommateurs épouvantés se hâtent de lui jeter quelques monnaies.

Faisons un petit tour du monde et du temps :

Les adeptes de la confrérie des ‘Aïssaoua en Algérie, dans une cérémonie pour la fête patronale, les spectateurs assistent à la séance qui se déroule en deux parties. La récitation de l’office et les exercices, séparés par une pause.

Nous parlerons de la seconde partie, la danse extatique. Quatre hommes se lèvent et se mettent à danser en se balançant de droite et de gauche, le torse et la tête penchés en avant. Ils évoluent d’abord lentement, puis avec une rapidité plus grande, entre l’orchestre composé de flûtistes et de joueurs de tambourin et un brasero sur lequel ont été placés des sabres à double tranchant, des tiges de fer pointues et de longues épingles d’acier.

A un certain moment, les spectateurs, plus ou moins impressionnés, remarquent un homme qui saisit un sabre rougi au feu, le fait tournoyer, puis se le passe sur le ventre, sur la gorge, tandis que d’autres initiés se laissent enfoncer des épingles dans les muscles des épaules, des bras, du ventre, dans les lèvres, les joues et les oreilles. Au bout d’un instant, le chef de la confrérie qui assisté de quelques desservants, dirige la cérémonie retire les fers, passe le doigt sur la blessure instantanément cicatrisée. Ils voient également d’autres danseurs se précipiter vers le brasero, en retirer un charbon ardent et le porter à leurs lèvres, danser ainsi pendant quelques secondes, puis s’abattre, secoués de frisson, la tête contre terre. Brusquement, les tambourins qui ont accompagné tous ces exercices, cesse de battre. Les danseurs restent couchés ou s’assoient. Alors ils entonnent un chant grave et confiant qui ressemble à un hymne de délivrance, de triomphe.

En Birmanie, au Cambodge et au Laos excitait des troupes ambulantes. Jongleurs, acrobates, funambules, montreur d’animaux, conteurs, acteurs nomades divertissaient au Japon. Les Japonais en étaient très friands et le sont encore.

A Rome, les jeux scéniques se confondaient avec les jeux de l’amphithéâtre, exhibitions de funambules ou de prestidigitateurs.

Au Moyen Age, la représentation qui se déroulait primitivement devant l’autel lui même, puis s’est transporté sur le parvis, devant le portail ou le narthex, ou encore sur la place publique, exigeait une participation de l’auditoire en ce sens qu’on s’adressait à son imagination.

 

Les automates et la prestidigitations se combinent souvent, avant qu’au 18ème siècle s’ajoutent aux répertoires les découvertes de l’électricité et les expériences des physiciens. Les automates sont déjà bien connus en 1722 : le jugement universel mêle androïdes et figures peintes sur le boulevard du temple et le Turc mécanique sert des épiceries au comptoir, à la foire St Germain.

La physionomie de la ville jusqu’à la moitié du 19ème siècle sera consacrée à ces plaisirs de plein air, jusqu’à ce que le prix du terrain nécessite d’autre rentabilité. Au milieu de ces jardins, s’élevait un café. Le Tivoli, dans un décor de treuillages, propose des funambules, acrobates, charlatans, écuyers, danseurs tandis que les spectateurs consomment.  Au centre il y avait une piste de danse.

 

Les ancêtres des jongleurs ? les mimes et les histrions que la chute du théâtre vers le 5ème siècle, avait privés de leur emploi, et les bardes ou « harpeurs » germaniques attachés aux armées ou à la personne des princes.

Les jongleurs chantaient, en s’accompagnant d’un instrument de musique (surtout la vielle), des poésies lyriques ou épiques (chansons de geste). Plus tard, ils récitèrent des poésies badines (fabliaux). Ils étaient aussi acrobates, montreurs de bêtes savantes, etc. Ils animaient les tournois.

 ( Les saltimbanques célèbres du 18ème et 19ème voir le livre de Jacquin)

Les funambules existaient déjà du temps des romains. L’art des danseurs de corde remonterait même à l’an 1345 avant Jésus-Christ. On cite des funambules qui sont restés célèbres. Le fameux Archange Zuccaro, qui a donné des règles à la funambulie sous le règne de Henri 3 et Henri 4. Blondin, traversant les chutes du Niagara.( Jacquin p. 76 à 81)

 

Le mime : On suppose que l’inventeur de cette forme théâtrale fut le poète grec Sophron, de Syracuse (environ 5ème siècle). Littérairement le genre ne se distinguait de la comédie que par la familiarité du style et de la langue, le nombre des personnages réduit à l’essentiel, deux ou trois, qui reprenaient en les amplifiant, en les ridiculisant, les travers de leurs contemporains.

A Rome le mime changea de formes et de contenu. La peinture de mœurs y prit plus d’importance.

En parlant peu, ou pas du tout, les mimes échappaient à des sanctions qui les eussent empêchés d’exercer leur profession 

 

Acrobate : 18ème, emprunté du grec akrobatos, dérivé de akrobatein, «marcher sur la pointe des pieds. »

comme on pourra en juger par le spécimen suivant : « Otez vos chaperons, tendez les oreilles, regardez mes herbes que madame envoie en ce pays et en cette terre ; et pour ce qu’elle veut que le pauvre en puisse avoir aussi bien que le riche, elle me dit d’en faire bon marché, car tel a un denier en sa bourse qui n’a pas cinq livres. Et elle me commanda de prendre un denier de la monnaie qui aurait cours dans la contrée où je viendrais. Je les donne aussi pour du pain, pour du vin à moi, pour du foin, pour de l’avoine à mon cheval, car qui sert l’autel doit vivre de l’autel. – Et j’ajoute que s’il y avait quelqu’un de si pauvre, homme ou femme qu’il ne pût rien donner, qu’il vienne à moi, je lui prêterai l’une de mes mains pour Dieu, l’autre pour sa mère, à condition que d’ici à un an il fasse chanter une messe pour l’âme de ma dame. Ces herbes, vous ne les mangerez pas, car il n’y a si gros bœuf, ni si vigoureux destrier qui ne mourût de mâle mort, s’il en avait seulement gros comme un pois sur la langue, tant elles sont fortes et amères ; mais ce qui est amer à la bouche est doux au cœur. Vous les mettrez dormir trois jours dans du bon vin blanc ; si vous n’avez pas de vin blanc, prenez du vermeil, et, si vous n’avez pas de vermeil, prenez de la belle eau claire, car tel a un puits devant sa porte qui n’a pas un bon tonneau dans son cellier. Vous en déjeunerez pendant treize matins. C’est en cette manière que je vends mes herbes et mes onguent ; celui qui en voudra qu’il en prenne, et celui qui n’en voudra pas qu’il les laisse. » (Rutebeuf). Nous avons supprimé à dessein les quolibets énormes et les obscénités qui agrémentent ce discours. Enfin il y avait les menestrandies, véritables bandes organisées, comprenant des poètes, des musiciens, des saltimbanques, des farceurs, des chanteurs, qui faisaient des tournées sur tout le territoire et à l’étranger.

Un jongleur n’était-il pas ou poète, ou saltimbanque, ou musicien ? et encore « Pour quelle époque la définition vaut-elle ? Convient-elle à tout le Moyen _ âge ? Ou bien faut-il la réserver à un instant particulier de l’histoire ? »

Nous adopterons comme définition provisoire jongleurs tous ceux qui faisaient profession de divertir les hommes.

Les jongleurs naissent quand commence le moyen âge vers le 9ème siècle et les mots joculares

et joculatores apparaissent dans le latin des clercs. Mais est-ce à dire que la chose naissant seulement avec le nom, les jongleurs n’ont pas existé antérieurement ? Ces jongleurs n’ont pas paru un beau jour à l’improviste. Si le soin de pouvoir à des intérêts immédiats et urgents leur avait parfois laissé le loisir de songer à leurs ancêtres, ils auraient pu, autant que marquis, comte ou duc, en citer de fort anciens et de fort prisés.

L’abbé de la Rue prétendait que les jongleurs étaient en gaule les successeurs des bardes, transformés par le christianisme et continués sous une autre dénomination. D ‘autres théories mieux fondés, mettent ces mêmes jongleurs en rapport tantôt avec les anciens chanteurs germaniques, tantôt avec les anciens mimes latins.

Parlant de l’agrément que les gens de guerre trouvaient à la poésie épique, G. Paris écrit : « A l’origine, plus d’un de ces hommes d’armes composait sans doute lui-même et chantait ces chants épiques ; mais de bonne heure il y eut une classe spéciale de poètes et d’éxécutants. Ces hommes, héritiers en partie des scopas francs, s’appelèrent en français joglers….comme les musiciens ambulants et faiseurs de tours légués à la société nouvelle par la société gréco-romaine. »

Les jongleurs sont héritiers des scôps en tant qu’ils sont des poètes et des chanteurs épiques. « Les poèmes plus longs et plus exactement narratifs, écrit G. Paris, étaient faits et chantés par des hommes dont c’était la profession. Cette profession existait chez les Germains ; nous en connaissons au moins le nom anglo-saxon (scôp). En Gaule, ce furent les joculares ou joculatores qui prirent la place de ces chanteurs d’épopées. Les jongleurs étant, pour une des parts les plus brillantes de leur activité, les auteurs et les propagateurs des chansons de geste, le problème de leur naissance n’est pas autre que celui de la naissance des épopées. Nées dans les combats, échos des antiques conquêtes, elles ont eu leur berceau au milieu des armées. Les soldats chantaient des cantilènes, où ils célébraient les exploits des chefs et la gloire des batailles : plus tard , assemblées, organisées, ces cantilènes formèrent les premiers récits épiques.

Ainsi pour faire des jongleurs les successeurs des scôps, il ne suffit pas de dire que les uns et les autres chantaient des épopées. Il reste à se demander si, indépendamment des rapports extérieurs, des rapprochements généraux, théoriques et littéraires, on peut alléguer des faits, qui prouvent des scôps aux jongleurs une filiation, une succession réelle. C’est à quoi il faut répondre par la négative, étant donné ce que nous savons des anciens scôps.

C’était un usage très ancien parmi les peuples germaniques de célébrer par des poèmes la vaillance des héros : mais ces poèmes, dont la forme est tout à fait inconnue, étaient chantés par des chanteurs guerriers et non par des chanteurs de profession. Ces derniers paraissent pour la première fois chez les Goths, à une date où ils sont encore ignorés des francs. Mais aux environs du 6ème siècle, l’institution quelle qu’en soit l’origine, s’est propagée dans toute l’Europe occidentale. A partir de ce moment, des poètes, qui exécutaient eux-mêmes en s’accompagnant d’une sorte de harpe, se mettent à voyager de cour en cour en offrant leur service. Les anglo saxons les appelaient des scôps.

Donc qu’ils chantaient en s’accompagnant d’un instrument de musique ; qu’ils le faisaient pour un public et qu’ils s’employaient volontiers auprès des grands, qu’ils menaient une vie voyageuse, qu’ils étaient l’ornement des fêtes, qu’ils célébraient ordinairement dans des poèmes la bravoure des hommes de guerre, voilà les traits par lesquels les scôps et les jongleurs se ressemblent. Mais à condition d’affirmer qu ‘au même titre ils sont les parents des aèdes de la Grèce homérique et des griots de l’Afrique nègre.

Si le jongleur a un passé c’est en regardant vers Rome, vers les pays de mœurs latines.

 

Forains : bateleurs de la foire. Nom donné spécialement aux acteurs des théâtres de la foire, par opposition aux acteurs de la comédie française qu’on appelait les romains, à cause des sujets des tragédies empruntés en grande partie à l’histoire humaine.

 

Tauromachie ou les premiers acrobates : 18 siècles avant l’ère chrétienne, en Crète, le vase de stéatite découvert à Haghia Triada, les fresques des palais de Cnossos et de Phaïstos, les pierres gravées et les coupes exhumées par les archéologues offrent de nombreuses représentations d’adolescents qui feintent, sautent ou renversent des taureaux sauvages. (Peuple de l’époque égéenne).

 

1968 : devant les difficultés incroyables rencontrées par les artistes de toutes expressions pour travailler librement, la rue redevient le lieu de théâtre idéal, où le contact avec le public est direct. Elle retrouve ses lettres de noblesse. Le populo voit renaître sous ses fenêtres, à sa porte, sur ses pavés usés, dans ses cours et ses jardins, ses squares et ses places, le spectacle vivant.

 

Les spectacles ne s’introduisent que fort tard dans les foires où ils vont prendre le relais des soties médiévales.

Les historiens les font remonter au 1er siècle de la monarchie à une époque où le commerce ne se faisait que par caravane. Les marchands méprisés par les gens de l’église et souvent pillés par les seigneurs sur les terres desquels ils passaient , avaient à leur suite pour se concilier les habitants des villes, des bateleurs , des musiciens et des farceurs.

1595 les premiers comédiens s’établissent dans les foires où ils se placent sous la protection d’anciennes franchises .

Les romanichels précurseurs de nos modernes banquistes car ils fournirent en partie nos premiers saltimbanques . 

Le forain est avant tout un commerçant , à moins qu’il ne soit un artiste . Acrobate et jongleur sont des artistes chacun dans son genre . Soit mais en ce cas encore alors même qu’il ne vend rien , les talents de celui ci sont en quelque sorte une marchandise et cette marchandise là plutôt que de la produire dans un établissement stable , il préfère à l’aventure l’exploiter à ses risques et périls en gagne petit .

 

 

Recherche de ma fille Nathalie

 

 

 

Les artistes de la rue; un combat pour la liberté d'expression.

Le "pavé" comme outil de communication.

 

 

 

 

Ils ont débarqué comme ça, avec leurs roulottes, investissant les vieux quartiers avec une seule idée en tête: offrir aux spectateurs une part de rêve et permettent aujourd'hui aux gens de renouer avec le plaisir du spectacle.  Mais à l'origine était-ce leur seul but?

 

 Déjà, à partir du XVè  siècle et jusqu'à la Révolution, les comédiens forains se battaient contre les autorités.

 

 

   A cette époque, qui, mieux qu'un chanteur de rue, peut colporter des idées nouvelles grâce à de simples ritournelles?  Mais quel mal faisaient-ils?  On les accueillait avec joie.  Ils apportaient un peu de gaieté dans la monotonie des longues journées de labeur... L'artiste de rue avait son petit rôle social.

 

 

Qui sont-ils ces artistes sur le chemin de la marginalité?  Quel est leur combat pour la liberté d'expression?  Le public est-il prêt à manifester pour maintenir la survivance des saltimbanques?

L'art de la rue contient-il une détermination politique?  Comment arrive-t-on au métier de pitre de rue?  Quelles joies et quelle vie secrète rencontrent-ils?  Quel est leur rôle au sein de la société?

Sont-ils des clochards ou mendiants?  Peut-être moins que vous et moi...

 

   C'est donc animée d'un souci d'éclaircir toutes ces questions, que j'aimerais tant réaliser mon T.F.E. sur ce sujet bien souvent obscure et quelques fois tabou !

 

 

TABLE DES MATIERES

 

 

Introduction

        

Ë  Levons un coin du pavé...

         Ë  Méthode de travail

 

 

Chapitre premier

 

1.    Un après-midi sur le parvis

2.    Que veut dire "Saltimbanque" ?

2.1 la formation de l'artiste de rue

2.2 le statut du saltimbanque

3.  Histoire d'un préjugé

4.  Les saltimbanque à travers les âges...

4.1 le spectacle est dans la rue !

4.1.1 les Entrées Solennelles

4.1.2 les Processions

4.1.3 le Carnaval

4.2 la confiscation du spectacle de rue

4.3 1968

4.4 de nos jours...

 

 

Chapitre 2 : les différentes formes du spectacle de rue...

 

1.    Le théâtre de la foire

2.    La Commedia dell'arte

3.    Le "peuple du voyage"

4.    Le théâtre radical

 

 

 

Chapitre 3 : Les lieux de travail

 

1.  Le quartier Beaubourg

2.  Autres endroits de Paris

3.  Le métro

3.1 les artistes taxés comme des ambulants

4.  La rue

         4.1 la rue de "survie"

 

 

 

Chapitre 4 : le bateleur et son environnement...

 

1.    Le public du spectacle de rue

1.1 l'argent

2.    Les voisins

3.    L'attention de la presse

4.    Mais que fait la police ?

5.    Les saltimbanques jugés par les saltimbanques

5.1 leurs accords...

 

 

Chapitre 5 : de la scène à la rue...

 

1.    Avantages et inconvénients

2.    Les caractéristiques du spectacle de rue

3.    L'espace public

4.    Le spectacle de la rue et la fête...

 

 

Chapitre 6 : La législation...

 

1.    En France

2.    En Belgique

 

 

Chapitre 7 : le rôle des festivals...

 

 

Conclusion

 

 

Bibliographie

 

 

Annexes

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

Levons un coin du pavé...

 

 

On assiste depuis plusieurs années à une multiplication d'artistes se produisant dans l'espace public, en marge des institutions.

Bien que la vitalité et le dynamisme du spectacle de rue soient incontestables,  cet art reste une forme d'expression méconnue et sujette à plus d'une polémique.

 

         A l'heure actuelle, beaucoup de gens le considèrent comme un spectacle d'amateurs, comme un sous-genre ne méritant guère que l'on y porte une grande attention.

 

Pourtant le spectacle de rue est en vogue : les festivals qui lui sont consacrés prolifèrent[1], les médias commencent à s'y intéresser de près et le public le découvre avec eux. 

 

Le spectacle de rue n'est pas un phénomène récent.  Depuis le 15e siècle, il est présent dans la vie des collectivités.  La curiosité, l'étonnement et la surprise ont fait le plaisir de plusieurs générations de spectateurs.

On oublie bien souvent, qu'il est l'une des formes d'expression des plus anciennes et des plus populaires.  Une constante se profile au cours des siècles : la difficulté du spectacle de rue à s'imposer.  Les autorités d'hier (ecclésiastiques) et d'aujourd'hui (politiques) lui ont toujours mis des bâtons dans les roues.

 

Tout comme le milieu du cirque, il est difficile d'approcher celui des artistes de rue.  J'ai eu des conversations avec des dizaines de saltimbanques. Si leurs motivations à exercer ce métier restent difficiles à cerner, nous tenterons de nous renseigner sur les facteurs intervenant dans la variation des modes et des conditions de travail.

 

J'ai fait superficiellement connaissance avec quelques bateleurs[2]. Assez pour ne pas les gêner par ma présence, mais pas suffisamment pour devenir leur confidente. 

 

Certaines de mes questions sont restées sans réponses, quand celles-ci n'étaient pas inventées ou mensongères.  Malgré la difficulté à juger de la sincérité des réponses, il est possible de se faire une idée des moeurs en vigueur.  C'est la raison pour laquelle j'ai laissé telles quelles dans le texte des affirmations dont la véracité me semble douteuse.

 

Hormis les saltimbanques, les acteurs de la rue sont : le public, la police et les riverains.

 

Cette étude se propose d'analyser la vie quotidienne, les conditions de travail, les rythmes de vie et les relations entre les groupes précités.

Ce texte abordera également de façon accessoire les origines, le train de vie ou la situation des saltimbanques dans la société contemporaine.

 

Une partie de ce travail de fin d'étude s'attachera  à retracer l'histoire du spectacle en espace public.  Mais elle ne s'en tiendra pas à décrire une esthétique : le spectacle de rue est avant tout une forme d'expression, c'est -à- dire de communication, ce qui implique de se pencher aussi sur le rapport qu'il entretient avec son public et sur l'évolution de cette relation.

 

Enfin, je tenterai de donner un aperçu de la vie des artistes de rue, des difficultés qu'ils rencontrent.  Je  me pencherai sur le rôle que jouent les festivals dans l'existence et la reconnaissance de la pratique de la rue.

 

Ce que nous avons de mieux à faire, c'est de nous plonger dans son univers et de tenter de le cerner par différentes approches, de l'observer sous tous ses angles.  Ces divers points de vue seront : l'espace, le jeu et le public du spectacle de rue.

J'ai choisi d'étayer ces chapitres par des spectacles que j'ai eu l'occasion d'apprécier récemment et dont les photos pourront éclairer le lecteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

Méthode de travail

 

 

Toute étude de ce type commence d'abord par le dépouillement de la bibliographie concernant le sujet traité.  Celle-ci s'est révélée tout-à-fait insuffisante.  En effet, bien que les ouvrages traitant du spectacle en général restent toujours d'actualité, ceux consacrés au spectacle de rue en particulier datent. Il n'existe que très peu de littérature sur les bateleurs de nos jours, voire de notre siècle. Ce qui surprend à côté de la relative abondance aux siècles précédents, mais (surtout  fin du 19e siècle).

 

Dans mon étude, la littérature a servi essentiellement à l'aperçu historique des saltimbanques. 

 

Les saltimbanques étant encore nombreux sur le bitume.  Il était par conséquent indispensable d'aborder cette question par une observation sur le terrain.

 

Tout d'abord, il s'agissait d'assister à un certain nombre de spectacles de rue afin d'en avoir une image précise, de rencontrer de nombreux artistes de rue et de réaliser leurs interviews.

Afin de mener à bien ce travail de fin d'étude, je me rendis dans les lieux publics et les espaces libres (Beaubourg, Montmartre, Saint-Germain-des-Prés, métros bruxellois, festivals divers).

 

Le texte est basé sur des informations recueillies au cours de plusieurs visites à Paris, variant entre 15 minutes et une journée entière, entre avril et mi-mai 1998.

Au cours de ces visites j'ai interrogé des saltimbanques, des visiteurs et des agents de police.

A ces entretiens s'ajoute ma propre observation de la vie d'artiste de rue.

 

Mes conversations avec les saltimbanques se sont déroulées sur leur lieu de travail ou dans les cafés du quartier, souvent durant la pause entre deux spectacles.

En dehors de l'éventuelle méfiance des bateleurs à mon égard, il est vraisemblable que leurs réponses aient varié suivant la présence, l'arrivée ou l'intervention d'autres personnes dans la conversation.  Le climat des entretiens a aussi été influencé par la plus ou moins grande hâte des saltimbanques de recommencer leurs spectacles.

 

Le nombre réduit d'interrogés ne permet pas d'établir des conclusions générales. les personnes interviewées ne sont pas un groupe homogène, mais présentent une grande variété quant aux métiers, quant à leur expérience, etc... 

Il s'agit ici plutôt d'explorer cette variété.

J'ai interrogé X visiteurs du parvis.  Un échantillon si limité ne permet naturellement ni quantification des comportements, ni conclusions sérieuses. Mais, il a le mérite d'exister et de donner une idée.

 

Partant d'un nombre de questions préparées à l'avance, les entretiens avec les spectateurs ont surtout eu le caractère de conversations spontanées, de longueur variable.

 

Malgré l'échantillon réduit, j'ai rendu les résultats de mon enquête en pour-cent, ce qui, sans prétention de précision statistique, facilite la lecture.

 

Mes contacts avec la police se composent d'interviews succinctes avec les agents en service.

 

Je n'ai pas rencontré de riverains.  La nécessité de questionner un nombre important de riverains avant de pouvoir formuler une idée sur les attitudes des habitants et des commerçants du quartier m'a incité à renoncer à la méthode de l'enquête.

La presse m'a bien entendu apporté des informations sur la vie des artistes de rue.

 

Pour terminer, il est important de préciser que certains chapitres seront illustrés par des photos de spectacles observés. Le lecteur pourra, de la sorte, se faire une image plus claire des spectacles proposés.

 

 

 

 

 

 

Chapitre premier

                                

 

 

                                    "—Et de quel instrument jouez-vous Monsieur,

                       Qui vous taisez et qui ne dites rien ?

                     _Moi je joue de l'orgue de Barbarie

            Et je joue du couteau aussi,

          Dit l'homme qui jusqu'ici

              N'avait absolument rien dit."

 

                                                                                      Monsieur Jacques Prévert

 

 

1.  Un après-midi sur le parvis

 

 

Le flâneur qui ne connaît pas l'attraction de Beaubourg est vite attiré par des grappes humaines, bouchant presque entièrement l'entrée de la place en pente.  Nous le suivons à la découverte du spectacle...

 

Au milieu du cercle avance d'un pas raide et saccadé un robot habillé de rouge.  Arrivés plus près, nous découvrons que le robot est vêtu d'une queue de pie et qu'il a quelque chose d'humain.  Il s'avance droit sur le public comme s'il voulait briser le cercle de spectateurs et s'échapper.  Des spectateurs peu rassurés s'écartent pour le  laisser passer, mais il se ravise et continue son tour à l'intérieur du cercle.  Revenu au point de départ, il s'arrête et monte sur son petit podium. Levant lentement l'avant-bras, il porte la main droite à la hauteur de son visage et salue d'un geste bref ses spectateurs.  Le public reste curieux de voir comment il va opérer la transformation du robot à l'être humain.  Il fouille dans sa poche, trouve une pièce et la tient entre le pouce et l'index.  Il la montre bien à son public et la pose dans le chapeau claque qu'il a ôté de sa tête, faisant ainsi comprendre qu'il veut être payé.  A chaque pièce qui tombe ensuite dans son chapeau, il s'incline rapidement.  Lorsque des spectateurs malicieux déposent deux pièces à la fois, il se courbe rapidement deux fois.

D'autres spectateurs rusés envoient leurs enfants avec la pièce.  L'automate baisse alors sa main tenant le chapeau, qui oscille comme un levier suspendu à un ressort, remercie et remonte ensuite le chapeau à sa hauteur initiale.

Cette quête, qui fait partie du spectacle, dure aussi longtemps que le public trouve amusant de mettre l'automate à l'épreuve.

 

Nous partons avant que le public se disperse et frayons un chemin dans l'étroit passage qui reste ouvert pour descendre sur la place.  Sur notre gauche, une foule entoure un groupe de musiciens latino-américains.  Le cercle est large car au milieu se sont assis de nombreux amateurs, ceux qui restent longtemps pour apprécier.

 

Regardons ce qui se passe à côté de ce cercle.  Le torse nu, un foulard autour de la tête, quatre jeunes préparent leur prochaine séance.  Devant eux sont disposés une planche à clous et un tapis sur lequel l'un d'eux casse des bouteilles avec un marteau.

 "Bon, alors, tu cloches," dit l'un d'eux.  L'autre agite une cloche et crie ensuite "ho, ho, ho, ho!".  Une foule se constitue vite.  Beaucoup d'entre eux s'assoient par terre.  Ils demandent quatre-vingts francs pour montrer leur spectacle.

"Agressez-nous de pièces de cinq balles, on vous dira rien...  Je vous précise que les pièces jaunes ne comptent pas...  Les cinquante centimes ne comptent que quand il y en a deux", disent-ils en attendant que les pièces tombent dans leur chapeau!

 

Les fakirs ont parfois du mal à couvrir de leurs voix les rythmes de percussion venant de plus bas sur la place.  Nous nous dirigeons vers cette source de bruit, un groupe est composé d'une majorité de Maghrébins.  Au milieu, résonnent les tam-tams.  La communion avec le public est frappante.  Nombreux tapent des mains, entamant un refrain connu.  Nous sommes loin des soucis du quotidien!

 

Nous quittons ces refrains nostalgiques pour regarder un couple de mimes.  Le spectacle semble peu construit et les spectateurs restent moins longtemps.

 

Juste à côté, s'est installé un hypnotiseur.  Il se tient debout entre deux tréteaux, expliquant comment procéder pour endormir une personne de l'assemblée.

 

Plus haut, un jeune homme maquillé comme un Pierrot ondule doucement aux sons d'un lecteur de cassettes posé par terre à côté de lui.

 

En haut de la place un homme arrive avec une bicyclette.  Il s'arrête.  Après avoir jeté quelques poignées de graines aux pigeons, qui l'ont reconnu de loin, il les chasse.  Perché sur un podium il proclame : "La société caca - pipi - tata -capitaliste".  Et il continue : "Prenez pas le métro à Paris!  Prenez le pouvoir!...  Aimez-vous les uns sur les autres...  Les Français sont bien con-ditionnés...  Nous sommes tous des con- damnés à mort...  Europe 1 c'est naturel-ment!...  Mais vous vous êtes contents, cons - tant mieux."  Il vend son journal et une fois terminé, il enfourche sa bicyclette et disparaît.

 

Tous ces spectacles ont véritablement eu lieu, mais pas dans la même journée, ni tous aux mêmes endroits.  Cette description n'est qu'une sélection restreinte de la variété des numéros auxquels j'ai assisté.

Il m'a semblé utile, avant d'analyser plus en détail ce "phénomène", de donner un aperçu global de ce que sont les saltimbanques.

 

 

2.   Que veut dire "Saltimbanque" ?

 

        

Il est utile d'expliquer quelques termes qui apparaissent fréquemment dans la presse, car ces termes sont parfois assimilés ou différenciés de façon vague.  Les définitions sont tirées  pour la plupart du dictionnaire Larousse.

 

Baladin : (1545) danseur ou danseuse de théâtre. 

     Au 17e siècle, désigne des bouffons comme Arlequin et Scaramouche.   

     Farceur de place publique, il "exerce ainsi la balade."[3]

 

Bateleur : (13e siècle baastel = marionnette.  Eventuellement du bas-latin :

                bastaxius

                = crocheteur, jongleur ou de basteau = petit bâton, baguette).  Faiseurs    

                de tours de force et d'escamotage sur les places publiques.  Au 16e 

                siècle, basteler voulait dire, faire le sot.

 

Forain : (12e siècle)  Le marchand ambulant fut appelé marchand forain au 18e

             siècle.  Par une confusion, les gens de la foire, en passant par la forme de

             transition "foirain" ont reçu le nom de forains.  Les forains sont des

             acteurs ou bateleurs qui se produisent dans les foires et les fêtes 

             publiques.

 

Jongleur : (12e siècle jongler = jouer, 16e siècle jongler = faire des tours).

                Au Moyen-Age le jongleur était un ménéstrel qui chantait des chansons

                de geste en s'accompagnant d'un instrument.  Il devient par une

                extension péjorative, un joueur de tours de passe-passe, un bateleur qui

                lance en l'air des boules et des cercles.

 

Ménestrel : (1827)  Poète musicien médiéval, de basse condition, particulièrement

                  joueur d'instrument.

 

Ménétrier : (1272 comme ménestrel du latin minister = serviteur).  Homme qui

                 joue du violon pour faire danser.

 

Mime : (16e siècle).  Acteur de pièces familières et bouffonnes, chez les Grecs et        

            les Romains.  Le sens du mot mime est imitateur.

 

Saltimbanque : (1560).  Le nom vient de l'italien "saltimbanco", celui qui saute sur

                       un banc.  Les saltimbanques étaient au début des vendeurs de

                       drogues et de médicaments, qui montaient sur des tréteaux pour   

                       faire des tours afin d'attirer le public, pour ensuite vendre leurs    

                       produits.  Ils sont définis comme des bateleurs faisant des

                       exercices sur les places publiques.  Utilisé péjorativement, le terme

                       veut dire aussi "bouffon de société", "mauvais orateur dont les

                       gestes sont outrés et ridicules".

        

La valeur du mot saltimbanque a subi des variations et a souvent été une expression de mépris.  L'auteur de "Les Charlatans Célèbres", prend la défense des saltimbanques en 1819 : "Leurs talents ne sont pas seuls traités avec cette injustice, il en est de même  pour le génie, auquel on a donné le nom burlesque de "farce"; et voici qu'un auteur encyclopédiste ose prétendre que la "farce" n'est autre qu'un comique grossier, absolument indigne de plaire à la bonne compagnie".[4]

 

         C'est ainsi que le maire de Paris s'enthousiasmait dans les années 70 à l'évocation des spectacles improvisés dans la rue : "Je demande que l'animation culturelle devienne une habitude, que la poésie dans les rues de Paris soit réanimée car la poésie ne doit pas, en effet, se cantonner dans les salles de théâtre ou sur les coins des rues".[5]

 

         Le clown Pipo a son idée sur l'origine du mot saltimbanque : "Le mot Saltimbanque, paraît-il à ce que mon père m'a dit... d'après lui, le mot BANQUE, viendrait d'un type qui voyageait avec les forains et qui prêtait de l'argent aux forains.  Mais le type était un peu sale, si vous voulez.  Alors, on l'appelait le SALE -t-BANQUE.  Je ne sais pas si c'est officiel, mais je vous le vends comme je l'ai acheté".[6]

 

         L'art des saltimbanques a marqué et reflété la vie de la cité depuis l'Antiquité jusqu'au début de notre siècle.  Il est l'une des formes principales du spectacle populaire, à l'origine de plusieurs genres, la Commedia dell'arte, l'opéra comique, le cirque, ...

 

         On retrouve, dès le 11e siècle, des bateleurs dans toutes les grandes villes d'Europe.  Ils offraient des divertissements quotidiens en dehors des réjouissances qui marquaient les grands moments de l'année.  Ils exerçaient aux carrefours et sur les places les plus fréquentées, comme le Pont-Neuf à Paris, installés sur des tréteaux ou à même la rue et donnaient toutes sortes de spectacles basés en grande partie sur l'improvisation et accordant une large place à la musique.  Ils accompagnaient les médecins ambulants, les vendeurs de tisanes, les arracheurs de dents et autres...  et par leurs boniments incitaient le public à acheter les produits qu'ils proposaient à la fin de la représentation : médicaments, poudres magiques, pommades,...

 

         Ces spectacles constituaient une des premières formes de publicité et connaissaient une grande popularité auprès des foules.  Les bateleurs étaient associés aux charlatans.  La coutume était de faire précéder la vente de chansons, d'acrobaties, de tours de singes et d'un dialogue comique entre l'opérateur et un compère qui prenait le public à partie.

 

         La tradition des saltimbanques s'est maintenue jusqu'à nos jours, même si ceux-ci ne sont plus attachés au service des charlatans.

 

 

2.1  La formation de l'artiste de la rue...

 

         Certains pensent que le spectacle de rue est un spectacle d'amateurs, la salle étant réservée aux professionnels.  Cette idée préconçue s'est révélée fausse au cours de ce travail : de nombreux artistes de rue sont issus des conservatoires, ont été formés, maîtrisent les techniques du cirque,... (mais le cirque n'est-il pas considéré lui aussi comme un art mineur ?).

 

         S'il est vrai que dans la rue on rencontre plus qu'ailleurs des autodidactes, des comédiens formés "sur le tas", la meilleure école du spectacle n'est-elle pas celle qui pousse les artistes devant le public, qui lui fait prendre conscience de la difficulté de jouer, du travail à effectuer et de ses propres capacités ?

 

Les spectacles accordent une place primordiale à l'improvisation car ils ne peuvent pas ignoré les "accidents" de la rue (une voiture qui passe, un chien qui aboie, un enfant qui crie,...)  ni les comportements du public.  De ce fait, ils ne sont jamais identiques, ils se transforment selon les situations qu'ils rencontrent.  Ce sont des spectacles plus intimistes et qui reposent entièrement sur les comédiens.

 

         La rue est une excellente formation où le "premier prix" à décrocher serait les rires et les applaudissements du public.

 

         Pour entrer dans une troupe de rue, aucun diplôme n'est exigé.  Par contre, les qualités demandées sont nombreuses : outre le fait qu'il doit être bon, il doit être polyvalent (monter un décor, coudre son costume, clouer ou souder, négocier un contrat éventuellement).

 

         Nous voyons qu'il est hors de question de considérer les artistes de rue comme des amateurs.  Ce sont des professionnels à part entière!

 

 

2.2  Le statut du saltimbanque...

 

         Le vedettariat existe rarement au sein des saltimbanques.  Les artistes de rue n'ont jamais la mentalité de "star".

 

         Chacun est polyvalent.  Les artistes de rue sont aussi bien comédiens que soudeurs, déménageurs ou cascadeurs.  Ces artistes s'appellent, non sans quelque fierté, les "artistes aux mains sales".

 

         Bien plus qu'un style de vie, il s'agit avant tout d'un choix de vie.  Les artistes de rue restent toujours considérés comme des marginaux.  Le manque de moyens financiers les maintient en marge de la société.  Bien qu'ils fournissent un travail considérable, ils ont ainsi un statut social peu valorisant.

Aussi succombent-ils parfois aux tentations pécuniaires.

 

         Les villes, elles aussi se mettent à passer commande pour des spectacles de rue.  Entre l'argent et la liberté artistique, le choix peut devenir douloureux pour ces artistes dont beaucoup se méfient de l'institutionnalisation et des administrations.

 

 

 

 

3.  Histoire d'un préjugé

 

 

En 1585, invoquant des raisons d'ordre moral, le pape Sixte V bannit les comédiens de ses Etats.  Nombre de princes imitent son exemple, certains tolérant toutefois les troupes mixtes, mais les castrats unanimement préférés aux dames.  A l'autre bout du monde, la société traditionnelle orientale relègue dans la plus basse classe les bouchers, les prostituées, les chamans et les acteurs.

 

La licence notoire, avérée, des paillasses de foire et autres gugusses, a rejailli sur l'ensemble des exhibitionnistes du tréteau, ces saltimbanques au sens de "saltimbanco : qui saute au-dessus d'un banc".  L'emprise religieuse ressortit du libellé des règlements de la police civile; ainsi un document de 1560, reprécisé en 1588, toujours en vigueur au XVIIIe siècle, défend-il aux "bateleurs" de "jouer les dimanches et les jours de festes, aux heures du service divin, de se vestir d'habits ecclésiastiques et de jouer des choses dissolues ou de mauvais exemple, à peine de prison et de punition corporelle."

 

Edicté le 22 février 1635, l'article Ier des statuts de l'Académie française stipule : "Personne ne sera reçu dans l'Académie qui ne soit agréable à Mgr le protecteur et qui ne soit de bonnes moeurs, de bonne réputation, de bon esprit et propre aux fonctions académiques."  Voilà qui, "bonnes moeurs" et "bonne réputation" mises en avant, exclut les comédiens.

        

Le rituel du diocèse de Paris, en usage au même moment, rejette, en effet, de la vaste famille des chrétiens, les "personnes publiquement indignes, tels que ceux qui sont notoirement excommuniés, interdits et manifestement infâmes, comme les prostituées, les concubinaires, les comédiens, les usuriers, les magiciens, les sorciers, les blasphémateurs et autres semblables pêcheurs".

 

Le 16 avril 1641, signant une Ordonnance généreuse et très en avance sur l'opinion, sa main guidée par un cardinal de Richelieu friand de théâtre, Louis XIII relève les amuseurs de la déchéance sociale qui les frappe.  Voeu :

"En cas que les dits comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu'elles soient, du tout, exemptes d'impuretés, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudice à leur réputation dans le commerce public".[7]

"Le Diable joue.  C'est à cela qu'on le reconnaît.

C'est le grand Acteur.  Et c'est pourquoi l'Eglise a maudit les comédiens."

 

Jean Genet, Le Balcon

 

4.  Les saltimbanques à travers les âges...

 

 

         Si les montreurs de marionnettes ont la réputation d'être les plus anciens présentateurs de spectacle populaire[8], c'est aux mimes de l'Antiquité que l'on attribue le rôle d'ancêtre des saltimbanques du Moyen-Age[9].  Ils deviennent des artistes ambulants, allant de fête en fête, civiles et religieuses, et de foire en foire.  Ils se transformèrent en illusionnistes sillonnant les pays dès le 4e et 5è siècles[10].

 

Le Moyen-Age est le véritable héritier des animations de rue.  L'Eglise va influencer considérablement ce "phénomène".[11]

Les églises, et surtout les cathédrales, seront pendant des siècles les seuls lieux de représentation (puisque les cirques ont disparu du paysage urbain).  Les cathédrales vont prendre une place considérable dans les villes. Une place hors de proportion avec le strict rôle de service du culte : elles vont devenir haut lieu de la vie sociale et lieu de fêtes.

 

         Le clergé encourageait les représentations.  Il visait à fidéliser les croyants.  Ces jours de spectacles représentaient pour le peuple un divertissement gratuit, un jour hors de la routine.

Mais le recueillement et le respect dûs au Saint-Lieu ne caractérisaient pas ces foules turbulentes et indisciplinées.[12]

 

         Jugeant que les irruptions du profane dans le sacré sont fréquentes, les autorités ecclésiastiques finissent par tenter de ramener l'ordre et la paix dans la maison du Seigneur!

 

         Les condamnations des évêques se feront de plus en plus fréquentes.  On rappellera que l'église est un lieu saint et que les représentations ne doivent pas tourner en fêtes joyeuses et oublier leur raison d'être.

Chassés du choeur de l'église, ils vont émigrer sur le parvis puis sur la place publique.

 

        

4.1  Le spectacle est dans la rue...

 

         Le spectacle rejeté dans la rue, va dès lors connaître son plus grand développement et s'adresser à l'ensemble de la population.  Alors qu'ils se donnaient en latin, les spectacles vont se donner en langue "vulgaire".  Ils toucheront alors un public beaucoup plus large. Dès lors, le lieu et la langue perdant leur caractère religieux, les sujets eux aussi deviennent profanes.

Les artistes seront condamnés par le clergé ainsi que par les autorités.

 

         Depuis toujours, les saltimbanques se sont battus contre les autorités.

Ces autorités réussirent à faire interdire les dialogues dont se régalait le public au cours des saynètes qui se jouaient sur les tréteaux.  Qu'à cela ne tienne!  Les comédiens chantèrent.  On supprima le chant.  Ils mimèrent.  Chaque fois qu' une interdiction tombait, ils trouvaient de nouveaux moyens d'expression.  La foule se pressait pour les voir!

Bientôt les tréteaux furent interdits...Ils devinrent acrobates.  Sous la pression des autorités qui croyaient détenir la vérité, il y eut ainsi des siècles et des siècles de combats.  Mais la raison fondamentale de ces combats n'était pas la gêne que pouvait occasionner un spectacle sur la voie publique.  Il faut plutôt regarder du côté des idées et des rumeurs colportées par ces voyageurs de l'art.  Ils étaient considérés comme dangereux, donc intolérable.  A proscrire!

 

On ne se contente plus d'illustrer ou de représenter un événement; on cherche désormais à plaire, à divertir et à faire rire. Ces spectacles humoristiques n'ont absolument plus rien de sacré.

 

         Installées dans l'espace urbain, les représentations prirent une ampleur telle que toute la ville fut rapidement investie, pour accueillir davantage de spectateurs.  Le spectacle est ainsi un art qui s'adresse à l'ensemble de la population.

 

 

De nombreuses fêtes rompent la routine des jours et des travaux.  Fêtes religieuses mais aussi célébrations politiques et civiles : jeux, compétitions, processions, cortèges, Carnavals,... occupaient le haut du pavé.

 

Nombreuses étaient les occasions de réjouissances publiques en plein air. Réjouissances grandioses qui duraient souvent plusieurs jours et naissaient parfois de circonstances inattendues ou d'événements particuliers.

 

4.1.1  Les Entrées Solennelles.

 

La visite d'un souverain ou d'un ambassadeur dans une ville permettait en effet de se réjouir à grands frais et donnait lieu à des cortèges magnifiques.

 

Toute la ville se trouvait alors transformée et décorée : les rues étaient nettoyées de leur fumier et jonchées de fleurs.  Des chars y circulaient, des fontaines et des arcs de triomphe étaient dressés sur les places,...  Aux carrefours des rues se déroulaient des spectacles de tous genres : clowns, mimes, saynètes,...[13]

 

 

4.1.2  Les Processions.

 

Les grandes fêtes des Saints étaient aussi l'occasion de véritables spectacles.

 

Ces divertissements populaires mobilisaient une vaste audience : des milliers de personnes envahissaient alors la cité pour admirer les fastes déployés.  Beaucoup venaient dès l'aube pour se réserver la meilleure place et ne rien rater du spectacle.  Toute la ville collaborait à ces fêtes.

 

Ces grands rassemblements provoquaient de nombreux désagréments: l'ivresse, l'excitation, le nombre accru d'étrangers, de maraudeurs étaient des risques d'effusion de sang.

 

 

 

 

Les jours de fête entraînaient un dérèglement de l'ordre social, une anarchie inhabituelle : "C'est un bouleversement complet de la cité; les portes de la ville sont fermées comme pour un siège et les gardes des temps troubles sont à leurs postes".[14]

 

4.1.3  Le Carnaval.

 

         Le Carnaval prendra vite les formes les plus variées et les plus extravagantes selon les régions.  Aussi vaut-il mieux parler "des" Carnavals.

 

         Malgré leur diversité, ils célébraient partout le printemps, le renouveau de la nature.  On fêtait dans l'abondance les derniers jours avant l'abstinence du Carême et on expulse l'hiver.

 

         Le Carnaval était le type même de la fête populaire, la fête de tous, sans conditions d'âge, de rang ou de fortune.  Par ces quelques jours de défoulement, les habitants prenaient véritablement possession de leur cité.  Ici plus que jamais, la ville toute entière vivait au rythme de la fête.

 

         Le carnaval avait aussi une dimension sociale et politique.  C'était le seul jour de l'année où les "grands" (aristocrates, bourgeois, princes,...) perdaient leur titre au profit du petit peuple.  Par leurs spectacles, les saltimbanques stigmatisaient cet état de fait.

        

Même si les spectacles du Carnaval restent essentiellement des divertissements, il en émane souvent une critique de la société, une satire des moeurs.  Ils font preuve d'une grande fantaisie et imagination.

 

         La faveur dont ils jouirent auprès du public prit fin lorsque l'Eglise se dressa contre eux en partie parce qu'ils n'hésitaient pas à la critiquer.  Victimes de la dénonciation de l'Eglise, de la misère et des calamités publiques, les bateleurs disparurent presque entièrement aux 9e et 10e siècles[15].  Ce ne fut que grâce aux troubadours du 12e siècle qu'ils reconquirent l'estime du public[16].

 

        

 

A cause de la crainte qu'inspiraient les saltimbanques, il leur fut impossible de rester sédentaires.  Dès lors, ils devinrent des errants.  Malgré son instabilité et son isolement, la vie ambulante, attirait les esprits aventuriers.  Ainsi écartés de la vie sociale, les artistes errants transmettaient leurs secrets à travers les siècles.  La peur des populations sédentaires leur valut jusqu'au 18e siècle d'être considérés dans les campagnes comme des sorciers.

 

         Cependant, les royautés ont souvent demandé la présence des saltimbanques pour accentuer le faste de cérémonies comme les entrées triomphales.  Parmi les amateurs royaux de bateleurs, citons Charles VIII, Louis XIII et Marie d'Angleterre[17].

 

         "Peu à peu, on voyait apparaître : les chanteurs, ensuite les jongleurs, puis vinrent les joueurs et enfin, les bateleurs"[18].

 

         Sur le répertoire d'une troupe familiale honnête devait se trouver les numéros suivants : marche sur une corde raide, jonglage, tours d'équilibre, contorsionniste et toutes les variétés d'exercices sur le tapis et tremplin.[19]

 

         On distinguait entre la "grande banque" et la "petite banque", les exécutants s'appelant des "banquistes".  C'est par ce terme, ou encore "circassien", que se désignent les artistes de cirque de nos jours. 

A la petite banque appartenaient les artistes modestes travaillant en plein air ou dans des loges très humbles, animant seuls leurs spectacles.  Dans cette catégorie était aussi inclus "l'entresort", une baraque à spectacle permanent, sans commencement ni fin, tel que l'exposition de monstres, voir Barnum « The Freaks ».  On entre, on sort!

 

         Tandis que la petite banque reste presque inchangée à travers les siècles, la grande banque est celle de la grande acrobatie toujours plus audacieuse et plus perfectionnée.  Les artistes de la grande banque sont les acrobates des cirques de nos jours.  Ce fut à la fin du 18e siècle qu'arriva la grande nouveauté dans la représentation du spectacle.  Reprenant les démonstrations de dressage de chevaux, l'Anglais Astley inventa de les représenter à un grand public, dans un espace fermé et couvert d'un toit en toile avec, pour les spectateurs, une tribune qui n'allait pas tarder à devenir le gradin du cirque contemporain.  Les dimensions de la piste étaient dues aux nécessités des manifestations équestres.

Paris vit son premier cirque Astley inauguré le 9 juillet 1782.[20]

 

         Astley inclut aussi à son spectacle ce qui devait devenir les clowns, les "colons" (= paysans en anglais du 18e siècle).  Le premier Auguste de l'histoire du cirque apparut dans la personne de Tom Beeling, en 1870.[21]

 

         Une des attractions les plus importantes des fêtes foraines de la fin du 18e siècle fut les Hercules, souleveurs de poids.  Les lutteurs de foire suscitèrent un grand intérêt.  Fidèles aux traditions, les saltimbanques du 19e siècle suivirent le calendrier des foires et kermesses.

 

         Les saltimbanques de jadis sont évoqués en termes nostalgiques comme des artistes de qualité qui aimaient leur métier, qui aimaient ce qu'ils appellent "le feu sacré", contrairement à ceux de nos jours, qualifiés par les vétérans de "ramasseurs" et "faux saltimbanques".

 

 

En conclusion le spectacle médiéval, nous l'avons vu, recouvre de très nombreuses formes de spectacles urbains.  Assister à des spectacles dans la rue était à cette époque tout-à-fait naturel et courant.  Ces représentations étaient, plus qu'à toute autre époque, marquées par la spontanéité.  Elles étaient alors réellement assimilées à une fête, à un jour hors du commun.

 

         L'assimilation du spectacle à la fête est une notion qui a complètement disparu avec l'officialisation des cabarets et théâtres, pour réapparaître au 20e siècle dans la recherche d'une nouvelle communication avec le public (recherche dans laquelle s'inscrit bien sûr le spectacle de rue).

 

         Nous avons vu combien le spectacle à l'époque médiévale était un spectacle "ouvert", accessible au public le plus varié.  En quittant les églises, il a pu réellement s'épanouir et s'élargir à des genres très différents.  Il nous faut observer maintenant le processus par lequel il a été peu à peu "confisqué" par la bourgeoisie.

 

 

 

 

4.2  La confiscation du spectacle de rue...

 

         Au 17e siècle, l'idée se forme de déplacer le spectacle dans un édifice autonome, idée qui mènera à l'avènement de la scène.  Des architectes comme Serlio, Palladio ou Sabattini font une découverte fondamentale : la perspective.

Le décor classique fait alors son apparition.

 

         Plus tard, lorsque la salle sera plongée dans l'obscurité pour focaliser l'attention sur la scène, le public se repliera alors tout-à-fait sur lui-même et tout contact avec les artistes sera exclu.

 

         L'apport indéniable du 18e siècle est d'avoir enfin considéré le spectacle comme un art véritable et de lui avoir donné sa place dans la culture officielle.  Les formes populaires comme le théâtre forain ou la Commedia dell'arte disparaissent.

 

         Nous comprenons dès lors à quel point est fondamentale la remise en question de l'expression au début de notre siècle.  En effet, au 20e siècle, des metteurs en scène vont s'élever contre la mainmise de la bourgeoisie sur les spectacles et contre son conformisme exagéré.  Si ces tentatives ne mènent pas directement à la renaissance des arts de la rue, elles l'ont tout de même favorisé.  Elles vont en effet permettre de reconsidérer le rapport entre les artistes et le public et redécouvrir que le spectacle n'est pas forcément lié à un bâtiment conventionnel mais qu'il peut investir d'autres lieux, et même qu'il y est obligé s'il ne veut pas mourir asphyxié.[22]

 

 

 

4.3   1968

 

         Les événements de mai 68 accélèrent l'émergence du spectacle de rue.  L'heure est à la marginalité, au refus du système et l'attitude à l'égard de la culture est remise en question.  De plus en plus de troupes s'expriment et descendent dans la rue qui redevient pendant cette période un lieu de discussion et de réunion.  L'idée est de redonner au spectacle sa valeur de fête populaire, qu'il redevienne l'occasion de se réunir pour faire la fête.

 

         Le Magic Circus joue souvent ses parades dans la rue.  Ce sont des spectacles bariolés, provocateurs, chahuteurs, qui déclenchent des émeutes sur leur passage.[23]

        

         Ce sera surtout pendant les années 80 que le spectacle de rue commencera vraiment à s'épanouir.  C'est en effet à cette époque qu'il passe d'une situation marginale à une fonction culturelle reconnue.  Les festivals se mettent en place...

 

        

 

4.4  Jusqu'à nos jours...

 

 

         A la fin du 19e siècle, se développe un courant populaire de "spectacle pour le peuple" c'est-à-dire, qui permettrait l'expression des masses.  Il s'agit de conquérir un public qui ne se rend habituellement pas au spectacle et de l'initier.

 

Depuis le début des années 80, les arts de la rue sont en plein essor.  Les troupes de rue se multiplient chaque année et des festivals comme celui d'Aurillac ou de Chalon-sur-Saône réunissent des milliers de spectateurs.  Tout permet de croire que le spectacle de rue à encore de très longues années  devant lui!

        

On revendique un "théâtre pour tous", qui rassemble le plus grand nombre et rejette les discriminations sociales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                               "Rien n'empêche plus la roulotte des saltimbanques

                           d'emporter très loin son théâtre éphémère..."

 

Pierre Moinot[24]

 

Chapitre 2 : Les différentes formes du spectacle de rue...

 

 

1.  Le théâtre de la Foire

 

 

         Dès le début du 17e siècle, on trouve sur ces foires des faiseurs de tours de passe-passe, puis des funambules, des acrobates sur échasses, des montreurs d'animaux savants et de marionnettes.

 

         Il a dès le début les faveurs du public.  En effet, les Forains se heurtent au monopole de la Comédie-Française désertée par le public à force de vouloir respecter la tradition.  La Foire offre au public ce qu'il ne peut pas trouver à la Comédie-Française : la fantaisie, la liberté d'imagination et la critique burlesque de la société.  Tout y est prétexte à faire rire.  La noblesse et l'autorité royale sont ridiculisées.  Aussi le pouvoir royal, à mesure qu'il devient autoritaire, renforcera les interdictions.  Mais celui-ci réussira chaque fois à détourner la loi.  A l'interdiction de l'usage du dialogue, il répond par le monologue.  Le public ravi se presse pour découvrir les dernières parades aux interdictions.

 

         Il faut souligner combien les luttes pour sa survie ont marqué son caractère, fait son originalité et instauré une complicité exceptionnelle avec les spectateurs.

 

         Au 18e siècle, les Forains seront enfin tolérés.  On leur reconnaît le droit de jouer mais cette considération marquera aussi la fin de leur pouvoir.  La Foire va lentement disparaître.

 

 

2.  La Commedia dell'arte

 

         Au 16e siècle éclôt en Italie l'art de la Commedia dell'arte qui connaîtra rapidement le succès dans toute l'Europe.  Ce genre accorde un rôle fondamental à la spontanéité.  L'improvisation est si caractéristique de la Commedia dell'arte qu'elle fut également appelée "Commedia all' Improviso".

 

         L'acteur est ici prédominant.  Tout est basé sur son expression corporelle, ses mimiques, son jeu de masque, son pouvoir de répartie.  Les personnes imitées sont des personnages populaires caricaturés (le Docteur, la Servante, l'Amoureux, l'Avare,...) facilement reconnaissables.  En effet, la Commedia dell'arte reflète la vie sociale.  D'emblée elle instaure un rapport de connivence avec le public (qui reconnaît dans ces personnages ses propres voisins, son entourage) et emploie un langage accessible à tous, quelque soit leur nationalité ou leur classe sociale.

 

         Grâce à la simplicité de ses effets comiques et à la prééminence du geste sur le texte, la Commedia dell'arte peut franchir toutes les frontières.  A l'origine, la plupart des troupes sont itinérantes.  Elles jouent dans des salles de spectacle mais souvent en plein air.  Ces nombreux déplacements l'empêchent de s'encombrer d'un lourd matériel, aussi le décor n'aura-t-il qu'une importance secondaire.

Les artistes sont déterminants.  Eux seuls, avec leurs costumes et leurs masques, suffirent à son succès.[25]

 

 

 

         3.  Le "peuple du voyage"

 

         Le cirque se développe vers le milieu du 18e siècle, alors que les fêtes traditionnelles s'éteignent.  Grâce au cirque, les saltimbanques, les "gens du voyage", vont pouvoir se retrouver en un lieu qui leur est propre.

 

         Les premières formes du cirque furent probablement ces cercles de troubadours qui se formaient autour d'un équilibriste ou d'un jongleur sur les places publiques.

 

         Dès ses balbutiements, le cirque a défini son implantation : il a besoin d'un espace rond permettant la mise en valeur du travail de chaque artiste.  Tous les spectateurs doivent pouvoir apprécier le spectacle, quelque soit la place qu'ils occupent.  On retrouve souvent ce principe d'implantation en rond dans la rue actuellement.

 

         Les saltimbanques, après avoir exposé leur art au sein des cirques du 19e et du 20e siècle, sont redescendus dans la rue.  La plupart des artistes de rue d'aujourd'hui ont conservé le meilleur : le rapport au public, la magie, le spectaculaire et les prouesses physiques.  Mais ils ont aussi gardé ce fameux esprit de famille hérité du cirque.

                  

        

         Il y a de nombreux transferts entre les troupes de rue et le cirque.  Beaucoup de spectacles de rue sont en fait des performances de cirque adaptées à la rue (la jonglerie, le monocycle, l'acrobatie, les numéros de clowns,...).[26] 

 

 

         4.  Le théâtre radical

 

         L'objectif des fondateurs du "living théâtre", Julian Beck et Judith Malina, était de : "(...) face à un théâtre qui a toujours soutenu la société aristocratique et bourgeoise, créer de nouvelles formes sociales en créant de nouvelles formes d'art, faire exploser le théâtre afin que tout le monde puisse faire des expérimentations".[27]

C'est un théâtre qui, tout en prônant la non-violence, incite à transformer la société.  Il essayera d'occuper la rue mais ses tentatives échoueront.

 

         Ronnie Davis, en créant la San Francisco Mime Troupe, troupe ambulante, cherche lui aussi à sortir de l'institution théâtrale.  Ce théâtre de guérilla s'inspire de la Commedia dell'arte et participe à des mouvements sociaux et politiques.  L'artiste ne peut pas vivre dans un microcosme mais doit s'engager activement dans la rue pour montrer la "voie du changement".

 

 

         Le Bread and Puppet theatre est probablement la troupe de rue la plus célèbre à cette époque.  Elle fut un modèle.  Si en 1963, elle est la seule à jouer dans la rue, d'autres la suivront rapidement.

 

         Son objectif est que l'art s'introduise dans la vie quotidienne : "pour moi, un poète n'est pas seulement quelqu'un qui écrit des poèmes, mais quelqu'un qui sort pour aller les lire aux gens, ou bien les imprime et va les distribuer".[28]

L'art doit devenir aussi indispensable que le pain.  Et pas seulement pour le public averti mais pour tout le monde. Aussi est-il nécessaire de parler un langage simple et intense, compris par les enfants comme les adultes : le langage des marionnettes.

 

         Les marionnettes et la musique (ou plutôt les sons tirés d'instruments étranges) servent également à surprendre les promeneurs et à créer l'espace scénique, c'est un moyen fréquemment utilisé par le spectacle de rue pour installer une aire de jeu.

 

         Si ce genre de spectacle est au service de causes particulières, ce n'est pas, selon Peter Schumann, un théâtre politique.  Pour lui, le sentiment l'emporte sur la raison.  Il ne faut pas heurter le public, mais le toucher, l'émouvoir.  Grâce à la clarté du langage et du déroulement de l'action, les spectacles du Bread and Puppet sont accessibles à tous.  Ils sont populaires dans l'exact sens du terme.

 

         Il faut ainsi remarquer que ce nouveau genre de spectacle, qui débuta en s'opposant à la tradition, retrouve dès lors les plus anciennes formes de spectacles populaires : les marionnettes, la Commedia dell'arte, le spectacle de tréteaux,...

 

         Ce nouveau style, prend conscience qu'il faut jouer là où les gens vivent, travaillent, se rassemblent et non plus les faire venir dans une salle de spectacle.

 

 

 

 

 

 

" Paris flon flon

T'as l'âme en fête

Et des millions

Pour tes poètes

Quelques centimes

A ma chanson

Ca fait la rime

Et c'est si bon".

 

             Léo Ferré

 

Chapitre 3 : Les lieux de travail

 

 

Stressés, pressés, soucieux,...s'engouffrant dans un bureau, un bus, une bouche de métro...les gens ont le nez baissé vers le sol, seuls, courbés par le fardeau de la vie de tous les jours!

La rue, cela fait longtemps que l'on ne s'y attarde plus... Heureusement, un jour, des saltimbanques sont apparus pour nous faire prendre conscience que la rue pouvait être synonyme de rencontre, de plaisir, de fête!  Ils sont là, ces poètes et chanteurs de rue, authentiques artistes qui font la joie des passants!

 

 

1.  Le quartier Beaubourg

 

Le Centre national d'art contemporain (CNAC), ou Centre Georges Pompidou, situé sur le plateau Beaubourg a ouvert ses portes au public en janvier 1977.

L'édifice est vite devenu la première attraction touristique de Paris, dépassant la Tour Eiffel.

 

Cette affluence de visiteurs a attiré vers le parvis du Centre les saltimbanques de Paris.  A tel point que ce parvis est devenu lui-même une attraction touristique.  Le parvis est le seul endroit de Paris où le travail des saltimbanques est toléré.  Les saltimbanques n'ont pas attendu l'ouverture du Centre Georges Pompidou pour offrir du spectacle dans les rues de Paris. Depuis 1977, voulant aller au-delà de la tolérance que leur montre la police à Beaubourg, ils continuent d'offrir leurs numéros à travers Paris.

Les saltimbanques et l'animation qu'ils engendrent sont, en effet, devenus un ingrédient important de vie dans la rue.

 

Le parvis du Centre Georges Pompidou a été conçu par ses créateurs pour favoriser la communication entre les hommes.  Une partie de cette communication est prise en charge par les saltimbanques, pour qui la place est devenue un lieu de travail.

 

Un centre culturel ayant pour vocation de proposer la Culture à tous et la présence  d'hommes de tous  continents, sur un espace dévolu à la communication font de de Beaubourg un havre de liberté et de tolérance.

 

 

2.  Autres endroits de Paris

 

 

En dehors de Beaubourg, les saltimbanques se produisent à d'autres endroits, peut-être plus spontanés, moins "récupérés", mais où ils risquent aussi d'être davantage dérangés par la police.  Cependant, certains endroits à grande fréquentation, comme la tour Eiffel et le plateau du Trocadéro, ne s'y prêtent pas du tout.  La police y est alerte et le public indifférent.

Les attroupements sont également dispersés avec promptitude aux Champs-Elysées, à l'Opéra et à la Madeleine.

 

D'autres endroits apparaissent aux bateleurs plus propices aux spectacles.  Pigalle jouit d'une certaine renommée parmi les cracheurs de feu.  Un d'entre eux prétend y gagner 1000 FF en une soirée entre 20 et 24 heures.  Un autre cracheur aurait gagné 1500 FF entre midi et minuit.

 

Le public peut aussi rencontrer les saltimbanques à Saint-Michel, Montparnasse et au Forum des Halles.  L'animation dans le métro sera décrite plus loin.  A côté des endroits institutionnalisés, reconnus, existent bien entendu, les terrasses des cafés des grandes artères.

 

L'endroit le plus recherché est Saint-Germain-des-Prés.  Ce quartier étant surtout un espace de vie nocturne, c'est le soir que s'y produisent les bateleurs.  Ils affluent, dès que les soirées de printemps sont assez chaudes, à la tombée de la nuit, devant le café des Deux Magots.

Depuis 1981, la police tolère les spectacles à ces endroits.

 

Les saltimbanques affirment à l'unanimité que le spectacle produit à Saint-Germain est de meilleure qualité que celui de Beaubourg.  Pour Claude Reboul, "c'est le truc culturel" comparé à l'ambiance "davantage prolo" de Beaubourg.

Tous sont d'accord sur un point : ce public est plus généreux, mais il réclame du bon spectacle en échange du billet offert.  Dans la mesure du possible, on cherche à maintenir le haut niveau du spectacle par la non-approbation des artistes de qualité inférieure.

 

 

3.  Le Métro

 

Un dernier cadre important de spectacles est le métro, utilisé essentiellement par des musiciens.  Pour les musiciens du métro, il existe trois secteurs : ouest, centre et sud-ouest, qui ont pour noyaux les stations Concorde, Châtelet et Montparnasse[29].

Les stations sont jugées en fonction de l'acoustique, la propreté, l'aération, la présence plus moins régulière de la police et de la concurrence.  Il existe des lignes et stations "chaudes", où les incidents sont plus fréquents qu'ailleurs (bagarres).

 

La règle veut qu'un musicien n'occupe pas une place plus de deux heures et demie.

"Ceux qu'on supporte pas, ce sont les types qui, au nom de la liberté, s'installent n'importe où, font n'importe quoi et restent autant de temps qu'ils le désirent, quand bien même cela porte préjudice à l'ensemble de la communauté"[30].

 

La police du métro est généralement appelée la "mafia", car certains agents recevraient de l'argent des mancheurs et des sauvettes".[31]

 

A Bruxelles, les musiciens peuvent  obtenir depuis peu, une autorisation pour jouer de leur instrument à certains endroits;  Ceci malgré la circulaire ministérielle du 10 juin 1997 qui interdit aux artistes de se produire dans les stations de métro ou de prémétro.

 

Des pancartes présentant des clefs de sol invitent les artistes à jouer.  Ces emplacements leur sont spécialement réservés.

Une centaine ont été prévus par la Stib sur l'ensemble du réseau.  Joueurs de flûte, de guitare ou d'harmonica, ils sont nombreux à arpenter couloirs et rames de métro bruxellois en quête de quelques francs.

 

Cette autorisation est valable trois mois durant.  Elle est renouvelable, sauf s'il y a eu  plainte contre le demandeur.  Précision importante, cette autorisation est gratuite.

 

Deux photos, pas d'antécédents malencontreux connus du service de sécurité et une demande d'accréditation sont les seules conditions à réunir pour recevoir la précieuse autorisation de la Stib.  Un badge leur permet ainsi, à certaines heures, d'égayer l'accès au métro.  Bravo la Stib!

Christelle est une des personnes a avoir demandé une autorisation officielle.

 

"Je me suis rendu au service commercial de la Stib et j'ai reçu mon badge.  On m'a dit où et quand je pouvais jouer.  Les endroits proposés ne sont pas toujours bien situés.  Je ne vois pas qui jouerait là : c'est en plein milieu d'un escalier!  En plus, il y a un courant d'air et on n'entend rien.  Mais c'est toujours mieux qu'avant où on ne pouvait aller nulle part..."[32]

 

 

3.1  Des artistes taxés comme les ambulants...

 

Le plus souvent, on peut rencontrer quelques musiciens dans le couloir qui relie le métro à la Gare centrale.  Les joueurs s'y relayent toutes les deux heures.  Certains y sont en possession d'un autre type d'autorisation.  Celle octroyée par la ville de Bruxelles, qui n'est pas gratuite...

 

Cette carte coûte 450 francs belge.  Elle est valable un mois.  Il s'agit en fait d'une taxe sur les commerçants ambulants.

 

4.  La rue

 

         Tout d'abord, il faut savoir ce que l'on entend par "la rue".

Nous savons qu'il y a une différence entre la rue (lieu de passage) et la place (lieu de rassemblement).  Mais il nous fait aussi distinguer la rue commerçante (où les gens entrent et sortent des magasins, ont le regard attiré par les vitrines et sont moins attentifs) de la rue piétonne des quartiers anciens (fréquentés par les touristes, par les flâneurs, généralement plus disposés à s'arrêter pour regarder un spectacle).

De même, il faut dissocier les espaces des banlieues et des cités surpeuplées des espaces des quartiers aisés, ceux des zones de trafic, ceux des parcs,...

 

         Le choix du lieu n'est pas indifférent et certains sont bien plus accueillants que d'autres : la place de Beaubourg est par exemple un endroit spécifique, où l'on se rend pour "voir" quelque chose.  Les artistes y ont leurs emplacements et le public y est disponible.  Mais les endroits comme celui-ci sont rares.

 

         Les artistes qui se produisent pour la première fois dans la rue y rencontrent d'abord de nombreuses difficultés : le public n'est pas là d'office, ou alors il est trop mouvant ou trop proche.

Leur première tâche sera donc de délimiter un espace dans lequel pourra venir s'inscrire l'activité et de créer l'espace de la représentation.[33]

 

 

4.1 La rue de "survie"...

 

         Certains artistes de rue vivent de leur art au jour le jour.  Situés en dehors des circuits culturels, ils ne vendent pas leurs spectacles sur contrat, ne décrochent pas de place dans la programmation des festivals.  Pour gagner leur vie, ils passent le chapeau à la fin de la représentation.  On appelle cette pratique la rue "de survie".

 

         La rue de survie connaît de nombreuses lois, une sorte de règlement intérieur.  Une de ces lois, par exemple, est d'attendre son tour pour jouer lorsqu'il n'y a pas assez de place pour tous.

 

          Ce milieu est hiérarchisé.  Les cracheurs de feu sont ainsi considérés comme les plus endurcis et sont en général très respectés.  Ils n'hésitent parfois ^pas à "casser" le cercle des autres artistes et à racoler leur public.  Il s'agit par conséquent d'un milieu assez fermé, dans lequel il faut savoir se faire accepter.

 

         La dépendance financière pousse ces artistes à attirer toujours plus de spectateurs.

 

 

 

 

 

 

 

                                                   "...Ils ont des poids, ronds ou carrés

                                         Des tambours, des cerceaux dorés.

                                         L'Ours et le Chien, animaux sages

                                         Quêtent des sous sur leur passage."

 

                                                                                              Apollinaire.

Chapitre 4 : Le bateleur et son environnement...

 

 

 

 

 

 

1.  Le public du spectacle de rue...

 

         Il se caractérise par le mode de relation qu'il entretient avec son public.  Il a déjà été évoqué à quel point cette notion de "rapport au public" est importante.

 

         En effet, pour qu'il y ait activité, il faut des "regardés" mais aussi des "regardants".  Un personnage clef, quoiqu'il n'apparaisse pas sur scène et semble ne rien produire, c'est pourtant bien le spectateur!

 

 

         Selon l'expression de Michel Crespin[34]: " à la différence d'une salle de spectacle où le spectateur est prédéterminé, les acteurs sont face à tout le monde".  L'intellectuel comme celui qui n'est pas allé à l'école, voire celui qui a une autre culture, il s'agit d'intéresser tout le monde, l'ingénieur comme la ménagère, les enfants comme les personnes âgées,...  sans discrimination.  Tous ces gens différents, aux demandes différentes, forment le public potentiel du spectacle de rue.

 

         Contrairement au spectacle en salle qui vit l'angoisse constante de la trouver vide, le spectacle de rue rencontre toujours son public.

Sauf à de rares exceptions ( un temps pluvieux ou froid, un événement unique à la télévision,...  les passants s'arrêtent quasi toujours devant un spectacle de rue.  Qu'ils choisissent de rester ou de partir est un autre problème, qui dépend bien souvent de la qualité du tour ou de leurs goûts personnels.

 

C'est un véritable dialogue que l'artiste entretient avec son public!

 

Dans "Paris la fête" Claude Jacquin évoque les relations entre les bateleurs et le public de la rue.

         "Quand un bateleur arrive quelque part, c'est la fête.  Ce sont des rapports qui s'installent, des dialogues qui se nouent entre l'artiste et le public.  Ce dernier n'est pas dupe, il sait faire la part du vrai et du faux, mais dans la rue il a envie de jouer le jeu, de se laisser bercer...  Sans la harangue le bateleur perdrait de son charme.  Point trop n'en faut, mais lorsqu'elle est subtilement incorporée au tour, celui-ci devient un instant magique, unique.  Il dit qu'il y a un climat qui s'installe".[35]

         Jacquin sait qu'il n'en est pas toujours ainsi, et laisse la parole à un saltimbanque :

"Il faut arracher le fric au public !  Les agresser pour qu'ils se manifestent !  Les violer pour qu'ils donnent cent balles !  Leur tirer le porte-monnaie de la poche !  En un mot, se servir !  Comme des voleurs.  Ce sont eux les voleurs, lorsqu'ils se sauvent avant la fin et que le travail présenté était honnête"[36].

 

         Le contact avec le public est un élément très important pour ceux qui travaillent dans la rue.  C'est un sentiment de se retrouver en famille.

 

         Selon Jacquin, "l'homme de la rue est le spectateur le plus exigeant qui soit car il n'a rien payé.  Il a tendance à mettre dans le même sac gratuité et médiocrité"[37].

 

         Un saltimbanque en donnant sa vision du rapport entre bateleur et public a  dit :  "Nous les saltimbanques on est comme des chefs d'états.  On nous aime ou on nous haït".

 

         Les enfants jouent également un  rôle important au sein du public.  Les avis des saltimbanques divergent.  Certains artistes ne les aiment pas car ils dérangent le numéro en traversant le cercle.  D'autres observent que les parents envoient facilement leur enfant payer une pièce.  Un artiste constate que les enfants ne donnent pas beaucoup d'argent, mais qu'ils attirent les adultes qui, eux, en donnent.

 

 

1.1  L'argent...

 

         A en croire certains articles de presse, le métier de saltimbanque est une véritable mine d'or.

 

         Une partie des saltimbanques font payer le public après le spectacle, confiants que la qualité de leur numéro incitera le public à la générosité ou bien conscients du risque à prendre pour faire respecter le sérieux de leur art.  D'autres ne peuvent pas se permettre ce risque et font par conséquent une quête avant de commencer.  D'une manière générale c'est le cas des cracheurs de feu et des bateleurs qui exécutent des numéros avec un élément de danger ou de réussite incertaine.  La somme demandée au début est la plupart du temps relative au nombre de spectateurs rassemblés autour de lui.  D'habitude celui-ci demande en francs la moitié du nombre de spectateurs.  Si ce n'est pas un jour de grande affluence, où l'on peut compter sur un public nombreux, il est prudent de ne pas demander une somme trop élevée, car les pièces "tombent" relativement lentement et le public a le temps de s'ennuyer et de partir avant que le spectacle commence.

 

         Un saltimbanque avec quelque expérience a, en général, décidé de ce que vaut son spectacle.  S'il ne reçoit pas ce qu'il demande, il peut renoncer a exécuter son numéro, surtout si celui-ci comporte un danger.

         Il n'est pas toujours suffisant d'insister pour recevoir l'argent du public.  Celui qui trouve une astuce comique ou aimable a plus de chance de l'attendrir.

 

         Par exemple, les illusionnistes prennent volontiers recours à la magie pour faire tomber les pièces, tel celui qui place un petit bol devant lui après le spectacle en disant attendre qu'il se remplisse miraculeusement.

 

         Autre variante :  le jeu de l'humilité.  Une fois terminé le numéro, le bateleur dit :  "si ce numéro n'a pas manqué de vous plaire, mettez dans le chapeau !  J'accepte les billets".  Des cracheurs de feu conciliants demandent leur somme fixe mais ajoutent que ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas payer sont quand même invités à regarder leur spectacle.

 

         Nous avons vu dans la première partie de ce travail, comment l'automate incorpore la quête à son spectacle et la transforme en attraction.  Il est évident que quand les gens ne se sentent pas arnaqués, ils donnent plus volontiers une pièce de monnaie.

 

         Certains engagent une personne pour faire leur quête.  Un musicien, a remarqué que lorsqu'il joue un morceau de Chopin ou Mozart, les gens lui donnent plus d'argent.  Comme si le nom d'un compositeur célèbre augmentait la valeur de l'exécution.

 

         Il arrive que les spectateurs ont aimé ce qu'ils ont vu et qu'ils veulent le montrer, mais qu'ils n'aient pas d'argent à donner aux bateleurs.  Au lieu d'argent ils donnent souvent des chewing-gum, des cigarettes, des tickets de métro, des raisins, de la bière,...  De l'autre côté, il y a ceux qui tiennent à monter qu'ils donnent et qui en réalité s'avère n'avoir donné que des cailloux, des boutons de culottes, etc. ...  Dans la catégorie sont aussi incluses les petites pièces de monnaies étrangères.  Les pièces françaises de valeur inférieur à un franc, sont méprisées.

 

 

2.  Les voisins.

 

         Dès le début, les riverains ont manifesté leur mécontentement contre l'animation dans la rue.  Pour un des habitant de la place Beaubourg, après cinq ans de nuits blanches pendant la construction de l'édifice, les bruits des saltimbanques et du cirque sur la place ne peuvent que les exaspérer encore plus.  Des riverains ouvrent leurs fenêtres pour jeter des seaux d'eau, des cailloux, des œufs pourris ou des pots de chambre sur les saltimbanques.  Selon les témoignages de ceux-ci.  Mais ce geste n'a rien d'innovant, il s'est plutôt répété à travers les siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 

3.  L'attention de la presse.

 

         C'est surtout en été que l'attention de la presse se dirige vers l'animation de la rue.  En effet, la moitié des articles publiés chaque année sur les bateleurs ont paru durant la saison touristique.

 

         La presse décrit très souvent les moments passés avec les saltimbanques, en utilisant les termes de "fête foraine" ou "fête populaire" et établissent de nombreuses comparaisons avec les jongleurs du Moyen-Age.  Mais ils ne sont pas toujours bien considérés par cette dernière :  "Ceux qui attirent l'attention des foules et les font même s'arrêter un moment sont des parias, des repris de justice, mi clochards, mi vagabonds,..."[38].

 

         Certains saltimbanques sont nommés, photographiés et prennent la parole plus souvent que d'autres.  Les divers courants de la presse réagissent différemment aux actions de la police :  la presse de gauche dénonce, souvent avec virulence, les manières expéditives de celle-ci, surtout lorsqu'elle se trompe de cible en intervenant contre les saltimbanques.  La presse de droite approuve l'assainissement du racket, mais oublie ou ignore les passages  à l'acte contre les bateleurs.

 

         En juillet 1979 la presse de droite se déchaîne contre "la cour des miracles" et passe sous silence les violences policières signalées par le Nouvel Observateur[39].

 

 

3.    Mais que fait la police ?

 

Claude Reboul, se voit attribuer un P.V.

 

Le scandal de Philippe Petit 1969

 

5.  Les saltimbanques jugés par les saltimbanques.

 

         Les rapports se bornent la plupart du temps, à des relations collégiales.  On juge ses collègues par le spectacle.  Mais l'argent sert aussi d'indicateur.  Dans la logique du métier on ne peut pas gagner beaucoup en faisant un mauvais spectacle.  Par conséquent, bonne recette égale bon spectacle.

        

Certains artistes ne cherchent qu'à gagner un maximum d'argent pour pouvoir quitter la rue.  D'autres, au contraire, veulent vivre dans la rue, quitte à ne pas gagner d'argent.

 

         La plupart des artistes évoquent les cracheurs de feu en termes négatifs.  Ils s'offusquent de leurs tenues et les qualifient de "clodos" et "chiffons" alors qu'eux s'habillent correctement  et font une recherche de costumes.

        

Les cracheurs de feu doivent faire attention à ne pas se présenter avec les clous de sa planche pointant dans tous les sens, de couvrir ses bouteilles cassées pour éviter que des enfants se fassent mal, et de cracher vers le ciel plutôt que de cracher horizontalement vers le public.  De plus, la saleté et le style "loubard" effrayent le public.

        

Une autre source d'irritations est leurs cercles très large (nécessaire pour éviter les accidents de flammes).

 

Gilbert crachent du feu 2006

 

 

         Comme tout saltimbanque, les cracheurs de feu sont fiers de leur numéros et vantent leurs exploits, en même temps qu'ils jalousent et dévalorisent ceux des autres.

        

Le jugement des saltimbanques sur les cracheurs de feu est très sévère.  Le métier de cracheur de feu n'est pas sans danger et il convient de bien l'apprendre, même si les éléments de base restent les mêmes :  avaler du feu , en cracher, passer les flammes sur son corps, s'évader des chaînes, se poser dans du verre cassé et sur des planches à clous.

Celui qui ne maîtrise pas l'art de cracher risque de se brûler gravement.

 

5.1  Accords entre saltimbanques...

 

         Les artistes de la rue se sont organisés pour faciliter leurs rapports professionnels.  Dans la réalité, le partage n'est pas si facile.  Des gens s'installent où ils veulent.  Les cracheurs de feu et autres qui ont besoin de leur voix pour leur spectacle se plaignent des Arabes qui noient tout avec leur musique de tam-tam.

Les musiciens d'instruments à faible portée sont mécontents des musiciens avec cuivres et amplificateur électriques, qui s'installent à côté d'eux, couvrant entièrement leur musique.

        

En dehors du problème de la répartition de l'espace, se pose aussi la question des spectacles simultanés.  Pour être solidaires, les saltimbanques doivent se relayer avec leurs spectacles, et ainsi se passer l'un et l'autre le public.

 

         Il arrive que les artistes présentent des numéros ensembles.  Il arrive également que des musiciens accompagnent un artiste travaillant avec son corps (par exemple le mime).

On constatera malheureusement, que bien souvent les relations, purement professionnelle, sont souvent empreintes de jalousie et de rivalité.

 

         On peut se poser la question de la contradiction entre le souci de certains baladins de se qualifier de marginaux et leur difficulté de se passer d'un minimum d'organisation pour travailler dans des conditions acceptables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 5 : de la scène à la rue...

 

 

 

La scène, avec sa structure cubique et close, boîte d'illusion, dont les images en trompe l'œil reproduisent les fantasmes du spectateur changé en voyeur; la salle, avec son ensemble de structures compartimentées et hiérarchisées en loges et balcons, emprisonne et sépare le public selon les normes d'une société de classes conçue comme inchangeable.[40]

La salle et la scène sont des univers repliés sur eux-mêmes.

 

         Dans cette perspective, Brecht préconisera la disparition de la scène qui endort l'esprit critique.  Il veut un espace neutre, un lieu vierge, non canoté à l'avance.  Ce lieu idéal serait l'espace de la rue.  La rue n'est-elle pas justement un lieu fortement chargé de signification?

 

         "cela d'abord parce que, outre qu'elle est par excellence un lieu social, la rue est lieu de passage.  Elle refuse la distinction entre l'ici et l'ailleurs.  La coupure de la scène ne l'isole pas du reste du monde.  Elle ne la privilégie pas non plus : ce qui se passe sur la scène de la rue pourrait se passer ailleurs, hors des limites de cette scène.  Ce lieu est fait pour être parcouru."[41]

 

 

1.  Avantages et inconvénients...

 

         Les bateleurs viennent d'horizons différent :  de familles pauvres ou riches, diplômés ou non.  Tous les artistes ne vivent pas des seules recettes de la rue.  Certains se produisent en salle, d'autres ont une activité professionnelle sur le coté. 

 

Les musiciens jouent souvent pour le plaisir ou pour s'entraîner à jouer devant un public.  Un rêve qui revient chez la plupart des saltimbanques est d'avoir son propre établissement.  Beaucoup travaillent dur dans le souci de prouver qu'ils ne sont pas des "clochards".  D'autres vivent de ce qu'ils gagnent et ne cherche pas à tout prix à gagner de l'argent.   Quelques uns désirent vraiment vivre dans la rue et se soucient peu que leur travail rapporte des recettes maigres. 

 

Avant que l'animation soit tolérée dans toute les zones piétonnes, la police intervenait fréquemment, mais ces interventions, aussi gênantes fusent-elles, rompaient l'impression de travailler dans un bocal.

 

Les saltimbanques oscillent entre les deux pôles que constituent la rue et l'engagement dans un établissement.  Tout en vantant les contacts de la rue, ils s'enorgueillissent de trouver des engagements qui confirment leur talent.  On retrouve ceux qui ont quitté les salles et chapiteaux, ceux qui alternent entre les contrats de la rue et ceux qui espèrent être découverts.

        

Les bateleurs ayant travaillé en salle évoquent souvent les rapports anonymes avec le public et le prix que celui-ci doit payer.  Dans la rue, contrairement à la salle, ce sont ceux qui aiment qui restent.  Dans les salles,  il y a un fossé entre le public et l'artiste.

        

L'idéal pour eux, est de travailler dans la rue l'été et essayer de décrocher des engagements en salle lorsque arrivent les jours plus froids.  Certains artistes de rue, considèrent les contrats comme une atteinte à leur liberté.  A quoi bon signer un contrat qui aura lieu deux mois plus tard...  Il ne sait pas dire où il sera à ce moment là !

 

         En opposition à la rue, au cabaret le public a payé sa place et est installé.  Dans la rue, il faut aller le chercher soi-même.  Même si le public de la rue est plus éprouvant, il est également plus instructif.  Lorsqu'ils entrent sur scène, tout est préparé.  Dans la rue, il doit tout préparer lui-même, voire même renoncer à certains spectacles à cause du vent.

 

         Pour ceux qui travaillent en salle et qui redescendent dans la rue, dès que l'opportunité se présente  diront toujours :"La rue, c'est comme à la maison !".

 

         Si les saltimbanques sont mentionnées avec sympathie dans les guides touristiques, les auteurs ne leur consacrent que quelques lignes de leurs chapitres.  Quelques exemples :

·        "Devant le centre, une piazza en pente douce - matérialisation de l'idée d'accueil - est le théâtre d'animations diverses"[42].

·        "L'on n'est pas loin de penser que les amuseurs publics, les joueurs de guitare, les cracheurs de feu sont les frères lointains des bateleurs et des jongleurs du Moyen-Age"[43].

·        "Les fins de semaine ou pendant les vacances il suffit d'observer de là-haut, la terrasse, la foule qui se presse aux portes, sur le parvis, qui entoure les bateleurs, musiciens et cracheurs de feu, pour comprendre que le centre historique de Paris, en quelques année, est aussi redevenu le centre de sa vie moderne."[44].

·        "En sortant du Centre Pompidou, tu auras une agréable surprise.  Certains jours, il y a une animation intense.  Ecoute le boniment des camelots et les musiques improvisées; ne t'approche pas trop près du cracheur de feu et regarde où tu mets les pieds, au cas ou la mascotte du charmeur de serpents se serait échappée.  Spectacles surprenants et souvent renouvelés".

 

 

 

2.  Les caractéristiques du spectacle de rue...

 

         La première caractéristique du spectacle de rue est d'être un art populaire. 

 

Populaire, car il est réellement ouvert au public.  Il se "mêle au peuple" et sa nature très visuelle lui permet ainsi de toucher des publics d'origines sociales et culturelles très différentes et même de passer les frontières.

 

         Populaire car il investit l'environnement des gens, s'insère dans leur décor quotidien, dans leurs habitudes, dans leurs vies de tous les jours et leur présente souvent des personnages proches d'eux-mêmes.

 

         Populaire enfin, car le spectateur y est interpellé : qu'il devient comédien malgré lui et tout d'un coup se retrouve dans le cercle et participe à l'événement.

 

         Le spectacle de rue s'attache à réaliser ce grand rêve de "l'art au quotidien.

 

         Un spectacle qui se produit gratuitement dans l'espace public, s'adresse à tous sans discrimination, permet au public d'intervenir, est par définition est art populaire.

 

 

3.  L'espace public.

 

         Nous avons vu qu'autrefois la ville s'offrait naturellement aux spectacles.  Les représentations animaient spontanément la cité, lui apportaient une aire de liberté.

 

         Les espaces publics étaient alors considérés comme à la disposition des citadins.  La rue, par exemple, n'était pas seulement un lieu de circulation comme elle l'est devenue depuis le 19e et surtout le 20e siècle, mais elle était également un espace d'échange, de réunion, de fête qui connaissait ses marchés, ses saltimbanques, ses cortèges,... Ce qui nous semblerait aujourd'hui désordre et confusion était à l'époque considéré comme normal.

 

         A l'heure actuelle, la plupart des espaces publics ont perdu leurs fonctions premières.  Les fêtes et les spectacles populaires ont peu à peu disparu du paysage urbain.  Tout se contraint à l'ordre de la société urbaine.[45]

 

         Aujourd'hui, le théâtre de rue cherche à redonner une autre dimension aux espaces publics.  Le quartier de la Défense à Paris, est le type même d'un espace fonctionnel ( bureaux, peu de commerces, de bars et restaurants).  Composé d'une immense esplanade entourée de buildings, il ne favorise pas les échanges ou la convivialité.

 

         Le spectacle de rue a également pour but de montrer une image de la ville que les habitants ne connaissent pas.  En effet, le décor dans lequel on vit a trop souvent tendance à être considéré comme banal, sans intérêt.  Ce genre de démarche incite à l'observer, à le percevoir différemment.  L'enjeu est d'animer la ville, c'est-à-dire de lui donner une âme...

 

 

 

 

4.  Spectacle de rue ou spectacle de plein air...

 

         Le spectacle de plein air est celui qui se produit dans les lieux non couverts, tels que les sites historiques, les parcs,...  Il se différencie totalement du spectacle de rue.  Il requiert un aménagement préalable de l'espace, demande une infrastructure importante et entretient avec le public le rapport classique scène/salle, l'improvisation n'y joue pas un rôle important!

 

         La démarche des artistes de rue est fondamentalement différente.  Ceux-ci ne se produisent qu'exceptionnellement en salle.  Leurs spectacles se donnent dans des lieux chaque fois différents et s'adaptent à ces lieux nouveaux tandis que les spectacles de plein air sont conçus pour un endroit déterminé et exigent d'être entièrement retravaillés lorsqu'ils doivent se déplacer.  De plus, le spectacle de rue se produit dans l'univers quotidien et familier de son public alors que le spectacle de plein air est joué dans des endroits spécifiques, réservés aux représentations.  La relation que le spectacle de rue entretient avec son public s'oppose ainsi à la conception du spectacle en plein air.

En effet, s'il veut assister à un spectacle "de plein air", le spectateur doit décider de se déplacer.  Le spectacle de rue, nous l'avons vu, vient chercher son public à l'improviste, dans ses occupations journalières et se produit gratuitement.[46]

 

         Conclusion : les artistes de rue s'opposent à l'ordre de la ville qui exige "une place pour chaque chose et chaque chose à sa place".  Ils cherchent à transfigurer les espaces de la ville en quelque chose de merveilleux ou de surprenant.  Il s'agit ainsi de donner au public un regard différent, de lui permettre une relation nouvelle avec son environnement, de montrer que la ville n'a pas seulement une fonction utilitaire  mais qu'elle peut redevenir un espace de contacts, de convivialité.

 

4.1  La surprise...

 

         Provoquer la surprise du passant afin de le transformer en spectateur est l'axiome du théâtre de rue : "choper le passant", le séduire, l'intéresser, l'étonner...  Le principe fondamental du jeu dans la rue est que l'artiste qui n'étonne pas, n'existe pas.  L'important est de déclencher l'inattendu.[47]

         Quels que soient les moyens employés, le but reste toujours le même : produire une étrangeté, une anomalie, afin de donner aux spectateurs potentiels l'envie de s'arrêter pour contempler le spectacle.

 

 

5.  Le spectacle de la rue et la fête...

 

         Pour certains artistes de rue, le spectacle organisé ne peut être le lieu de la fête.  Mais en quoi est-il plus que le spectacle en salle générateur de fête ?

 

         Dans une salle, les gens sont également réunis, rassemblés dans un même espace, partagent le plaisir d'un même spectacle.  Mais dans ce cas précis, le public est contraint à un certain rituel : applaudissements, rires,...  Isolés, contraints de garder le silence et de respecter un certain nombre de conventions, ils se côtoient sans réellement partager la joie d'être réunis.

 

         La force du spectacle de rue est justement de mêler tous les publics, sans barrières culturelles.  Dans la rue, les spectateurs ont une totale liberté de mouvement et d'expression qui leur permet de s'extérioriser comme ils l'entendent.

 

         Dans notre société, les occasions de s'arrêter ensemble sur le même trottoir, d'adresser la parole à des inconnus, de jouir de plaisirs gratuits, sont devenus trop rares.  La rue suscite cette joie d'être ensemble, elle engendre la complicité.  Elle pousse les gens à se parler, à se rencontrer, à communiquer.

        

         Comme le dit Jérôme Savary : "Le spectacle devrait toujours permettre aux gens de se réconcilier avec leur propre corps, c'est-à-dire de bouger, de parler, de rire, de chanter en groupe et de faire du bruit s'ils en ont envie.  Trop souvent aujourd'hui, la culture, se reçoit dans le silence absolu, dans l'ennui".[48]

 

         Certains artistes de rue rejettent complètement la salle parce que le répertoire ne change jamais.  Dans la rue c'est toujours très différent; il n'y a jamais deux représentations qui se ressemblent.

 

        

 

On peut également voir des troupes présentant des spectacles en salle aussi bien qu'en rue.  Ces deux genres peuvent s'enrichir mutuellement.  Ainsi, le spectacle en salle a donné aux artistes d'espaces libres, le sens du professionnalisme; tandis que la pratique de la rue était bénéfique à la salle puisqu'elle lui a rappelé l'importance du dialogue avec le public et lui a montré que le théâtre ne devait pas craindre d'expérimenter de nouvelles démarches.

 

         Toutefois, on ne peut affirmer à l'heure actuelle que le combat dehors-dedans soit terminé!  En effet, le spectacle de rue n'est pas encore reconnu comme une activité artistique et culturelle à part entière et il est toujours bien plus pauvre que le spectacle en salle.

 

         Et pourtant, lui aussi à grand besoin de moyens financiers, d'autant plus qu'il milite pour un "art social" dont l'accès doit rester entièrement gratuit.

 

Chapitre 6 : La législation...

 

 

 

 

1.  La législation en France...

 

         Les autorités ont tôt ressenti la nécessité de régler l'activité des artistes de rues.  En 1395, le prévôt de Paris intime dans une ordonnance de ne "rien dire, rien représenter ou chanter sur les places publiques ou ailleurs, qui puisse causer scandale à peine d'une amende de deux mois de prison au pain et à l'eau".  L'Eglise redoutait aussi que les saltimbanques détournent les chrétiens de la foi.[49]

 

         En 1560, il fut interdit "à tous les joueurs de farce, bateleurs et autres semblables gens, de jouer les jours de dimanche et fêtes aux heures de service divin, de se vêtir d'habit ecclésiastique, de jouer des choses dissolues ou de mauvais exemple à peine de prison et de punition corporelle".[50]

 

         Une ordonnance du lieutenant de Police, 1609, stipule que "toute farce devrait, avant que d'être représentée en quelque lieu clos ou non, être communiquée au procureur du roi".[51]

 

         Jusqu'au début du 19e siècle, il n'existait pas de législation précise concernant les saltimbanques, mais au cours de ce siècle sont prises toute une série de mesures.  Une circulaire de 1829 préconise une surveillance accrue des saltimbanques qui, dit-on, cherche à exploiter la crédulité publique.  Les saltimbanques propriétaires de loges doivent remettre aux autorités locales le programme ou la description détaillée de leur spectacle.  Aucune atteinte à la religion, aux bonnes moeurs, au gouvernement ou aux convenances sociales n'est tolérée.  Ce sera la loi de 1830.[52]

 

         La société des saltimbanques a toujours été considérée avec méfiance, perçue comme dangereuse, "composée que d'éléments douteux, étiquetés sous les appellations plus ou moins péjoratives de saltimbanque, bateleurs, escamoteurs.[53]

 

         Pour raffermir le contrôle des artistes ambulants une circulaire institue en 1853 que les bateleurs qui veulent exercer devront obtenir la permission du préfet de leur lieu de domiciliation.  Leur demande devra s'accompagner d'un certificat de bonnes moeurs, délivré par la mairie ou la police de leur domicile.[54]

Cela aboutit à l'instauration en 1863, du carnet de saltimbanque.[55]

Ces carnets furent utilisés jusqu'en 1975.

 

         Aujourd'hui, aucune législation n'est en vigueur.  Les saltimbanques se battent pour avoir un statut et être reconnu au même titre que les autres artistes.

 

 

2.  La législation en Belgique...

 

 

Chapitre 7 : Le rôle des festivals...

 

 

 

 

Il y a quelques années, les festivals de spectacles de rue étaient encore peu fréquentés.  Ce genre étant encore considéré comme peu sérieux et non professionnel, ne méritait pas qu'on s'y attarde et ne possédait pas encore son propre festival.

 

         Les saltimbanques veulent être considérés comme des professionnels.  Un sentiment de ras-le-bol se précise : "on en a marre de faire les clowns ou de faire de la soupe sur les parvis des maisons de la culture" protestent-ils alors.

 

         Des festivals spécifiques de spectacle de rue s'organisèrent enfin.  Leur nombre s'est rapidement multiplié et aujourd'hui, ils s'étendent à des villes de plus en plus petites qui comptent sur ce type  de manifestations pour témoigner de leur vie culturelle.

 

         En Belgique, depuis quelques années, les festivals n'hésitent plus à se produire et réussissent à attirer les foules.  Dès lors, on retrouve le "Festival de spectacles de rue de Bruxelles",les "Fêtes de Gand" qui ont adopté la formule bisannuelle, le festival "Les Unes Fois d'Un Soir" organisé à Ath.  Mais le plus ancien festival est la "Fête des Artistes et Artisans". 

 

Conclusion

 

 

Nous pouvons au terme de ce travail, avancer les éléments d'une définition du spectacle de rue en nous basant sur ses caractéristiques les plus fréquentes et en écartant les différences les moins significatives.

 

Tout d'abord, il s'agit bien d'un genre à part entière.  Il s'est hissé au niveau du professionnalisme et demande un travail aussi intensif que le spectacle en salle.  Ce n'est donc pas un sous-genre.  Le spectacle de rue demande un profond investissement de la part des artistes.

 

C' est avant tout un art social, un art populaire.  Au cœur de sa démarche, réside la volonté de toucher des spectateurs qui ne viennent pas dans les salles de spectacle et de les rencontrer dans leur environnement  quotidien.

Malgré son manque de moyens financiers, il tient à rester entièrement gratuit et ne considère jamais son public sous l'angle de la rentabilité.

 

Il cherche à établir avec le public, un rapport de complicité : il abolit ainsi le traditionnel monologue qui s'installe dans une salle et le remplace par un véritable dialogue ou chacun, public et artistes, peut s'exprimer librement.  Grâce à lui, le spectateur n'est plus un quelconque consommateur de divertissement culturel mais bien un partenaire à part entière.

 

Lié à la fête, il est générateur de désordre.  Il perturbe nos habitudes, bouleverse les idées reçues.  Le spectacle de rue se permet certaines choses envers son public que celui-ci n'accepterait pas toujours en salle.

 

Ce spectacle indépendant peut, dans une certaine mesure, se permettre de tourner le dos aux institutions.  Son histoire est parsemée de querelles avec l'autorité. 

 

Autrefois, les villes et places fortes accueillaient les marchés.  Les visiteurs des foires venaient pour acheter et vendre des marchandises.  Les saltimbanques et leur succession de numéros égayaient les foires mais la vision de leur spectacle n'était pas l'objectif majeur des visiteurs.

 

 

 

Que ce soit à Beaubourg ou ailleurs en Europe, les saltimbanques d'aujourd'hui ne sont pas "LA" cible principale des visiteurs et touristes.  Leur renommée ne leur permet pas de concurrencer les sites officiels.  Que l'on ne s'y trompe pas, c'est plus pour le Centre Culturel de Beaubourg que pour les artistes de rue, que la majorité se déplace.

 

Il en résulte que les bateleurs sont obligés de suivre les heures d'ouverture des magasins, musées ou monuments.  Ils précèdent les  flux de visiteurs et attendent les heures chaudes.

 

Bien souvent, la loi du plus ancien voire du plus fort, l'emporte pour s'attribuer les meilleures places.  Ces dernières varient aussi en fonction du spectacle présenté.

 

Les saltimbanques sont trop nombreux et ont des motivations trop variées pour former un groupe homogène.  A l'intérieur de la communauté  saltimbanque, règne une hiérarchie officieuse.  L'expérience, la qualité du spectacle et les recettes en délimitent les contours.

 

Si les rapports entre saltimbanques sont distants, les rapports avec les musiciens sont presque inexistants.  En effet, la présence des musiciens et leurs répertoires bruyants nuisent aux spectacles des saltimbanques.

 

Les aspirations des saltimbanques oscillent entre la liberté dans la rue, le contact direct du public et le prestige que confère les contrats d'animations organisées ou les représentations sur scène. En dehors de leurs préoccupations pour la qualité des spectacles, les bateleurs se soucient de leurs rapports avec le public.

Malgré leurs attitudes parfois méprisantes, la plupart d'entre eux s'efforce de montrer un bon spectacle, car de l'appréciation du public dépend leur subsistance.  En même temps, ils essayent de favoriser la communication.  Ce désir de provoquer des rencontres, quoi que sincère, reste mal défini et il leur est difficile de démontrer des résultats tangibles. 

 

Les rapports entre saltimbanques et public restent empreints d'une compréhension relative. Le public a la sensation de communiquer et de communier davantage avec les musiciens.  La communication dont les bateleurs se veulent les promoteurs ne semble pas être celle que cherchent le public.  Malgré le manque de communication, les visiteurs continuent à trouver agréable de passer des après-midi entiers sur ces lieux animés par les artistes de rue.

 

L'appui des médias, la faveur et la ferveur du public ont naturellement pesé dans l'attitude de la police vis-à-vis des spectacles.  Les interdictions  ont été converties en autorisations, limitées certes, de se produire à des endroits nommés.

 

De plus, les relations avec l'autorité sont meilleures.  Les reproches envers la police sont rares.  Les bateleurs trouvent qu'elle devrait davantage les protéger contre les perturbateurs.  Sinon, le calme plat...

Cette bienveillance policière n'est pas étrangère à une volonté politique d'humaniser la ville.  La création de rues piétonnières et la tolérance vis-à-vis des bateleurs, vont dans ce sens, voulant par là même confirmer les bonnes habitudes prises au Moyen-Age.

 

Hier comme aujourd'hui, le spectacle de rue envahit un espace pour y introduire le sien et ainsi laisse un souvenir dans les mémoires. Il nous permet de nous réapproprier notre environnement, d'y retrouver un espace de contacts...

 

Interviews de quelques Saltimbanques et Avocat.

 

L’Avocat  Bernard Jouanneau

Et c’est là qu’il m’a dit mon Ca a été pour moi une aventure personnelle qui a duré plusieurs années et qui a marqué un peu ma vie d’avocat parce que je suis un grand amateur de curiosité de la ville et de Paris en particulier où je vis depuis toujours et la création de cet espace autour de beaubourg m’a attiré dès l’origine , dès l’inauguration de Beaubourg en 1977 . Et celui que j’ai défendu plus particulièrement qui s’appelle John Guez a commencé là en 1977 près de l’église St Merri et je l’ai repéré tout de suite et ce qu’il faisait me fascinait , je dois préciser même que je l’avais rencontrer dans un cabaret parisien où il faisait un numéro d’artiste , de saltimbanque mais sur une scène et le soir où je suis alleé dans ce cabaret nous étions ma femme et moi les deux seuls spectateurs dans une petite salle de cabaret où il y a des spectacles qui se renouvellent toutes les 20 minutes et il m’avait fasciné , j’avais même éprouvé une sorte de frisson artistique assez rare d’ailleurs quand on va au spectacle et après le spectacle j’avais demander à le métier c’est d’etre artiste , je voudrai faire du theatre , du cinéma mais pour l’instant je vis dans la rue , je travaille dans la rue , et c’est là que j’ai suivi pas à pas ce qu’il faisais et donc sur un plan personnel à la fois artistique et urbanistique j’ai éprouvé un très vif interet pour ce que faisait John Guez.

Et puis j’ai contasté que c’était très difficile pour lui de le faire en ce sens qu’il était constamment en but aux avanies de la police et là j’ai ressenti une violence urbaine , qui m’a paru inadmissible même une violation des libertés fondamentales et pas seulement la sienne mais aussi la mienne et la notre en quelque sorte .

Et je me suis commis d’office pour le défendre . Je suis d’abord aller l’écouter souvent , longtemps et puis j’ai regardé ce qui se passait autour de lui, c’était la magie du spectacle car il arrivait à réunir un public autour de lui et à faire jouer le théatre sur le pavé à n’importe qui , aux enfants , aux étrangers , aux parisiens , aux malades mentaux , aux blancs , aux noirs , à tout le monde avec rien avec des mots . Et ça me paraissait à la fois correspondre à la vocation de l’endroit , à la notion de liberté d’aller et de venir que j’avais pour les relations des citoyens dans la ville et à l’exigence de défense des libertés publiques que j’éprouvais comme avocat . C’était du pain béni . Et donc je n’ai pas eu beaucoup de difficulté à me mobiliser pour lui , indépendamment du fait que sa personne m’inspirait une très vive sympathie . Donc je lui ai proposé mes services quand j’ai vu qu’il était verbalisé tous les jours , plusieurs fois par jour même par la police . Et j’ai essayé de mettre mon imagination juridique et mon ardeur de citoyen au service de la défense de son art et des libertés . Et puis les autres sont arrivés , les autres artistes comme Reboul et d’autres qui étaient victimes eux-meme à différents degrés des persécutions de la police et donc à chaque fois qu’il y avait des audiences au tribunal de police j’allais au tribunal de police pour défendre John . J’ai eu quelques bonnes fortunes puisque je l’ai fait relaxer plusieurs fois de suite , j’ai plaider pour lui des dizaines de fois et à la cour d’appel . Et le préfet de police a commencé à trouver que cette résistance etait agaçante et ils ont perdu les pédales. Ils ont pris des mesures exésives notamment les arrétés municipaux qui dépassait le pouvoir d’intervention du Préfet de police .

Et nous avons décidés d’attaquer les arrétés du prefet de police en justice , devant les juridictions administratives et j’ai mobilisé facilement des avocats au conseil d’état sur la question et nous avons obtenu un grand succès puisque il y a un célèbre arret du conseil d’état concernant John qui est maintenant un exemple donné aux étudiants en faculté pour apprendre les limites du pouvoir de police des autorités préfectorales qui dit qu’en matière de réglementation c’est LA LIBERTE QUI DOIT ETRE LE PRINCIPE

ET LA RESTRICTION L’ EXCEPTION .

Alors qu’on avait posé le principe dans ses arretés que les activités artistiques ambulantes sur la voie publiques n’étaient autorisés qu’à certaine heures et à certains endroits de la capitale .
Le conseil d’état
 a considéré que cette formulation était contraire aux libertés , en disant que si le prefet pouvait réglementer pour certaines raisons et dans certains endroits les activités de saltimbanques , ils ne pouvaient que les restreindre et pas les organiser parce que le principe est que ces activités sont libres . Et donc on a fait annuler les arretés du préfet de police . Ca a rendu le préfet encore plus furieux et là il a perdu toute contenance et on est passé de la guerilla juridique à la rebellion administrative et aux voies de faits. Et j’ai assisté de mes yeux à ces voies de faits qui consistait pour les forces de police du quartier à entourer le public qui se massait autour de l’artiste avec des camions qui en marche arrière dégageaient des gazs d’ échappement concentrés en un endroit qui faisait que les gens s’en allaient . Ils pouvaient plus respirer c’était pas vraiment des chambres à gaz mais c’était l’utilisation du gaz d’échappement pour empecher les gens de stationner et ça c’est ce qu’on appelle en droit une voie de fait . C’est à dire l’utilisation de la force et des moyens contraires à la loi pour parvenir à un but légale de manière détourner . Et on a eu la chance de tomber sur un juge qui a compris ça . Il a fait condamner le préfet de police pour voie de fait donc la police a du cesser et même le préfet a été condamner à payer à John un franc de dommage et interet et j’ai le souvenir de ce chèque libellé , signé par le préfet de police de un franc à John qui l’a encadré et non pas encaissé .

Donc vous voyez ce combat au bout du compte a eu des résultats mais c’est d’abord John qui a eu le courage de résister parce que c’était tous les jours la persécution et c’était tous les jours l’obligation de déguerpir , de circuler , de ne pas pouvoir faire son spectacle . Jusqu’au jour où le comissaire de police du 4ème arrondissement qui d’un autre coté était sujet à toutes sortes d’intervention de la part de la population du quartier mais aussi surtout de la part des commercants a essayé d’organiser des rencontres , et là j’ai le souvenir d’une rencontre à la mairie du 4ème arrondissement où je suis allé à l’invitation du commissaire de police rencontrer les gens du quartier parce que ils avaient créer un syndicat . Et comme j’avais acquis une certaine notoriété à cause de ma présence constante dans toutes les affaires de Beaubourg , j’étais allé à leur rencontre et j’ai ressenti là l’impossibilité du dialogue , la haine que provoquait l’artiste , le mépris , la cupidité , l’hypocrisie , c’était un peu l’essor et le triomphe du front national avant la lettre et on est parti presque sous les quolibets et les crachats de cette salle de réunion de la mairie du 4 ème arrondissement avec cette espèce de sentiment de saleté de honte de salissures de la part de citoyen qui ne voulaient même pas entendre les raisons tenant à la liberté , le mot n’avait aucun sens pour eux .

Ca les dérangeaient pourquoi parce que il y avait 100, 200 , 300 personnes autour de John et pendant que les gens baquenaudaient autour de l’artiste , ils allaient pas acheter les cartes postales ou les affiches ......dans les boutiques autour de Beaubourg et c’est tout .

 

 Parce que franchement les désordres , le bruit bien sur il faut préserver ces espaces mais encore on l’a créer pour ça pour qu’il y est une animation . Et franchement John était très attentif à tout ça et il ne se manisfestait pas le matin de bonne heure le soir tard et son activité n’était pas bruyante du tout au contraire . Elle ne faisait que créer un attrouppement de gens autour de lui , à quoi bon créer des grandes places si c’est pas pour que les gens s’y rencontrent , s’y parlent , se regardent , se contemplent , s’arretent , pour moi la liberté d’aller et de venir c’est d’abord la liberté de s’arréter où on veut , quand on veut , comme on veut , avec qui on veut . Et encore mieux si c’est avec des gens de rencontres occasionnels . On vient pas forcément avec ses amis , sa famille , ses copains , sa bande mais au contraire avec ceux qui sont là pour établir une rencontre . Faire comprendre tout ça , ça a pris près de 10 ans jusqu’au jour où il a fallut , on a essayé de toutes les manières possibles moi je croyait pas du tout à l’intervention politique en ce domaine mais on peut dire qu’aucun des politiques n’a compris la chose ni Françoise Giroud pour commencer parce que c’était elle qui était Ministre à l’époque , ni les ministres successifs ni Jack Lang n’ont plus sauf quand John est allé faire le festival d’Avignon alors là évidemment il lui à serrer la main devant les caméras . Mais Mitterrand , Chiracq Maire de Paris rien , toutes les pétitions , toutes les lettres , John avait édité une carte postale représentant le petit chaperon rouge à sa façon puisque il mimait le petit chaperon rouge et il y avait des dessins le représentant entrain de le faire et il distribuait cette carte postale et il demandait aux gens de l’envoyer au Maire de Paris pour revendiquer la liberté et sur le dos de cette carte postale il y avait le fac similé des contraventions qu’il avait reçu .EH ben j’ai assisté un jour aux fetes du pont neuf et cette fois ci la mairie de Paris avait proposer à John un cachet pour venir faire un spectacle d’animation sur le pont neuf venir faire son spectacle sur le pont neuf pour le temps où cet espace était rendu à la circulation piétonne . Et il avait compris le profit qu’il pouvait en tirer mais il avait rien compris à la décision prise par John à l’origine et par les autres saltimbanques de profiter de cet extraordinaire occasion de création d’un espace libre grand permettant à la population d’une ville de se meler elle-meme et de rencontrer des gens qui sont par ailleurs attiré aussi par l’espace culturel et par la source culturel que représente le Centre Pompidou . Je contaste après 20 ans que on lui a a peu près accorder la paix mais c’est extraordinaire de contaster dans ce pays où on est si pron à inventer les libertés , les droits de l’homme et à donner des leçons au monde entier que il aura fallut si longtemps pour faire reconnaitre une liberté aussi simple que celle d’aller et de venir et celle de la liberté d’expression en public .

- Encore maintenant les saltimbanques se font éjectés encore maintenant .

-  oui je pense pas que la question soit tout à fait régler et en plus le problème n’est pas strictement parisien on créer beaucoup de lieux piétonniers dans les villes , je ne sais pas comment ça se passe à Bordeaux , à Lille , à Lyon .............Tout ça dépend forcément de l’autorité locale et du rapport des policiers avec la population .

- Mais avant il y avait des lois qui interdisait  des attrouppements sur la voie publique .

- Non il y avait des réglements qui à Paris notamment réglementait les ventes d’objets sur la voie publique ou les quétes ou les collectes sur la voie publique . Et dans les débuts de la persécution dont les saltimbanques ont été la victime , ils ont essayé de verbaliser sur le fondement de ces textes là , on a pas eu de mal à démontrer qu’ils ne vendaient rien et que si il y avait un chapeau par terre dans lequel les gens voulaient bien mettre une obole , ce n’était pas une quete sur la voie publique . Mais il n’y avait pas de textes qui interdisait à proprement parler jusqu’à ces fameux arrétés municipaux , l’exercice d’activité culturel , d’animation sur la voie publique .

C’est arrivé seulement en 1981, en 81 c’est déjà la gauche .

- Avant Beaubourg je sais pas si il avait des P.V. à St Germain

- C’est justement là qu’on touche du doigt le problème parce que le préfet de police sachant qu’il peut quand même pas tout interdire c’était dit je vais figer une situation acquise , alors on va prendre la rue Mouffetard , la parvis de l’église St Germain des Prés , le parvis Beaubourg et on va dire ben dans ces lieux là qui sont une sorte de ghettos culturels on va autorisé à certaine heures du jour et à condition qu’elles ne soient pas trop bruyantes des activités d’animation artistiques . C’est cette façon de réglementer que le conseil d’état a sanctionner en disant le Prefet de police doit assurer l’ordre , la tranquilité de la population mais pour le faire il doit interdire quelque chose , il ne doit pas réglementer une liberté . Et donc poser en principe que les activités artistiques ne sont autorisés que dans ces endroits désignés par le préfet , c’est porter atteinte à la liberté fondamentale de toute personne de s’exprimer librement sur la voie publique et si il veut le faire sur la place de l’alma il n’y a pas de raison qu’on le lui interdise sauf si l’attroupement qu’il créer pertube la circulation des voitures ou met les piétons eux memes en danger . Mais dans les espaces piétonniers il n’y a pas ce genre de danger  alors on nous a chanter quelques fariboles de temps en temps en nous disant que l’attrouppement autour des artistes risquait d’empecher la circulation des véhicules de secours . Effectivement lorsque les pompiers ou une ambulance ont à intervenir à la demande d’un riverain , il faut même dans les espaces piétonniers que ceux-ci puissent circuler comme si il était sur la voie publique , la rue . Et ça avait un petit coté dérisoire de dire que parce que du coté des arbres qui sont près de l’église St Merri il y avait un attroupement de 150 à 200 personnes on pouvait pas passer à coté , je veux dire il n’y avait pas une telle foule sur la place que l’on ne puisse circuler . Et si vous prenez l’exemple des voies sur berges ou même des voies rives droite ou rives gauche sur le long de la seine quand en plein moi de mai la circulation est intense au point qu’on met trois quart d’heure pour aller de l’Alma au Chatelet si la police ou des véhicules de secours ont à passer il leur faut utiliser leur sirènes et elles sont souvent bloquer. Vous pensez bien que c’est pas plus compliquer de faire bouger des gens qui sont debout autour d’un artiste pour faire passer une ambulance . C’était de l’hypocrisie totale .

- Et c’est du à quoi ce fait d’etre complètement opposer

- Je crois que c’est du contrairement à ce qu’on croit à une tradition française qui fait que la liberté fait peur aux autorités et même à la population . On est pris de frisson quand on se dit quelles sont les conséquences d’une liberté ,

Les libertés elles sont en France enfermés dans un tabernacle comme si c’était des principes ou des valeurs que l’on célèbre , que l’on exporte mais pas que l’on pratique et si on les pratique c’est encore avec parcimonie parce que on risque de se bruler , la liberté a de ses souffles ou de ses emballements que l’autorité ne peut pas controler et moi j’ai senti que Beaubourg constituait un tel lieu potentiel de rassemblement avec le Chatelet autour , de déclenchement de la violence que la police a eu peut etre quelques craintes raisonné ou pas moi je suis pas le Prefet de police j’ai plutot tendance à croire que ont a jamais assez de liberté et le Préfet se dit que l’on ne prend jamais assez de précaution pour éviter les affrontements , affrontement entre le public , les artistes , les riverains franchement en dehors de quelques propos acerbes échangés d’une fenetre sur la place publique , il n’y a jamais eu réel danger . En plus mais ça c’est une raison à demi nèm c’est aussi une facette de la personalité de John Guez c’est qu’il a toujours été très respectueux de l’ordre et il l’affirme toujours , et il a jamais provoquer la moindre exitation du public notamment à l’encontre des policiers .Même lorsque les policiers venaient le verbaliser il s’en prenait pas à eux , il ne dénonçait pas les policiers à la population autour de lui pour éviter leur intervention au contraire il les plaignait d’etre obligé de faire cela et il expliquait que par ailleurs il avait le moyen de se défendre en justice et qu’il fallait que force reste à la loi et pas de résistance par la violence possible .

C’ ETAIT UNE ECOLE DE LA RUE .

très importante aussi , en plus il y a la face cachée du personnage , ça relève de sa vie privé mais aussi de son activité artistique car cette activité d’éveil au dialogue ou à l’expression orale en public il ne l’exerce pas seulement sur la place publique de cette manière là mais il l’exerce aussi dans des établissements psychiatriques pour enfant où il se rend régulièrement pour faire la même chose auprès de jeunes austites . Je ne sais en vérité le résultat de ces initiatives mais en tout cas c’est bien le signe que cette démarche artistique a un sens profond d’échange , de dialogue , de représentation , de communication dans cette société qui valorise la communication presque à légale de la liberté mais qui abolit aussi la communication , on retombe sur le même paradoxe une valeur qui est  promut dans les médias comme souveraine et qui est célébré par les marchands et la technologie mais qui en réalité ne passe pas parce que on communique avec des téléphones mobiles , on communique avec des médias , des écrans avec la technologie mais on communique pas de vive voix en se parlant en se regardant , en s’écoutant . Bref on s’écoute plus , on se parle plus et on ne s’écrit plus .

_ Je crois que c’est pas typique à la France ...Finalement ça ne va pas du tout avec ce que la police pense parce que finalement plus il y a de gens dans la rue qui font des spectacles moins il y a des problèmes de violence ,

- Oui je le crois profondèment mais comme c’est des choses qui échappent à l’organisation au controle , à la réglementation c’est mystérieux donc ce qui est mystérieux ne peut pas faire l’objet d’une reconnaissance par l’autorité . La police elle a besoin de circulaire , d’instruction , d’ordre , de plan , de méthode de ....et tout ça qui procède de la liberté leur est étranger .
Moi j’espère tout de même que dans les ecoles de police on apprend ces choses là . On m’a jamais demander d’y aller mais je vois pas pourquoi j’irais pas . Ce que je vous explique là je l’expliquerai bien sur devant 300 policiers pour leur faire comprendre qu’il n’y a pas d’hostilités entre les artistes et les policiers mais que l’artiste a sa place dans la cité comme le policier . Il est pas un thérapeute mais il a une place qui doit etre respecter parce que il est une personne humaine mais qui en plus a son utilité sociale .

Vous savez il y a une trdition anglaise et anglo saxonne que vous devez connaitre des precheurs ou des hommes politiques qui sur la voie publique sous la protection de la police peuvent s’arreter et tenir un discours politique . En France je vois pas même que ce soit possible qu’en dehors des lieux où il y a des réunions électorales ça soit possible de tenir un discours politique et encore moins un discours métaphysique ou philosophique où l’on croit toujours que les gens sont fous . Une personne qui parle dans la rue est forcément un dingue .

- J’arrive pas à comprendre avant il ya avait plein de choses sur Paris - Il n’y a pas forcément un rapport institutionnel ou même législatif entre cet essor de la rue dont on garde le souvenir même si il n’ai pas très vérifier dans les faits , en tout cas dans la mémoire et cette régression qu’on contaste . Moi avant de rechercher les causes dans les textes je pense qu’il faut le chercher dans les hommes et dans l’inconscient collectif qui fait que se créer des réflexes de peur entre les gens et la peur enferme chacun chez soi , ce qui abolit cet espèce de discussion et de rencontre dans des espaces publics qui sont appelés à etre fréquenter par un grand de personne . On représente traditionnellement c’est surtout un coté folklorique les villages du midi de la France ou les places publiques comme un lieu de rencontre . On peut aussi citer des exemples sur la façon dont s’ont organisé les places de ville en Italie où il y a des espaces où les gens viennent se parler , se rencontrer , c’est même plus encore perceptible en Italie qu’en France mais ça reste tout de même des traditions locales anciennes et limité en nombre et les gens qui se parlent là sont des gens qui se connaissent .

Aujourd’hui tiens au phénomène d’urbanisation , une extreme concentration d’inconnu dans un même lieu et on est plus au 16ème , au 17ème même au 19ème siècle où la circulation etant beaucoup moins fréquente ne se rencontrait dans un même lieu que les gens qui se connaissaient déjà .

Si on essaye d’approfondir la recherche sur le plan Franco Français en tout cas il y a chez nous une sorte de tendance à considérer que tout doit etre réglementé , organisé , classifié et on a dans l’idée que l’exercice d’une activité artistique ça se passe dans un théatre où ça se passe dans un lieu de spectacle , au theatre cinématographique et il y a une ordonnance de 1945 qui réglemente les lieux où doivent s’organiser les spectacles et pas sur la voie publique .
Oui l’ordonnance de 1945 réglemente les lieux dans lequel s’organise les spectacles et il faut pour ça avoir une licence . Donc voyez le mot licence signifie en soi que c’est l’autorité publique qui autorise quelqu’un à exercer une activité artistique en public . Licence pour vendre des boissons , licence pour vendre des spectacles ou pour tenir une salle . Alors on considère qu’il y a des raisons pour le faire des raisons qui tiennent à la sécurité des lieux dans lequel on fait venir du public mais c’est une fausse raison parce que la sécurité fait l’objet d’une réglementation à part et d’une vérification de l’autorité sanitaire ou de police , il n’y a pas besoin que le ministère de la culture soit chargé de délivrer une autorisation de représenter des spectacles dans un lieu parce que ça induit l’idée qu’on va controler le contenu , comme sous Napoléon 3 les chanteurs de rue devait d’abord aller déposer le texte de leur chanson à la préfecture avant de les chanter et donc il y avait les survivances d’ordonnance impériale de 1852, 53 qui rapporte le souvenir de ces colporteurs et chanteurs de rue qui sont déjà poursuivi par la police parce qu’ils n’ont pas soumis leur texte avant . Notre histoire de France est riche comme ça d’aller et de retour en arrière dans le domaine des libertés . C’est les quolibets et les chansons qui ont fait tomber Marie Antoinette et quand l’empire revient c’est les chanteurs qui sont poursuivi dans la rue alors que dans l’intervalle on a proclamé la liberté d’expression .

C’est ce qui me fait dire qu’en France en tout cas il y a une certaine incohérence entre les déclarations d’intentions , les textes constitutionnels et la pratique .

La déclaration des droits de l’homme et des citoyens a bouleversé le monde , et on continue de l’apprendre aux enfants des écoles comme un texte fondateur et tout le 19ème siècle a été un long catalogue de disposition qui sont une régression de cette liberté , un controle , un encadrement de cette liberté . Et moi je suis partisan d’apprendre aux enfants d’abord mais peut etre aux citoyens adultes aussi que les libertés ce n’est pas seulement pour le fronton des écoles ou des mairies , c’est dans la vie quotidienne . Il faut leur faire toucher du doigt ce qu’exige la liberté et la liberté elle exige que aucun citoyen  NE TOLERE L’ARBITRAIRE , j’ai la prétention de le dire pardonnez moi cette vanité que si j’avais pas été là sur la place Pompidou en 1978 , 79 John se serait peut etre lassé , c’est parce que j’ai eu cette révolte citoyenne pas seulement d’avocat , honnetement je me suis porté au secours de cette liberté , si j’avais pas eu cette révolte citoyenne qui consistait à dire c’est toi qui va faire le rempart des libertés contre l’autorité publique on aurait pas peut etre pu continuer . Et il faut qu’a chaque instant en présence de l’arbitraire il y est quelqu’un qui se lève pour protester .

Je me souviens , je vous est raconté l épisode de ces  voies de faits avec les camions et les gazs d’échappement , quand j’ai vu cela deux fois de suite j’ai pas laisser faire trois fois je suis allé sur le pavé à Beaubourg et j’ai dit aux gens , j’ai pris la parole avec john , j’ai dit aux gens qui était là voulez vous faire une attestation , un certificat disant que vous avez vu ça , il fallait bien que je le montre au juge que le juge est la preuve de ce qui se passait et il y a une douzaine , une quinzaine de personnes qui ont accepté et qui ont envoyé les attestations , qui ont permis d’établir et bien il fallait le courage de faire cela .

Il y en a un que vous devriez peut etre entendre , je me souviens parce que il a une grande gueule c’est un avocat qui s’appelle Nito Jean louis qui était l’avocat de l’association des riverains et c’est interressant d’entendre aussi leur point de vue , parce que moi je les présente sous un jour plutot défavorable . En quoi était-il dérangé par la présence de ces gens et de ces artistes , quelle était la véritable raison de leur intolérance . Je cherche toujours à comprendre .

J’ai entendu cet argument du bruit , du désordre .... je trouvais cela très hypocrite de la part de ces gens qui ont tout de même d’une certaine manière bénéficier par la ville de Paris  d’avantage pour avoir des appartements si bien placés , mais si bien placés avec un espace piétonnier on ne peut pas imaginer tout de même que on va parquer les gens derrière des barrières , je veux dire on doit s’attendre à ceux qui est des gens dans des zones piétonnières . Hors c’est une inconséquence , les gens voulaient bien avoir le soleil , l’espace , pas de vis à vis mais aussi personne , personne ils n’étaient pas près à  accepter les servitudes que représentaient  la présence ........

Pour parler très précisement de ces attractions là cracheurs de feu .....Je ne les ai jamais vu ailleurs que carrément sur le parvis , le plan incliné et jamais en dehors près des immeubles , là ou lui John se tenait , on voulait d’ailleurs l’obliger à aller avec les cracheurs de feu et John m’a toujours dit je ne peux pas y aller parce que leur cri couvre ma voix et il pouvait pas faire son spectacle de dialogue à coté des gueulards qui était là . Mais c’était quand même assez loin des habitations ce genre de spectacle et si ça fait peur , ça attire aussi . Moi je déteste ce genre de spectacle mais je reconnais qu’il y en a qui peuve les aimer . Ce qui est extraordinaire en ce lieu c’est qu’il y a place pour toutes sortes de choses , toutes sortes de rencontres et donc d’enrichissement .

Et je sais pas trop d’ailleurs ce que les travaux fait autour de Beaubourg vont changer , j’y suis encore aller récemment , j’ai vu qu’il y avait Reboul et son orgue et puis Banana . Je pris le ciel qu’on le fasse pas déménager sous prétexte qu’il fait du bruit avec des boites de conserve .

- oui les autres sont partis sur des galas ......

- Il faut comprendre , c’est peut etre aussi leur désir parce que j’imagine que ça doit pas etre marrant tous les jours de faire cette activité . Et moi en ce moment je suis plutot en délicatesse avec john ...............

Livre de Cabu .

- ils ont tous des passé particulier , c’est particulier le fait d’etre passé dans la rue .

- Il reve d’entrer dans des castings , d’etre engagé et quand ça lui est arrivé il était heureux comme tout et il croyait en tout cas il disait que c’était la consécration qui allait enfin arriver . Moi j’avais une autre vision des choses mais c’était la mienne , surtout ne quitte pas le parvis mais bon c’était la galère aussi , pas seulement à cause de la police , c’est qu’il fait souvent froid et il faut y etre tous les jours .

Je crois qu’il gagnait bien leur vie .[F1] 

 

1.    Interview de John dit "l‘indien".

 

c’est des métiers énormes ça c’est pas comme le serrurier, il faut etre traumatiser au départ, quand j’appelle traumatiser c’est comme par exemple etre impressionner donc un trauma très fort ; traumatiser c’est etre impressionner par quelque chose qui va vous travailler le psychisme et le mental, donc c’est une obsession finalement ; bon mettons vous voyez le groenland vous etes attirer par cette merveille et par les photos aussi et puis d’un seul coup il y a comme un voult magnétique qui fait que vous voulez aller au groenland c’est une attirance , une fascination donc il y a un je veux , je veux etre explorateur au groenland , je VEUX ETRE SALTIMBANQUE  donc moi c’est ça c’est par un copain qui était gitan et que j’avais rencontré a valoris avec sa roulotte qui était là et j’avais été traumatisé par sa vie , avoir un cheval et une roulotte et ne plus etre à Paris j’étais parisien à l’époque et pouvoir etre ici et ailleurs et partout et nulle part mais je dis mais comment faire pour vivre aussi ben oui il faut avoir un métier qui permette de vivre partout , c’est à ce moment là il y a longtemps j’avais vu le film la strada et je dis voilà c’est formidable de pouvoir faire un numéro c’est pas denrées périssables c’est pas comme si on vend de l’alimentation si on l’a pas vendu c’est bon à foutre en l’air , là on a un numéro et on va là et là c’est formidable et comme j’étais déjà un peu dans le métier et à la suite de tout ça j’ai eu des déceptions avec des partenaires, il faut etre aussi libérer de pas mal de choses pour faire le saltimbanque, avoir eu des deceptions dans le métier d’artiste mais avec le système c’est à dire passer par les agences , téléphoner avoir son répondeur monter une petite affaire quoi monter une affaire d’artiste c’est à dire c’est le gars il a son studio , son téléphone , son répondeur et puis il attend les contrats il fait de la pub et dès qu’il a un contrat il met sa valise dans sa voiture comme un médecin il va faire son gala et il revient chez lui et tout le temps comme ça , c’est pas le saltimbanque ;   c’est un saltimbanque mais il a un lieu à lui ,il a une famille , il revient alors moi j’ai été comme çà un temps on a c’est petites amies c’est petits amours qu’on ne veut pas quitter mais c’est pas encore le saltimbanque; le saltimbanque c’est celui qui s’en va tout seul sans amis sans personne sans femme pour etre materner qui s ‘en va tout seul et qui tente l’aventure du saltimbanque c’est à dire sans revenir en arrière qui laisse tout ; - mais avant il se déplaçait en famille......                          oui mais enfin moi pour moi le vrai saltimbanque ça doit etre un gars un peu solitaire parce que je pense que c’est dans la solitude qu’on peut faire de la créativité;  tous les grands artistes il l’on dit même dans les compositeurs Bethoven c’est quand il était tout seul dans une solitude moussesorski qui commencait à avoir des impressions de créativité et il pouvait créer bon c’est pas la même création aussi grandiose quand même parce que le saltimbanque c’est pas aussi fort que la musique , la danse ou la peinture; c’est une force de création quand même ; si on le fait bien c’est aussi fort ; donc pour en revenir à mon truc j’aimais beaucoup la nature , j’aimais le soleil si je quitte se studio que j’avais d’abord je payais cher le loyer des fois je partais pendant trois quatre mois ; je payais quand même mon loyer et j’étais pas là ; je dis maintenant je suis fait pour ne plus etre à paris ; paris devenait un peu une ville de béton ; le beau Paris était mort; j’ai dit je vais tenter de faire le saltimbanque, j’en avais envie , j’avais vu beaucoup de films qui m’invitaient à ça surtout la strada et puis mon copain le gitan qui lui m’avait fait voir sa roulotte son cheval; mais c’est là qu’a ce moment là j’était pas près j’avais dans le fond tout le matériel du saltimbanque toute la caisse à outils parfaite du saltimbanque même avec le cheval primitif mais je me suis aperçu que pour etre saltimbanque il ne faut pas avoir d’attache , j’étais encore attaché; donc me voilà parti avec mon machin; quand on me voyait on disait c’est un vrai nomade mais j’étais pas nomade dans le coeur , extérieur oui puisque à un moment donné j’ai eu un accident et j’étais pas     maintenant j’ai des accidents  mais je sais les assumer ça ne me fait pas peur quoiqu’il m’arrive je sais me démerder; c’est là que j’ai fait une observation j’étais pas assez costaud , faut pas etre attaché pour etre saltimbanque il faut etre détaché; ensuite ça me manquait à paris j’avais des petites copines je téléphonais je les faisait venir chez moi ; on s’en va avec plus personne en quelque sorte et j’ai fait un échec, j’ai eu un échec parce que j’étais pas tailler psychiquement  j’etais pas assez détacher;quand on est un saltimbanque il faut que la personne avec qui on est il faut que l’on aime vraiment puisque on va l’avoir vingt quatre sur vingt quatre avec soi c’est pas comme si on était dans un appartement ; donc il faut une union terrible une complicité; donc moi j’avais échouer; j’étais parti tout seul et après j’ai rencontrer une femme qui est rester un peu avec moi mais ça n’a pas été donc j’étais pas fort ni tout seul ni avec la femme ; et donc je suis revenu à paris ; c’était un échec; et puis là j’ai fait le saltimbanque à beaubourg , mais j’étais pas le saltimbanque avec mon petit studio j’allais à beaubourg et je rentrais le soir je faisais un numéro dans la rue ; et puis après ça s’est délabrer et puis j’ai eu vraiment le désir là parce que je faisais du yoga , je faisais le détachement j’ai senti que je pouvais me détacher ; alors j’ai acheter une estafette j’ai vendu tout ce que j’avais aux puces; j’ai mis un maximum de choses dans cette estafette quand j’ai mis tout ça , ça faisait encore de trop et je me suis aperçu qu’il fallait partir avec presque rien le détachement ,c’est fou ce qu’on est attaché à des conneries ; alors j’ai dit bon je vais essayer et si ça va pas je reviendrai et puis non ça fait quinze ans que ça dur ;; les premiers mois je dis mais c’est bien j’ai la liberté , j’ai le soleil surtout moi je fait du naturisme , j’avais tout en quelque sorte , la vie naturiste la liberté, du public toujours nouveau et voilà ça fait depuis quinze ans et j’ai pas l’intention de m’arreter au contraire dès que je vais pouvoir dans deux ans je vais me racheter un camion plus grand , je vais pouvoir me mettre une douche et pour avoir un endroit pour bricoler parce que un artiste un clown il bricole toujours du matériel il fait des boites il fait des trucs , si il fait pas beau on est à l’intérieur;

Avant d’etre saltimbanque moi j’ai commencé dans les cabarets et dans les cirques en artiste professionnel et dans le show biz avec le système , j’ai commencé dans un numéro à quatre quatre garçons ; on faisait quelque chose qui n’a rien à voir avec le clown on était sérieux des trucs en force où on ne rit pas où on ne parle pas c’est des expressions physiques et des exploits physiques ; rien à voir avec le clown; et je me souviens j’allais voir tous les spectacles de cirque à paris il y avait bouglione et medrano j’allais toujours aux premieres de medrano et ceux que j’aimais pas c’était les clowns ,j’attendais vite que finissent les clowns pour voir les acrobates, les antipodistes  etc....    et je savais pas que trente ans ou quarante après je serai clown et heureux de l’etre ; au départ moi ça a commencer je faisais du culturisme , je voulais avoir un corps parfait pour ma santé ; donc je faisais du culturisme et le samedi et dimanche j’étais menuisier à l’époque j’allais à un endroit qu’on appelle charentoneau où on peut se baigner c’était la marne il y a quarante de ça , on pouvait se baigner faire du bronzage et puis voir des culturistes  c’était sain comme truc ; et il y avait un endroit où il y avait les professionnels du cirque qui venait s’entrainer femme homme , et je le savais pas ; alors on voyait tous ces jeunes ,ils venaient répéter , quand ils travaillaient pas ils venaient répéter en plein air ; alors on voyait des portées acrobatiques du main à main des sauteurs c’était beau à voir la jeunesse à cette époque  ; la jeunesse à cette époque elle faisait un travail bénéfique sur le corps; alors que maintenant elle fait un travail maléfique, l’auto destruction du corps ; elle s’y applique avec grande industrie; enfin c’était pas la même époque et puis les jeunes ils s’aimaient; il n’y avait pas tant de voitures c’était une belle époque ; et c’est là que je vois tous ces jeunes faire du main à main j’ai été traumatiser par deux gars qui faisait du main à main en force , je dis c’est formidable c’est gars ils sont musclés je les voyais ces abdominaux  c’était beau à voir un autre il portait une femme en l’air c’était drolement beau je dis c’est ça que je veux faire , je veux etre un artiste comme ça et petit à petit je me suis entrainer et je suis devenu un petit amateur, un mauvais amateur , un meilleur amateur et puis j’avais la joie de pouvoir cotoyer les artistes pouvoir leur serrer la main devenir un peu leur ami ; et puis leur demander des petits conseils et puis à force je suis devenu très bon ; j’étais un ancien equilibriste sur la tete , équilibre d’un bras j’étais un fameux équilibriste et puis un jour il manquait un gars dans un numéro qui pouvait pas partir à cause de sa femme qui devait accoucher , ils devaient aller à bordeaux ils avaient signer le contrat et le dirigeant du numéro il me dit tu est à peu près bati  pour le faire et puis j’avais déjà travailler un peu avec eux comme cà en amateur; si tu veux on te propose, j’étais content des professionnels internationals qui me demande de faire trois semaine de remplacement au cirque de bordeaux et c’est là que me voilà je pouvais faire le numéro; il m’a dit ce sera trois semaine un mois ça fait rien et je monte sur ce cirque et deux mille personnes qui m’applaudissent pour le travail , cette chaleur humaine qui est destiné à l’artiste parce que ceux qui vont au cirque , le public qui va au cirque ils aiment les artistes il vient pour un travail quand ils applaudissent on sent qu’ils donnent ; j’avais l’inflation du moi j’avais le virus quoi ; j’étais heureux , j’étais jeune , j’étais applaudi pour mon travail , tout le monde s’interressait à mon travail c’était une époque où on aimait le main à main ,Paris courait pour voir du main à main ; et alors j’ai passe trois semaines à Bordeaux formidable un bon contrat bien payé tout dans un grand hotel et j’avais le virus quoi ; seulement quand je rentre à Paris c’est l’autre qui revient il reprend son numéro et moi c’était fini je ne faisait plus parti du numéro , j’étais un remplaçant ha j’étais un peu triste enfin j’étais content d’avoir gouter ça mais j’avais le virus ; j’ai dit ça fait rien je retrouverai des partenaires , j’ai fait un numéro tout seul et puis après j’ai fait un numéro avec trois garçons et puis il y avait les caractères qui s’affrontaient ça faisait des dualités et les séparations se faisaient tout le fruit du travail était mort; et un jour là c’est un peu un reve qui ................            j’admirais un porteur le plus grand porteur de France  , qui s’appelait les moreos un numéro de main à main et je me souviens ils avaient fait la fete de l’humanité et il y avait une photo d’eux en équilibre d’un bras comme ça lui il était debout et il portait son voltigeur ho j’étais émerveillé j’avais découpé la photo et je la met dans mon portefeuille . Mais tout ce que je vous raconte ces des anecdotes vrai et puis je les regardais en disant c’est vachement bien un jour je deviendrais peut etre un main à main et tous les ansj’allais à l’ile du levant  parce que j’aime bien le nudisme et me faire bronzer j’aime la nature j’aime bien le soleil , sentir la chaleur et tous les ans j’y allais . Quand j’arrive les copains me disent ha tu es revenu dis donc tu es bronzé et il y a Maxime Moreos qui te cherche , Maxime Moreos ouais il te cherche il veut te demander comme partenaire , moi mais je suis un tout petit main à main , parce que voilà ce Maxime il avait une plastique longiligne un genre d’athlète finement musclé et il travaillait avec son frère qui etait un voltigeur au niveau travail et processus de travail à un très haut niveau seulement ils avaient fait pendant un an le casino de Paris et le casino de Paris à l’époque c’était des revues de femmes nues et entre les ballets de nues il mettait entre chaque tableau un numéro classique soit de sauteurs cascadeurs comiques ou du main à main qui était du nu mais pas nu intégrale mais nu avec un travail et Varna lui avait dit votre frère il est bien mais il est pas assez esthétique , je peux pas vous reprendre ,si vous trouvez un autre voltigeur je peux vous reprendre encore un an au casino de Paris . Donc il m’a choisi moi. Donc il m’a initier vite fait et en six mois on montait le numéro , seulement à l’époque j’avais un sale caractère et pendant qu’on répétait lui il avait de l’argent d’avance mais moi je travaillait pas , donc j’avais pas d’argent et je lui dit demmerde toi pour trouver des cinémas qui font des attractions pour qu’entre temps je puisse vivre . Et puis il y allait jamais et j’étais pas tellement commode moi quand j’avais vingt ans et puis je cassais tout même le fruit de mon travail et puis je me suis disputé avec lui et j’ai dit j’en ai marre je te laisse tomber , il m’a dit mais tu es fou tu es super ..........Souvent moi je met sur un piedestal et puis ......ET donc après j’en avais marre des partenaires et j’ai dit je vais faire un numéro tout seul , je suis plutot un soliste moi j’exige beaucoup de l’autre   moi je donne beaucoup mais je veux beaucoup et puis je veux etre heureux avec quelqu’un si je suis pas heureux j’aime mieux etre tout seul , si je suis avec quelqu’un c’est pour etre plus . C’est pour ça que j’ai pas de copain et j’en veux pas maintenant , j’en es pas besoin mais je suis gentil avec chaque personne mais il y aura pas de suite c’est le tchi kong qui fait ça . Si j’entends taper à mon camion comme ça puis c’est un éléphant , un éléphant qui vient puis il me fais voir sa trompe il y a une grande aiguille qui est dans sa trompe lui il vient vers moi il vient parce que il m’a choisit il sait que c’est moi qui vais le guérir alors là je vais lui donner, et lui il va recevoir un donnant et un recevant . C’est pour ça que les amitiés se brise actuellement parce que il save le donnant recevant et le recevant donnant .Pour le couple c’est pareil soit c’est l’homme il veut etre toujours materner par la femme , ou vice versa ; j’appelle ça le jeu d’oedupe c’est de la marmelade .

Je me monte des petits numéros tout seul puisque j’étais bon équilibriste , je pouvais travailler tout seul , à trois ou à quatre , j’ai travailler en trio deux garçons et une fille , après je monte des petits numéros tout seul puisque à Paris il y avait beaucoup de cinémas qui faisait des attractions , et puis faire des galas de temps en temps . Après le cirque commençait à mourir et c’est là que j’ai rencontré ma compagne ; j’ai dit j’en ai marre je vais monter un numéro avec une copine qui est comme moi bohème tout ; j’ai attendu longtemps pour la rencontrer et je l’ai rencontrer , on a partager une cerise à deux mais on l ’a manger en état d’amour . On a fait des cabarets des casinos c’était extraordinaire . Et puis après c’est mort c’est là que je suis arrivé à Beaubourg et comme j’avais perdu tout la partenaire le matériel tout le standing . A zéro et Pompidou ouvrait le centre Beaubourg en 1977 je faisais la manche dans le métro pour subsister , et il y  a un type dans le métro il me dit comment vous faites la manche vous etes pas un poivrot vous fumer pas vous etes pauvre mais propre , je lui dit ouais j’ai perdu ma partenaire ..........j’ai eu un coup de barre c’est la vie d’artiste , je suis à zéro .......Mais allez donc à Beaubourg on ouvre le plateau , vous pouvez faire un numéro .   Je vais voir il y avait déjà quelques numéros le lendemain je retourne , j’habitais à Créteil sous une tente et alors je me dis je vais me monter un matériel bidon avec des caisses , une boite de petit pois je faisais l’équilibre de tete dessus , et me voilà , je faisais des sommes mirobolantes parce que les parisiens il avait jamais vu ça , il avait jamais vu une zone piétonne tranquille où on pouvait se balader les mains dans les poches en sifflotant c’était bien. Il y a eu du spectacles de rue il y a très longtemps et ça avait été interdit par De Gaulle qui voulait virer tous les petits métiers et moi j’ai travailler avec un dernier des saltimbanques Place Blanche il s’appelait Jo le Breton ( j’ai une photo de lui ) pendant trois ans il m’avait initier , et donc comme j’avais été initier un petit peu à la rue vingt ans avant , arriver à Beaubourg et travailler sur la place publique , j’avais eu la joie d’etre avec un vieux professionnel  au temps des gars qui avalaient les grenouilles , qui avalaient des sabres et qui levaient des poids , des gros megs avec des poids boules là . Et donc me voilà à Beaubourg et là ça a été vite à remonter puisque je faisais des sommes importantes et je travaillait tous les jours , je faisais douze à treize fois mon numéro , je me souviens je faisais des croix et je faisais un numéro difficile d ’équilibre avec le sabre sous la gorge et le jonglage avec le feu , équilibre sur la tete , un numéro de professionnel quoi et là tout le monde arrivait , il ya Gilbert , John l’homme à la poule , plein de numéros qui venaient attirer par on ne sait quoi , quel échec ou quel réussite ; après bien après il y a Mike qui est arriver je me souviens il savait pas bien cracher le feu il se mettait en indien , on commencait à sympathiser un petit peu tous les numéros . On connaissait pas notre avenir .

et puis il y avait des bons artistes ce qui fait que tous Paris commençait à venir sur ce plateau de Beaubourg parce que ce n'était pas que des débutants , il y avait des anciens professionnels qui était tombé à zéro qui présentaient un travail de classe internationalle mais malheureusement avec ce beau travail il y a des clodos qui se sont infiltrés  là dedans et qui ont montés des numéros minables alors il y avait le minable le bien et le mauvais mais enfin ça passait et puis après tous les clodos tous les megs qui faisait la manche , la drogue  qui est venu ça a tué Beaubourg . Tous les bons sont partis Gilbert , Thérèse ils sont partis parce que comme ils étaient bons ils pouvaient aller autre part et moi aussi comme j'ai fait dix années c'est bien , je regrette pas c'était une belle époque il y eu des belles amitiées entre nous il y a eu aussi des jalousies comme dans tout les trucs mais il y a eu des belles amitiées qui sont restées comme par exemple moi avec mike on est resté toujours un peu copain meme si on se voit pas , quelques uns comme ça peut- etre lier par cette euphorie qui y avait . Et puis après moi j'ai dit je vais commencer ma vie de saltimbanque que j'avais louper trente années avant et là entre temps je faisais du yoga j'étudiais d'etre moins violent , le détachement des etres et des choses , aimer les etres mais sans vouloir les dominer donc par le yoga je suis arriver à ça et donc ça a été pour moi aucune difficulté de partir toute seul , je me souviens mon copain qui était yogi dis ouais le vrai yogi c'est celui qui s'en va tout seul dans la nuit et qui s'endort tout seul dans sa roulotte dans la nuit , comme je fais souvent , je vais dans des petits coins , je m'endort tout seul dans la nuit , je me réveille tout seul vachement heureux . Il y a pas d'angoisses et j'ai appris à vivre comme ça depuis quinze ans , à vivre très bien et à avoir des instants formidables avec les gens qui vous revoit après un an ou deux ou trois , ils disent hé vos petites souris vous les avez toujours , ha on se demandait si on allait vous voir cette année ( quand je vais au lavandou ) on vient tous les ans pour vous voir on vous a pas vu l'année dernière bien oui mais li faisait chaud je suis parti .............. Alors les gens ils viennent pour me revoir . Je m'aperçoit qu'il y a des gens qui aiment les artistes et d'autres qui les haissent . Un artiste c'est comme un homme d'état il est aimer ou hait , surtout en France pas dans des pays comme l'Allemagne ou la Suéde parce que ces des pays qui sont organisés , les gens ils s'aiment mieux nous on est divisés en France , notre politique elle nous divise donc cette division crée des jalousies qui fait que l'autre est jaloux parce que il gagne plus d'argent qu'en Allemagne tout le monde est bien loger a sa voiture donc il n'y a pas de jalousie l'amitié peu passer , dès qu'il il a la haine et la jalousie l'amitié ne passe pas . Les allemands ils sont disciplinés dans la rue mais chez eux alors là ..............Ils sont généreux les allemands . Je me souviens d'une fois je sais plus où on était tous attablés là et après les allemands ils ont pour coutume de se prendre par les bras comme ça et puis tout le monde rit et celui qui était à coté de vous ou l'autre en face c'était un grand avocat , un grand chirurgien une personnalité on le sait pas mais dans ce coté amicale il n'était plus ça . Que nous en France on reste je suis le directeur , il y a encore ça ça reste , ha c'est un pays malade la France . De toute façon un artiste il doit bouger . Il faut etre détacher il faut etre très fort devant les coups durs qui peuvent arriver ; D' abord un saltimbanque il a toujours un peu d'argent  parce qu'il aime son métier donc il le pratique tout le temps il peut le pratiquer autant qu'il veut c'est ça la différence avec le professionnel il attend un gala mais ce gala ce sera dans un mois , entre la date du gala il ose pas aller dans la rue , il voudra pas parce qu'il veut que l'on annonce il veut des projecteurs il veut unne musique il veut tout un coté sophistiquer , il sait pas travailler avec rien , des fois il crève la dalle parce que le saltimbanque il peut avoir beaucoup plus d'argent que lui , parce que il peut travailler le matin l'après midi le soir et tous les jours . Moi je me suis vu gagner des sommes collossales à beaubourg oui meme là moi j'ai fait une bonne saison j'ai travailler souvent le samedi et le dimanche et je laisse un jour de repos pour la voix et je reprends le mercredi , des fois tous les jours des fois

 un jour sur deux  et comme ça tout le temps et l'hiver je vais dans le sud parce qu'il fait moins froid et quand il y a des belles journées je peux travailler à Cannes ou à Menton à partir de deux heures jusqu'à quatre heures il fait beau au soleil les gens ils sortent ces des petits retraités

Parce que les anciens nomades l'hiver il montait dans le sud et l'été ils vont dans le nord c'est ce que je fais un peu dès qu'arrive le mois de juillet il fait trop chaud pour mes souris et mon lapin et meme moi on est pas bien donc je vais à Annecy il fait bon ou alors en Bretagne . et en hiver je vais dans le sud et je tourne comme ça et  bientot dans un an ou deux j'essayerai d'aller plus loin j'irai au Indes ou aux Canaries .       Avec le camion       pourquoi pas je mettrai le temps qu'il faut . Donc il faut bouger parce que dans le fond c'est ça le métier d'artiste , on m'a assez vu il faut que j'aille faire voir ma gueule ailleurs .

Oui les gens aiment bien revoir quelqu'un qu'ils ont apprécier mais faut pas  toujours etre là non plus . A beaubourg les gens revenaient  mais il y avait aussi les gens de passage .

- Comment vous arriviez à capter les gens

- çA c'est l'impact moi je fait beaucoup d'études là dessus et par exemple moi je suis le seul qui ose travailler le matin quand il y a pas de monde , par exemple moi je peux dire que j'ai un impact parce que des fois je commence avec personne , il y en a qui commence ils veulent qui y est quelqu'un comme ................ Et rien que d'etre là et parler aux gens ils viennent mais ça c'est moi j'ai un peu le don depuis le temps que je fais ça , j'accroche les gens . Alors j' ai fait à un moment donné exprès j'ai un beau costume de clown , je vais venir d'une façon la moitié en clown , je vais faire le blue jean mais pas les chaussures hé bien je m'aperçois que ça marche quand meme . A un moment donné je crois que j'aurai meme plus de matériel je m'assois et je parle ça marcherai quand meme donc c'est le magnetisme ça . Parce que dans le fond quand on venait voir Edith Piaf on crois qu'on venait écouter ses chansons c'est pas vrai on venait voir la femme Edith PIAF  1m 60 petite bonne femme pas tellement appétissante physiquement mais qui attire les foules et tous les megs ils tombaient dans les pommes à la voir C'EST L'IMPACT Elle était magnétique, sa voix la vibration . C’est pas le tout de faire des exercices c’est secondaire. Se connaitre soi-meme et puis il y a autre chose moi je sais que ma vie va commencer encore plus fort sur le plan du métier parce que je fais un truc secret personne le fait le tchikong s’est très secret c’est pas tout le monde qui peut faire du tchikong. Parce que faire du tchi kong il faut etre discipliné et il y a autre chose encore mais vous vous me comprenez parce que vous etes subtil vous. Plus on veut une chose plus la chose que vous voulez s’éloigne de vous c’est l’homme qui est volontaire aussi par malheur avec sa volonté il y arrive il arrivera complètement délabré devant le fruit de son travail, c’est pas la méthode et dans le tchikong ils disent un truc que j’aime bien moi il ne faut pas , ne cherchez pas à faire du tchikong parce que si vous voulez faire du tchikong vous arriverez jamais à faire du tchikong, laisser le tchikong vous faire faire du tchikong c’est à dire que c’est un peu comme vous le cinéma laisser l’esprit du cinéma vous envahir et vous croirez que c’est vous qui faites du cinéma mais c’est l’esprit du cinéma qui vous fera faire du cinéma. C’est un peu comme ça moi j’avais rencontréun vieux clown il me voit il me dit c’est bien tu fais des exercices de clown mais il m’a filé une claque dans la gueule finalement mais tu n’est pas un clown ,tu es un saltimbanque tu es violent tu es méchant un clown c’est la naiveté c’est à la rigueur recevoir le coup de pied dans le cu . Donc j’étais pas clown j’étais encore à Beaubourg encore le gars on combattait encore les numéros entre nous , c’était la promiscuité donc je ne faisais pas un numéro, je m’imposais en tant que moi meg avec mon moi de meg je m’imposais dans un numéro que je voulais me faire voir mais j’étais pas un artiste. L’artiste elle l’a dit Arletty qui fout son moi en l’air, sa personalité sociale. Donc il peut faire un personnage un comédien.

 

Ca s’est les enfants ils sont traumatisés, ils viennent ils apportent des dessins . Donc il y a un enfant il voit et après il prend une feuille de papier et après il me représente , alors ça le frappe toto le lapin dans le chapeau , les souris toutes les souris , c’est extaordinaire . A un moment donné je dis souvent il y a 4 soleils , bon David 9 ans en 1991 il a fait quatre soleils , et là ma patinnette il faut voir comment ils interprètent . Christophe 10 ans Toto avec le lapin, la colombe , les souris sur mon chapeau ,et là la poele avec un billet de 10 milliards je dis toujours 10 milliards , vous voyez les enfants ça les frappe , merci petit garçon magique de Bruxelles , là c’est Patricia du Lavandou ...............( à voir ) là lui il a fait comme si il me verrait dans un cirque Florient , le lendemain ils reviennent me les porter . ........Pour un clown réellement drole et humoriste ou humaniste sans exès , très touchant  Nicole animateur qui a resisté à l’envie de passer de l’autre coté , chapiteau d’ailleurs à une place , c’était super génial ça encourage drolement ça ..........ça c’est une petite fille qui venait avec sa maman et un jour elle m’amène cette enveloppe c’était une lettre d’amour quoi , elle m’écrit qu’elle m’aime John elle avait mis dedans un bonbon , des petits confettis . Ca donne envie vraiment de continuer le métier , on voit que l’artiste de la rue il est important pour les enfants , parce que moi je le vois je m’entrainais à faire un petit numéro minable pour moi l’humilité pas faire fort parce que je fais un numéro très trés fort et j’ai voulu faire pour les copains pour faire voir que moi je travaille le matin à une mauvaise place et dans des mauvaises conditions mais ils l’ont pas compris parce que eux ils veulent toute la place carrée puis moi j’arrive ils pourrait dire tiens on va lui laisser la place il est de passage ils y en a pas un qui l’a fait , c’est pour les voir dans le fond ce qu’ils sont . Par exemple moi quand je vais voir un copain je met toujours un franc il y en a aucun qu’il le fait quand je travaille alors pour moi ils sont zéro , ils sont petits et ils le savent pas , je le fais pour voir leur degré de karma encore , leur coté moi moi l’artiste . Je me met à zéro comme dit Tao pour avoir la plus grande place il faut prendre la plus petite , et si on peut faire la plus petite on pourra faire la plus grande , c’est pour ça que moi j’aurai un cirque bientot , un très grand cirque . Je fait tout ça pour m’amuser , il faut faire les choses en s’amusant . Là c’est des contrats quand j’avais des contrats , je faisais du fakirisme aussi avec ma partenaire .........ça s’est quand je travaillais avec Gilbert ......Quand je faisais l’acrobate .......ça c’est le marlo Brando des indes , j’ai travaillé sur la croisette et il y  a plein de personne qui passe et ce gars la il passait ,repassait et puis je voyais il me voyais et puis il m’admirait pour l’audace que j’avais à travailler en plein sur la croisette et avoir un moral terrible à haranguer la foule avec tout mon matériel et lui il se sentait pas              que il était une célébrité et on le regardais pas et moi parce que je suis dans la rue on me regarde et puis il a mis pour John qui travaille avec tout son coeur , alors pour lui faire plaisir j’avais mis la photo par terre avec d’autres photos , alors il était content comme ça quand il passait il venait voir si il y avait la photo ,c’était la vanité , il jouait avec la vanité mais il était content il m ’avait donné un stylo de la firme avec laquelle il travaillait , sa carte cinéaste et tout ça et il m’a mis un truc en anglais là . Ho Cannes je connais bien la mentalité à cannes . ( photo prise du haut de Beaubourg ) Duval ça c’est un artiste saltimbanque , un bon saltimbanque qui joue de l’orgue et il avait écrit ça sur un livre «  LA MANCHE EST LE REFLET DE CE QUE DEVRAIT ETRE L’ANIMATION DE RUE , ne pas confondre avec spectacle de plein air c’est à dire que lorsque les badauds viennent donner leur pièce cela représente avant tout la complicité avec le saltimbanque , le saltimbanque ne doit pas venir dans la rue pour faire sa fete , il ne suffit pas de se déguiser , de se maquiller , il faut motiver , l’agressivité est un peu nécessaire mais elle doit rester sympathique on ne dérange les gens que pour mieux les amener à repartir déranger dans leur contexte quotidien et éventuellement se remettre en cause comme le saltimbanque doit toujours se remettre en cause aussi profiter de notre pouvoir de séduction pour montrer ou raconter des sujets ayant trait à l’actualité ce qui peut motiver des discussions , le saltimbanque d’aujourd’hui doit etre un peu fou pour montrer aux gens qu’ eux même vivent dans une certaine folie existentielle , qu’il vaut mieux donc en rire pas se prendre au sérieux , l’ athmosphère qui doit se dégager du cercle creer par la foule et le saltimbanque doit etre pleine de poésie , de folie et surtout d’amour , si le saltimbanque ne vient pas apporter de l’amour dans ses récréations il ne peut motiver les  passants . » C’est ça l’impact , à la rencontre  « il ne doit pas    

                   sortir de l’ombre pour inviter les gens à repartir dans l’ombre , au contraire le public doit se sentir heureux après le passage du bateleur donc se tourner vers un autre soleil .

C’est un saltimbanque  authentique qui a ecris ça , Duval .

A Beaubourg je m’appelais John l’indien je ne suis plus indien maintenant .

Photo de Robert Doisneau .

Jo le Breton le roi de Ha voilà le premier maitre que j’ai eu c’est à place Blanche , c’est lui qui m’a initier j’ai travailler pendant trois ans avec ce gars là , un authentique des gros poids , il avait un baratin terrible on venait le voir juste pour son baratin et j’ai hérité un peu saltimbanque il s’appelait la coiffe , il travaillait avec de son bla bla .

- On apprends du baratin de quelqu’un d’autre

- oui disons au départ oui , et après quand on fait le clown, le clown c’est un personnage qui parle , on rentre dans la comédie ou alors on fait du mime ,  c’est là que ça m’a interressé le clown parce que il y avait en plus un dialogue donc déjà on rentre dans le comédien qui parle . Et c’est vrai moi je m’aperçois que les gens ils aiment bien qu’on leur parle parce que dans ce qu’on dit il y a quelque chose qui ,comme des fois je dis tout ce qu’on perd en osant pas , bon ben quand je dis une colombe sur le nez c’est possible c’est pas possible , si c’est possible ....et tout ce qu’on perd en osant pas .....Dans les gens qui sont autour de moi il y a des gens ils ont plein de problèmes , il y a peut etre une femme ou un homme il voudrait oser faire ça mais il est timide donc il entend quelqu’un qui lui dit TOUT CE QU’ON PERD EN OSANT PAS Alors dans sa tete , je le sais , c’est vrai il dit lui tout ce qu’on perd en osant pas donc il y a plein de trucs que je devrait faire et j’ose pas le faire lui il fait voir qu’on peut le faire mais donc je le fais foncer mais je l’arrete , je dis après MAIS IL FAUT OSER EN SE GARDANT . (il faut pas oser n’importe comment ) sinon c’est l’impulsif .Donc il y a du dialogue.

Quand je suis arrivé à Beaubourg après ma rupture avec ma copine , j’avais travailler avec cette homme là 20 ou 30 ans auparavant mais c’est lui qui faisait le baratin et moi je faisais le travail mais je l’écoutais pendant trois ans je l’ ai écouté , des fois je mets des trucs à lui mais j’ai le droit puisque j’ai été trois ans avec lui et il est mort , il m’a laissé de son fruit , je peux le mettre , comme il dit  si vous donnez rien vous verrez rien ........une tirade à lui si vous donnez rien j’en aurai des larmes de sang dans les yeux , des sanglots dans la voix , et je garderai pour l’eternité la plus profonde des souffrances , si ti ture a das tra c’est du latin je vais vous le traduire ça veut dire ainsi tu iras vers les astres .Ou alors quand il voyait une femme regarde la JOHN celle là avec ses cheveux filasses ; il se mettait en colère il prenait des coups de sang  comme ça si vous donnez rien vous verrez rien , il en manque encore trente cinq pièces de monnaies , il en manque plus que trente deux ...............Les gens ils venaient pour écouter le baratin de ce meg là tellement c’était un personnage . IL y avait des personnages à Paris comme ça , des gueules que les parisiens aimaient bien , ça veut dire que les saltimbanques à cette époque là ils avaient des gueules que maintenant c’est une autre forme . Il y avait du caractère à cette époque c’est peut-etre eux qui on fait continuer le métier .

- Pas de relève alors

- Si , parce que il y en a beaucoup qui essaye le métier , moi je vais quand même a Aurillac tous les ans , je vois plein de jeunes qui ont leur camion déjà et qui vivent dans une bohème un peu comme moi et qui vivent que par ça et il monte des petits chapiteaux avec des ficelles des cordes , ils mettent de la peinture mais c’est pas mal il y a du talent quand même , on sent qui il y a le merveilleux qui bouillone là dedans ........

- alors il y a de la relève

- ça sera difficile parce que ce qui ennuie beaucoup c’est les difficultés sociales qui fait que des fois toutes les villes ne sont pas ouvertes alors le gars qui est pas stoic il va se décourager parce que il a été viré là mais le vrai saltimbanque , comme faisait les premiers gitans qui se baladait avec un ours , eux ils etaient toujours chassé et eux avait une devise , je la prends un peu leur devise on me vire ici ça me fait rien je dis rien on me vire pas la peine et il va plus loin , on le vire plus loin il va plus loin et l’échec n’est pas permanent et dans toutes cette réussite il y avait des échecs mais dans tous ces échecs ça faisait quand même qu’il faisait sa journée . Je fais un peu comme ça mais on est quand même moins chassé. Puis il y avait le coté raciste on a jamais beaucoup aimé les gitans parce qu’ils étaient gitans . Mais je pense qu’un numéro qui est valable comme moi je suis pas souvent viré parce que j’ amuse les enfants et il y a des villes où s’est toléré .

Moi pour moi le saltimbanque c’est celui qui a pas d’attache , qui a pas de maison sa maison c’est l’univers entier quoi et son numéro il est toujours le même sauf qu’il met des variantes dans les dialogues mais c’est l’environnement et le public qui change . Comme moi je suis content d’aller travailler dans un autre endroit , je vais me faire voir ailleurs finalement .Comme vous par exemple quand vous ferez votre film vous allez passer votre film les gens vont passer dans une salle voir votre film mais c’est pareil le travail vous l’aurez glaner, c’est un autre tissage vous etes une dentellière .

Oui quand j’étais acrobate je faisais un petit baratin , quand je faisais l’indien je présentais avec un dialogue et puis après j’en ai eu marre de faire ce numéro , je voulais faire le clown , j’avais envie et puis j’en avais marre de faire l’acrobatie parce que c’était quand même une drole de discipline et puis c’était dur quand il fait froid ,il faut que les épaules soient au chaud , j’avais souvent des claquages d’épaules , finalement c’est dur etre un acrobate dans la rue . Clown avec les animaux , j’avais un succès parce que personne le fais, et les animaux c’est formidable les gens ils aiment les animaux c’est incroyable . Il y a des gens ils voulaient m’acheter ma colombe ou mon lapin , ils m’offraient des prix extraordinaires mais je vendrais jamais mon lapin un lapin qui fait tout ça , c’est des secrets.

Le saltimbanque c’est un personnage , c’est pas celui qui fait un numéro et qui revient chez lui, c’est pas un saltimbanque c’est un artiste qui fait un numéro dans la rue , il  a pas encore rompue des barrières . Le vrai saltimbanque c’est un etre un peu énimagtique un peu sorcier un peu solitaire un peu philosophe un peu chamane un peu amoureux de la nature qui a besoin de la nature pour se baigner . MOI par exemple quand je suis à Annecy tous les matins je prends mon bain de rosée., parce que je fais un travail d’alchimiste en même temps  , je prends le magnétisme des arbres, donc je suis pas que clown parce que on peut etre saltimbanque aussi et faire autre chose , parce que on dit toujours l’artiste c’est le saltimbanque mais ............( Notre Dame il y a un nom de saltimbanque gravé dans la pierre)

Les enfants du paradis , film à voir .....

J’ai quitter le cabaret .....pour etre libre pour pas etre dans le système .

dans le saltimbanque il y a un désir de liberté , je veux pas dire une révolte , mais à un moment donné il fait le show biz mais avec le système du show biz c’est à dire il faut courtiser les agences . Il y a un travail de bureau , vous etes piégé comme ça . Vous avez pas le temps , un contrat le 12 dans telle ville le 14 dans une autre , vous pouvez même pas visiter . Vous faites vos valises sans arret ça fait saltimbanque mais piégé . Que moi si je veux pas aller travailler , je suis pas programmer , j’ai signé avec personne et moi je veux pas signer donc le vrai saltimbanque il veut la liberté et là je vais me mettre encore plus saltimbanque en travaillant dans la rue , si je fais des galas ça se fera comme ça de bouche à oreille , je viendrai . Quand vous signez vous devez du temps à quelqu’un , des horaires à respecter c’est un autre état d’esprit .

Je suis très individualiste et je veux pas etre le clébard .C’est un métier on peut le quitter personne vous dira rien et on peut revenir personne vous dira rien , il y a pas besoin de références , on peut pas trouver plus beau truc , c’est une profession libérale dans le fond .

( Arletty et Charlie Chaplin)

j’ai cette idée de faire un cirque mais il faut que je trouve un mécène . Moi je me verrai bien dans le cirque mais c’est moi qui supervise tout comme ça je serai le clébard de personne , ça sera les autres qui seront mes clébards mais je veux pas dire qui seront mes clébards .....Donc je ne perdrai pas ma liberté car quand vous avez de l’argent vous pouvez commandez , et si vous commandez avec gentillesse les gens sont content d’etre avec vous , on n’est pas son clébard . ( fric frac )

Pouvoir faire beaucoup avec peu là c’est le grand talent c’est du génial . Je joue un peu avec ça , il faut imaginer beaucoup , moi je lis beaucoup , il faut faire des plans , prendre des notes , c’est un art tout ça , puis il faut etre un peu dingue de ça , moi je suis un dingue du show biz c’est ma vie j’aime le show biz , je parlerai de spectacle pendant des heures .

- un comédien il joue un role , vous vous vous servez de toute votre personnalité. ce n’est pas le même chemin . ça fait treize ans que je vais au festival de Cannes parce que j’aimerai bien faire un role un jour .Moi je connais la psychologie et c’est comme ça qu’on peut faire briller un personnage. Il faut connaitre les mécanismes de l’ame humaine . Le clown c’est l’innocence et la folie , dire des choses folles et faire des choses folles , la folie libre . Salvador « je suis un fou mais un fou qui n’a pas perdu la raison . C’est un peu ça le génie , c’est imaginer des trucs fantastiques sans tomber dans la folie , c’est à la limite de la folie . Salvador « moi je suis qui crétinise le public mais je ne suis pas crétiniser par lui »

J’aime bien le spectacle parce que voir comment l’autre il va vouloir m’en faire accroire , je met les oeillères puis j’essaie de rester dedans . J’aime le cinéma . J’aurai bien aimer etre comédien parce que on peut jouer des personnages.Une vie d’acteur c’est riche .

( un peintre qui l’a dessiné avec son lapin ) Dans les clowns j’aime bien les Rudiliata , c’est deux petits frères et ils font les clown  mignons . Les rudiliata à trois et puis un autre clown que j’aimais bien c’est Grog , j’ai vu ces adieux , (photo) là c’est des vieux clowns et là je me suis mis John le clown hydraulique .

Ca c’est mon copain Jacques Irex avec qui j’ai fait mes débuts au cirque de Bordeaux là il y a au moins trente ans de ça et j’ai été le revoir à Menton , il est devenu un gros monsieur chauve et quand j’avais été le voir je faisais encore le métier , tu devrai continuer je me souviens il faisais Tarzan, en plus il avait un beau physique , il avait une certaine nostalgie , tu aurais pas du arreter le métier si tot , parca que il s’était laisser grossir , je lui dit mais ça se diminue une bedaine . Il faisait avec les lions .

Le clown oui ça se faisait pas dans la rue ,oui c’était dans le cirque .

Là c’est lui ? je les ai fait parler «  je suis jaloux , il veut un cu d’hommes « 

      « j’en ai marre des cu de femme je veux celui d’un meg « 

Le couple élément de très très grande bétise la cucuterie . Parce que moi j’en veux au couple , parce que je trouve que le couple ça fait sale non pas que j’aime pas la femme , j’aime les femmes ,  j’aime la sexualité l’affectivité la tendresse et tout , parce que c’est le tchikong parce que il faut le dire il y a un autre amour qui existe , c’est très secret il est pour très peu de gens ; ça veut dire que l’homme et la femme qui sont destiné à une harmonie entre eux à un amour sublime ils vivent une médiocrité ,un élément de très grande bétise mais ils ne le savent pas c’est pour ça que les femmes sont mécontentes des hommes et les hommes mécontentes des femmes . On est fait pour vivre autre chose avec la femme sur le plan sexuel , affectif mais c’est pour quelques uns . Moi j’ai des bouquins là dessus c’est le tantrisme , l’amour magique . Les femmes sont mécontentes de l’homme parce qu’il est insuffisant , la femme elle a 40 cartouches et l’homme il a que 2 cartouches , la femme elle sera toujours insatisfaite avec un homme parce que elle espère dans l’homme et l’homme est une pauvre chose l’homme est un pauvre type tant qu’il n’a pas créer à partir de son premier homme le deuxième homme , à partir de la première femme la deuxième femme la nouvelle ève . Le corps c’est un commencement qu’il faut finir . Nietsche « l’homme est quelque chose qui doit etre surmonter...... pour devenir de l’homme un surhomme et de la femme devenir une déesse mais la femme elle reste , c’est le karma, elle reste avec une éducation religieuse erronée , une éducation sociale, politique erronée tout avec une erreur . Ils vitalisent une erreur, dans le couple et la femme elle le sait elle sent qui y avait autre chose à vivre dans le couple et elle est déçu de l’homme . Donc c’est un jeu d’oedupe . Mais il y en a comme ils ne le savent pas ils se disent il y a que ça et ils sont content comme ça mais ils ne sont pas épanouis .

Ouais il n’y a pas beaucoup de femmes dans les saltimbanques il y a une femme qui faut aller voir c’est Antoinette . Alors elle c’est une femme la première fois que je l’ai vu arriver à Beaubourg elle arrivait toute seule avec sa valise sur un vélo à une roue , ha tous les megs c’étaient une drole de leçon , elle sortait du cirque pour attaquer la rue . Elle jonglait , crachait le feu un bla bla terrible ......et hop elle repartait avec sa valoche . C’est la seule femme qui m’a étonné au point vue saltimbanque . Elle faisait des cercles terribles .

( le bateau passe sur la seine )

On est dans une époque comme si le fait qui est des saltimbanques c’était un peu nécessaire parce que moi je me souviens dans certaine zone piétonne c’est triste quand il n’y a pas d’animateurs , je vois à Aurillac je reste toujours deux jours après ben la ville elle est triste elle reprend son coté sociale , et puis je me disais là il y avait un gars qui faisais rire là et puis même les gens qui reviennent on sent qu’ils sont tristes , il y avait quelque chose , il y avait des gens qui sont venus apporter un peu de merveilleux et puis ils sont partis . Il y a une tolérance dans les rues piétonnes . Mais il faut l’avouer Beaubourg a fait quelque chose de bien en créant cette zone piétonne les gens se sont mis à aimer le spectacle dans la rue ,il le recherche , les gens qui viennent sur le pont ils savent qu’il y a des gens et ils cherchent les attractions .

Les gens qui viennent voir le spectacle je les appelle les saltimbanques de coeur .

Comme mon petit bonhomme en Allemagne à Vis baden je jouais de la scie musicale et je jouais pas très bien mais comme j’étais en clown ça fait rien et puis il y avait un vieux pépère retraité , donc il font leur petit tour dans leur ville tous les jours et puis moi parisien j’arrivais donc c’était nouveau . Il m’écoutait jouer j’avais un petit répertoire et il me dit ...ya faire lili marleen ......il voulait que je lui joue lili marleen .......ya faire lili marleen et puis il écoutait il était content , lili marleen ça représentait Marlène Diestricht ou ....et

puis hop toujours 2,3 deutsch mark ...L e lendemain il revenait lili marleen , ya lili marleen et toujours comme ça pendant 15 jours il était contents . C’est des trucs extraordinaires ça .

Au Lavandou la petite fille elle forçait tous les soirs , elle avait 4 ans et demi elle s’appelait Victoire , tous les ans on est forcé d’aller au Lavandou ils aimaient tellement leur petite fille , ça fait trois ans qu’ils viennent , elle a 7 ans maintenant .ET tous les soirs je leur dis vous devez en avoir marre vous le père et la mère , mais on est devenus des amis , de voir ma gueule tous les soirs . Ouais mais on vous aime bien c’est amusant bien sur on aimerai bien voir autre chose mais enfin ........tous les soirs ils venaient après manger faire la balade la petite fille elle venait faire son numéro avec moi , je l’avais habituer à faire des trucs , elle avait l’impression qu’elle venait dans un cirque faire son numéro . Je lui faisais porter les colombes , après je lui faisais tirer la colombe sur un patin à roulette , après je lui faisais tenir une boite il y a une colombe qui est planquer là dedans , elle est tenais la colombe et moi je tirais avec un fusil et un ballon ça crève et la colombe elle descend .Elle venait faire son numéro elle se voyait comme une artiste c’était tout un truc et à la pensée que ces parents viennent pas c’était un drame . A un moment donner elle aurait pu partir avec moi elle partait avec moi . Moi j’ai vu des enfants me suivre , j’ai vu même quelque chose qui était assez da         ngereux c’est fou ce que le clown est aimé des enfants , il y avait un père qui venait , il était surement séparer de sa femme et lui il avait garder sa petite fille . Et cette petite c’est vrai elle m’aimait drolement et à un moment donné j’ai vu que lui le père il était jaloux parce que quand la petite était avec moi , d’abord je veux faire un bibi au clown et donne moi tout ça , j’étais un enfant avec elle elle était heureuse avec moi parce que le clown c’est celui qui fait toutes les conneries que les parents interdisent  et le père il était jaloux , il me haissait parce qu’il voyait que tout l’amour de sa petite fille il existait plus , elle reportait tout pour moi .A un moment donné j’arretais pour éviter la dualité . Son orgueil de meg , mais j’ai appris plein de truc l’homme il est con il veut etre aimer, un homme quand il a une femme si la femme déplace son amour il se sent frustré, il vivait que par l’amour de cette femme donc il avait pas d’amour . SI il avait l’amour même si elle s’en allait , il était toujours avec l’amour , c’est le je veux etre aimer , c’est la frustation .

Il y a des femmes qui travailent dans la rue mais sur tout en couple ; disons il faut l’avouer quand même le métier d’artiste c’est un métier difficile , si on veut progresser ça requiert l’homme total . Il faut créer le matériel , le matériel il faut le faire soi même . Donc il y a une créativité de partout quoi.

 

 

 

ITW de CLO D’AIROLL

C’est à dire moi voyez vous mon éducation a été le théatre , la scène , la télévision ........Et puis un jour je me suis rendu compte qu’il y avait une désaffection du public et que dans le fond on faisait fausse voie et qu’il fallait retourner au public . Ce n’est pas le public qui viendra à nous , j’avais fonder beaucoup d’espoir sur la télévision parce que je peux dire que je suis pas le premier mais l’un des premiers à avoir fait la télévision puisque ma première émission il y avait 14000 récepteurs en France , il y avait que Paris qui recevait la télévision , et là il y avait de gros espoirs parce que évidemment on était des visuels , on arrivait , on sortait de cette radio , là on allait voir malheureusement évidemment on avait rien à vendre , ce qui fait que les firmes phonographiques tout de suite on dit attention ceux là on n’en a pas besoin ça ne rapportera rien , restez dans votre coin et de plus en plus les gens se sont imaginés que le spectacle c’était la télévision . Ce qui fait qu’on a commencer à disparaitre . Ce qui fait que j’ai VOULU REDESCENDRE DANS LA RUE et évidemment ça a été très mal vu au départ parce que évidemment c’était vu comme quelque chose de péjoratif . En plus c’était le travail de saltimbanque , les voleurs de poule enfin . C’était tout à fait déshonorant de descendre dans la rue et pourtant ON EN SORT ET NOTRE METIER EN VIENT et il continue à y rester . Et puis tout doucement ben les gens s’y sont fait et ils sont aperçu qu’il existait encore quelque chose et on réapprit un peu le spectacle vivant parce que malheureusement les gens ont perdu le spectacle vivant . Les gens s’imaginent qu’en regardant la télévision ils ont du théatre , ils ont du cinéma mais en réalité ils n’ont rien ils ont de la télévision , c’est là où est le problème , la télévision ça ne sera jamais le théatre, pour aller au théatre il faut s’habiller , il faut se donner l’effort de sortir , donc il y a une démarche que là on ouvre et puis on écoute entre le téléphone et puis la discussion qui n’existe plus puisque ceux sont maintenant des informations toutes digérés , on vous donne des informations , on les digère pour vous , on les analyse pour vous , vous n’avez pas le droit de réponse bon malheureusement d’ailleurs . C’est à dire que vous n’avez même pas la faculté d’une veillée le soir à des gens qui étaient illétrés et qui néanmoins avaient des échanges d’idées qui n’existent plus . Après on a commencé à applaudir pour vous puisque dans le fond , et puis maintenant on rit pour vous puisque maintenant on met en superposition des rires qui d’ailleurs tombent toujours à faux à mon avis donc vous n’avez plus rien à faire vous n’avez même plus à réfléchir ce qu’il fait qu’on va tomber sur des gens qui dans le fond vont se ressembler , on va faire des automates , j’ai peur de cette société .

- C’est pour ça qu’il faut revenir à la rue .

- Déjà elle a été interdite , moi j’ai vu des spectacles gratuits qui étaient donné dans les rues et des commerçants qui disent ne rester pas là parce que vous génez mon magasin, donc quand on en arrive là évidemment ça devient triste .

- surtout que l’on fait des zones piétonnes .

- Oui , les gens commencent à admettre , à voir qu’il y a quand même quelque chose , pas seulement chez les jeunes vous avez des gens de 40 ans qui disent j’aurais jamais penser que le spectacle vivant c’était ça . Les gens s’imaginent que la fete vous payez , vous vous amusez , c’est totalement faux ça , une fete c’est une participation , c’est ça le problème le spectateur il doit faire au moins 40 % et même 50% du travail , s’y il ne fait pas cette démarche il peut pas s’amuser c’est pas vrai , ou à ce moment là ce n’est plus qu’un spectacle de voyeur . Vous vous intallez vous etes voyeur c’est tout mais c’est pas ça la fete , la fete c’est la participation donc c’est ce que le SPECTACLE VIVANT PEUT APPORTER  et ce qu’on commence à revoir heureusement un petit peu .

Moi, j’ai commencé mon père était bouquiniste , j’étais l’ainé de 7 enfants et moi j’ai entendu parler d’un magicien , J’avais 4 ou 5 ans et bon ben ma vie était tracé quoi , ça il n’y avait pas de problème , je pouvais pas vivre autrement et donc j’ai commencé à faire mes premiers spectacles j’avais 6 ans , donc à 6 ans j’ai commencé devant des amis  ....... C’était pas terrible et puis j’ai eu le gros problème de voir la scène c’est à dire on m’avait invité j’étais en Belgique chez de la famille et on m’avait invité à voir un spectacle de patronnage avec les enfants ......et je suis tombé sur un spectacle ,les gosses chantaient et il y avait une pièce  « il pleut , il pleut bergère «  les enfants chantaient et il y en avait qui avait des couvertures sur le dos et ils faisaient les moutons , et ça j’ai trouver ça formidable c’était quelque chose de merveilleux , c’était vraiment la vie qui s’ouvrait en ce monde et le lendemain j’était en train de jouer et une de mes cousines me dit tu vois le garçon qui est là bas hier il a fait un mouton et ce gosse m’est apparu d’une taille épouvantable , il avait fait le mouton et je crois que de toute ma carrière je n’ai jamais vu une aussi grande vedette , j’aurais été incapable bien évidemment de l’approcher, de parler avec lui il avait fait le mouton . Et c’est donc là c’est tout , j’étais bon qu’à ça diront nous , c’était ça le problème et donc à 20 ans j’étais donc premier prix mondial de manipulation et après je me suis mis à travailler avec mes pieds et donc je suis devenu champion du monde des antipodistes .

J’étais premier prix mondial de manipulation , je pouvais pas aller plus haut  puis bon j’avais un peu l’esprit de compétition pas vis à vis des autres vis à vis de moi même j’ai toujours aimer me battre un peu contre quelque chose ce qui stimule beaucoup et donc c’est comme ça que c’est parti après je suis tombé malade j’ai été paralysé alors c’est ce qui m’a fait justement faire les championnats du monde et tout ça pour me permettre ......un certain orgueil .

On est tous des farfelus dans la famille , j’ai un frère qui est écrivain , on est tous dans les arts. Puis on avait vécu vous savez bon maintenant vous avez l’habitude mais je me rend compte quelqu’un qui arrive dans notre métier et qui arrive devant ces gens complètement désaxés , on se dit qu’est ce que c’est que cette bande de fous parce que on est toujours en dehors de la plaque et ce qu’il faut regretter c’est que de plus en plus on est endoctriner le métier bon je sais bien que c’est quelque chose d’obligatoire mais bon la liberté ça se paye c’est vrai ça se payera toujours .

- mais vous avez travaillé dans la rue

- j’ai travaillé dans la rue , j’ai fait la manche avec des acrobates heu dirons nous j’ai jamais gagné ma vie , d’abord j’ai jamais su faire la manche , si ce que j’adore c’est faire une postiche , ce que le métier a appelé le coup de casque , c’est à dire le moment où il faut faire payer les gens et ça j’ai toujours adoré mon père était conférencier mais en même temps il aimait bien faire la postiche . Et c’était quelque chose de formidable et justement j’ai repris tous ces gens qui vivaient justement de ce métier en vendant du vent mais en le vendant d’une façon tellement belle qu’on est content de se faire avoir et puis l’on paye le spectacle . Vous aviez dans les métiers de la rue vous aviez les Circasiens , vous avez eu dans ce métier un circasien dompteur de lion qui a fait sa carrière 35 ans et il n’est jamais rentré dans la cage aux lions , jamais une seule fois . C’est à dire il avait un espèce de petit cirque qu’il montait comme ça et il se promenait à travers la France , et il avait d’ailleurs de pauvres lions tous édentés mais ma fois qu’on piquait un petit peu pour faire rugir et il commençait son spectacle les gens payaient bien sur et là au moment d’entrer dans la cage il commencait son truc en disant mesdames , messieurs je vais rentrer aujourd’hui dans la cage c’est peut etre certainement la dernière fois de ma carrière , je vais rentrer dans la cage aujourd’hui les lions sont furieux n’est-ce-pas ? et je vais devant vous me battre contre ces betes déchainés .......... Puis alors il y avait les spectateurs qui commencait et il y avait la femme qui arrivait , je t’en supplie ne rentre pas dans la cage , tu vas pas faire ça et il y avait 12 gosses qui arrivaient qui pleuraient , Papa je t’en prie ne fais pas ça , tu vas pas nous laisser papa , tu avais la femme qui disait on va rembourser ce soir , alors il y avait les spectateurs qui étaient debout qui disaient faut pas rentrer et le gars qui disait vous avez payer il n’y a rien à faire , vous etes là pour avoir le spectacle , c’est mon métier , j’ai pris des risques au départ et les gens et ça durait 20 minutes et au bout de 20 mn il disait pour vous faire plaisir ce soir je ne rentrerais pas dans la cage et le gars faisait un triomphe , les gens étaient debout à applaudir et ils partaient tout heureux comme ci ils avaient vu quelque chose de formidable et jamais une fois il est rentré dans la cage , jamais c’était tous les soirs pareils et il changeait de ville mais je trouvais cela sensationnel .

Mais c’est ça le métier mais c’est tellement beau je trouve .

- il y en avait un comme ça à Paris , un hercule

- Oh oui la grosse barre je la soulève , encore une pièce à gauche , encore une pièce à droite la grosse barre je la soulève , ce qu’il y avait c’est qu’au dernier moment il arrivait la police , attention la police , alors on remballait tout et il y avait le gamin qui prenait la grosse barre et puis qui la mettait sous son bras et qui partait avec . Ca ça faisait parti du Folklore

- Et vous avez connu tous ces gens à Paris

- Oui bien sur , tour de force , les cracheurs de feu alors évidemment plus ils étaient mutilés plus ils faisaient d’argent .

- J’habitais bd wagram ce qui faisait très bien dans une carte de visite , hélas j’étais dans une chambre de bonne au 7ème et il fallait monter le matériel tous les jours . Ca donne confiance . Jusqu’au jour où j’ai dit les impréssarios tout ça maintenant j’en ai assez , laissez votre adresse on vous écrira , maintenant quand ils auront besoin de moi ils viendront me chercher . J’ai attendu 10 ans quand même mais ils sont venus . Et c’est à ce moment là que j’ai commencé à dire vous savez maintenant moi ce qui m’interresse c’est la rue . Ca évidemment ça a tout changé mais maintenant c’est tombé dans le domaine commun, d ’ailleurs des cracheurs de feu on en voyait plus , maintenant il y a des quantités de cracheurs de feu , ils sont revenus ...

- pas tant que ça

- oui mais il n’y en avait plus ça n’existait plus , ce qu’on voit plus par exemple ces des avaleurs de sabre ....

- Oui il y a Mike il le fait mais c’est vraiment exceptionnel ils sont 2,3 en France maintenant . Et c’est devenu quelque chose d’exceptionnel .

Il y a des métiers comme ça qui ont disparu . Et vous aviez des attractions foraines qui dans le fond étaient les memes et les memes participants . Il y avait les sauvages qui arrivaient d’Afrique , cannibale .......Le bonimenteur qui disait Attention ..... et ce que j’ai toujours trouvé sensationnel c’est le fait que vous aviez des cages blindées mais le derrière c’était une bache .

C’était tout l’art , ce que la rue ben évidemment ceux sont les jongleurs , les acrobates , les chanteurs de rue , justement là je suis entrain de recréer les chanteurs de rue avec les petits formats , ce qu’on appelait les petits formats c’étaient les partitions . evidemment il n’y avait pas de musique , il y avait que les paroles qui  étaient vendues et les gens chantaient dans les rues . Ils vendaient leur chanson , c’est comme ça qu’on diffusait toutes les chansons , vous aviez le petit format le texte et puis vous aviez le chanteur qui avait un accordéonniste qui la plupart du temps était aveugle mais pour plusieurs raisons . Déjà souvent les aveugles étaient accordéonnistes ou accordeurs de piano et d’un autre coté c’est que l’aveugle ne payait pas le train . Il avait le transport gratuit et il avait besoin d’un accompagnateur , ce qui fait que les chanteurs pouvaient se permettre de se déplacer en train gratuitement . Et donc tous les succès qui sortaient et ben aussitot était repris et chanté dans les rues .

J’ai donc refait faire des petits formats et maintenant dans les fetes c’est donné et les gens sont quand même assez surpris de retrouver cette ambiance parce que en réalité les gens ne chantent plus maintenant , ils écoutent chanter voilà encore une façon d’avoir perdu la participation . les gens maintenant ont besoin d’un animateur alors qu’avant tout le monde étaient animateurs .

- qu’en vous étiez antipodique vous vous etes produit

- en music hall , télé bon j’ai fait toutes les télévisions du monde pratiquement et puis j’ai fait de la rue avec à Paris en province , à l’étranger . Non j’avais pas de problèmes avec les forces de l’ordre , quelquefois avec les commerçants , on gènait ce qui m’a paru toujours idiot parce que ça ammassait du monde devant leur boutique . Une fois on m’a dit mais vous vous rendez compte parce que j’organisais des fetes médiévales avec beaucoup d’artistes , les commerçants me dire mais vous vous rendez pas compte nous on est obligés d’embaucher 11 extras pour la soirée .

A Paris dans la rue j’ai pas travaillé à Beaubourg parce que Beaubourg n’existait pas , j’ai travaillé sur les Champs Elysées , le métro jamais bon etant donné que déja il faut un petit peu de place . J’ai travaillé aussi parce que bon j’étais ami avec Michel Simon et donc Michel Simon qui lui était de St Denis et qui voulait pas bouger de St Denis venait et c’est souvent que Michel Simon est venu avec moi dans la rue et remballait le matériel . Ce qui est quand même assez sympa pour une vedette . C’est à dire qu’il a toujours essayé , il a commencé dans ce métier comme aide magicien , il a fait tout un tas de métier , d’ailleurs il a même fait de la prison parce que c’est le seul suisse qui est fait 2 ans de service militaire , parce que le service militaire en suisse est de 15 jours et étant donné quand il est arrivé il a descendu le drapeau et il a dit ben ça va me faire une belle chemise parce que c’est de l’étoffe qui ne sert à rien . Et ça ça a été son premier contact et ça n’a pas plus et il a toujours essayé , quand il tournait , qu’il faisait un film il n’a jamais voulu tourné un film sans connaitre le sujet . Il a tourné des films de bateleurs ......il a toujours travaillé et quand il a tourné la TALANTE , il a rencontré un clochard qui est devenu ami par la suite et qui justement vivait sur un péniche sur le bord de seine . Et il me racontait toujours la leçon qu’il avait prise qui était formidable d’ailleurs . Il était donc sur cette péniche , dessus il y avait des chiens , des chats et il avait des coqs et un jour Michel lui dit tu n’as pas de sous , tu élève tes animaux tout ça c’est bien mais il lui dit tu as des coqs , t’aurait des poules tu aurait des oeufs et ce gars qui n’avait pas un rond à commencer à regarder Michel droit dans les yeux , mais je n’élève pas des animaux pour les exploiter . Ca c’est des leçons .
MAIS C’EST DES LECONS QU’ON NE PEUT PRENDRE QUE DANS LA RUE . parce que il y a une logique de la rue , il y a un humour de la rue . Il y a toute une philosophie .Moi j’ai connu un acrobate qui avait un numéro sur fil sensationnel et ce gars faisait des choses qui étaient formidables dans le domaine du spectacle , faisait de la corde souple , il arrivait à faire des lancers de poignards sur corde ........Et une fois je lui dit écoute c’est pas difficile on va reprendre , j’ai des contrats pour toi chez Bouglione et tu vas faire de très bons cachets parce que quand même dans la rue tu gagne rien et au dernier moment il m’a dit non , non je suis pas fait pour ça , déjà il va falloir que je m’habille , ensuite il va falloir que je me pli à certaines disciplines donc ça peut pas marcher c’est pas possible .

_ OUI C’EST LA LIBERTE

- Voilà , malheureusement ça disparait de plus en plus , une autorisation pour ceux-ci , une autorisation pour cela ........Etc et donc ça devient vraiment difficile .

- Quelque chose qui va pas , on dit qu’on rentre dans une ère de la communication , alors qu’en faites on enlève cette liberté de faire ce qu’on a envie .

- Voilà , qu’en vous voyez les grandes surfaces et les fleuristes commencer à faire la guerre pour des gens qui vendent du muguet le 1er mai, ça commence à devenir triste parce que justement c’était ça la liberté , c’était de faire justement ce qu’on avait envie de faire et au moment où on en avait envie . En dehors de cette rue la plupart des bateleurs , des animareurs travaillaient dans les cinémas , faisaient l’attraction de cinéma . Ce qu’il y a c’est que ben tout doucement le cinéma c’est aperçu que c’était pas tellement interressant . Tout doucement les directeurs de cinéma on dit mais oui mais on ne vous paye plus , alors ils ont arretés de payer . Alors la manche dans les cinémas c’était difficile , donc on a dit ben on va vendre des photographies , on a commencé à vendre des photographies et puis après le cinéma a dit je vais prendre 50% sur la vente des photographies . Et après en 1936 il y a eu une loi qui a exonéré les cinémas des sommes versés aux artistes pendant les attractions , donc le cinéma ça ne lui coutait plus rien de prendre un artiste mais voilà ça génait les grands publicitaires. Ce qui fait que la publicité qui passait sur grand écran pendant l’entracte rapportait plus que l’attraction . Sauf les cinémas de banlieux qui voulait garder la clientèle en disant les clients ne partiront pas à Paris . Avant il y avait des grands écarts entre les sorties de films . Et il s’est passé la chose suivante , on a dit écoutez c’est vrai que ça nous coute rien mais vous nous interressez plus .

- Les origines des saltimbanques .

- Il n’y a pas d’époque où ça n’a pas existé , évidemment les premiers ont été les jongleurs . Les jongleurs sont apparu pratiquement à la préhistoire , puis après ça a été le feu . La plus grande découverte de l’homme c’est le feu . Le pétrole existait depuis déjà longtemps on s’en servait  comme de baume , c’était quand même l’eau qui brulait , on crachait le feu mais on le mangeait aussi , ça se fait encore , vous aviez le charbon , on prenait des boulets de charbon et donc à la main comme ça et puis on le mettait dans la bouche , les boulets enflammés , le bois enflammés .......etc et puis alors les torches qu’on passait sous les bras .......C’était sans risque enfin je m’entends il n’y a pas de risque 0 , mais c’était simplement on se trempait les bras , les mains dans une solution d’alin qui protégeait et qui faisait une pellicule qui retirait ....... Après il y avait les numéros de force mais le feu c’est la plus grande conquete de l’homme . C’est ce qui lui a permis sa survie , le feu c’était quelque chose qu’on respectait , que l’on craignait et donc domestiquer le feu c’était domestiquer le monde . et donc les jongleurs que l’on appelait les bilbo ou bilvoreteurs exactement le terme employé . Et puis après le jongleur comprenait tout ce qui existait dans le domaine des saltimbanques , tout ce qui était visuels .

Après apparut les magiciens , ça date de la haute Egypte , d’une façon comme d’une autre toutes les religions se sont servis de la magie pour faire parler les statues , la ventriloquie , pour faire des apparitions , ça ça a toujours été de tous les temps sans s’appeler la magie . Après il y a eu la magie et la sorcellerie ce qui fait qu’on a commencer à bruler les gens en place publique ...........Il y a eu tout une période où ça s’est temporiser sauf pour les alchimistes évidemment parce qu’il devait faire la permutayion des métaux en or avec la pierre philosophale donc ça c’était autre chose . Tous les rois , tous les puissants attendaient toujours que les alchimistes leur ramène de l’or , donc ils étaient protégés et ils arrivaient à éviter le bucher . Il y avait tout ce rejet par l’église de tout ce qui était saltimbanques , déjà parce ce que c’était des gens qui émettaient des idées qui étaient pas toujours bien pensantes parce que ils étaient en contact avec la réalité et qu’en plus c’était des gens qui naviguaient , qui voyageaient .

L’église s’en est servi , bien sur elle l’a utilisé tout en n’en faisant une sous catégorie pratiquement déjà au départ c’est un métier qui était excommuniable , on a enterré Molière la nuit aux flambeaux en cachette , il n’avait pas le droit de passer à l’église , c’était un saltimbanque ; puis donc après il y avait ces gens qui se promenaient qui volaient les poules et les enfants , je ne dis pas que ça n’a pas exister , mais il y avait cette légende qui existe toujours chez les manouches et chez les circassiens .

Les gitans étaient des gens du voyage qui n’avaient pas un domicile fixe dirons nous mais avait quand même un domicile avec leur cariole , eux étaient encore des gens du voyage que les autres c’etait sont qu’on appelle des trimards eux s’en allaient à pieds ou alors vraiment exceptionnellement vous aviez des compagnies théatrales qui elles jouaient les banquistes donc c’était tout à fait différent . D’ailleurs vous avez quand même dans le domaine historique , dans le domaine de la fete ...... Il y a quand même eu des films qui étaient très bon qui ont été fait en suivant le maximum l’authenticité .  Dans les films d’avant guerre la coupure était déjà moins loin , parce que il s’est fait une coupure après la guerre où vraiment c’est devenu  un déshonneur que d’etre dans la rue , la police faisait une chasse pas possible , d’ailleurs je me souviens d’amis écossais qui venaient en France travailler et qui s’arrete dans un coin et qui commence à faire une aubade comme ça avec les binious et nous arrétez les gars , on se fait arréter par la police , comment ça ben il faut une autorisation , alors ils étaient scandalisé mais la France c’est le pays de la liberté , nous on est en Angleterre et c’est une royauté et on peut faire de la musique , on peut faire ce qu’on veut , quand on veut n’importe où , la seule chose qu’on n’a pas le droit c’est dire du mal de la reine .

Oui maintenant c’est au niveau de l’europe , dirons nous suivant le développement du pays . Si vous prenez par exemple la méditerranée les gens sont plus ouverts , déjà il y le soleil ......c’est déjà plus normal de voir des gens ; maintenant les gens commencent à s’y faire quand même , alors en plus des gens qui font la manche , qui vivent sur la charité publique

- alors que ce n’est pas une charité

- Il paye un spectacle mais ça les gens ont toujours eu du mal à le comprendre . D’ailleurs vous voyez si vous vous mettez un peu loin d’un cercle de bateleurs , vous voyez exactement le moment où il va passer pour la quete parce que vous voyez les gens commencer à fuir . Alors il n’y a que ceux qui sont aux premiers rangs qui ont le plus de mal à reculer , ceux là ils sont coincés pratiquement . Où alors tout ceux qui font semblant d’etre là et de ne pas regarder . IL y a tout une philosophie , il y a tout à voir dans ce domaine . Parce que dans le fond le spectacle la rue tout ça c’est pas l’artiste , l’artiste il contribue mais c’est le tour qu’il faut voir . C’est voir ces gens qui arrivent à tenir ce public et puis voir la tete des gens . Moi je sais quand j’ai des vidéos de mes spectacles tout ça moi ce que j’aime c’est de voir la tete du public . Moi déjà je sais ce que je fais mais la tete du public , il faut lire l’étonnement , il faut lire la joie , l’emerveillement d’ailleurs l’émerveillement se perd de plus en plus .

Einstein disait que l’humain qui n’a plus la faculté de s’émerveiller est déjà mort . Et c’est vrai .

Le nom banquiste arrive après saltimbanque , banquiste l’origine est le suivant , il vient de banque , c’est à dire que le banquiste était celui qui entrait à la bourse quand la bourse fermait , et donc il y avait les banquistes qui arrivaient sur ces tables qui sautaient sur les tables et qui commençaient à danser , à jongler .........et donc qui ramassaient la pièce suivant ce que les banquiers avaient fait comme opération .Et donc de ce mot banque et banc , sont devenues les banquistes .

le bateleur arrive au moyen age , il prend le nom de bateleur , de bonimenteur , boniment et menteur . Après vient le posticheur qui arrive au siècle dernier , il est vendeur de vent qui est un métier qui fait parti de notre métier , il fait partie de l’illusion , vendeur de montre à la sauvette qui existait avant guerre  avec une valise et qui s’installaient avec non pas avec une carente parce que les forains appelle ça une carente mais avec un pliant , posaient le pliant ouvraient la valise , on vendait des montres suisses 18 rubis .......A l’heure actuelle ça couterait 5 fr à peu près une montre formidable . Et alors on prenait la montre et comme la montre était vide il n’y avait rien il n’y avait qu’un cadran , fallait donc faire écouter le mouvement au client et il y avait une technique qui était la suivante , c’est à dire que il faisait écouter comme ça voyez vous avec l’ongle et quand il y avait une dizaine de montres de vendu , il y avait toujours le compère

 qui était là qui lui demandait déjà une dizaine de montres et qu’on lui refusait bien sur parce que une par personne , ceux qui fait qu’il y avait des gens qui passaient 2 fois , ça c’était la grosse technique et donc à ce moment là voilà les flics , on fermait la valise , le pliant , on disparraissait dans la foule et puis le client était là il essayait de remonter sa montre .

C’est à dire le bateleur c’était l’illusion , tout ce qui faisait vivre une rue quoi . Les gens savaient très bien quand ils s’arretaient que si les autres jonglaient s’était pour gagner de l’argent donc pour avoir des pièces , et si c’était des vendeurs automatiquement c’était une autre technique si c’était des vendeurs ils savaient bien qu’ils allaient se faire avoir , à moins d’etre vraiment trop naif .

Les cracheurs de feu existaient depuis l’antiquité , depuis que les gens ont connus le feu . C’était un médicament l’essence , le pétrole , il servait pour les shampoings , on se lavait la tete avec du son . A l’époque on se lavait pas c’était déconseillé par le corps médical et par l’église , on ne pouvait pas prendre un bain avant l’age de 7 ans parce que ça ramollissait les os . On disait sale comme un français , le moyen age le français était propre et quand est arrivé la renaissance et  qu’on a inventé l’eau de cologne , là on s’est plus lavé , on a mis de l’autre cologne , déjà vous n’aviez pas le droit de regarder votre corps , c’était punissable par l’église . Le corps médical interdisait aussi les lunettes parce que ça rendait fou puisque les Perrier avait inventer les lunettes qui étaient quand même quelque chose d’important au 17 ème siècle et là l’église banissait les lunettes de même que par exemple la fourchette , qui vous donnait l’excommunication . La fourchette avait 2 dents c’est une invention vénitienne la fourchette et chez nous on l’a utilisé au moins 200 ans après parce que la fourchette représentait la fourche du diable .

Les vendeurs ambulants c’était pas des artistes mais c’était la vie de la rue puisque dans le fond la rue c’était là où on vivait parce que les appartements étaient mal chauffés ou trop chaud suivant les saisons et c’était étroit ......Donc on vivait dans la rue et donc les saltimbanques , les artistes , les charlatans de tout poil étaient dans la rue .

Il ne faut pas oublier que vous ne trouverez que des jongleurs , tout le monde s’appelait jongleurs . C’est là le problème , les magiciens arrivaient à se démarquer parce que on les appelaient des faiseurs de tours , donc jongleurs faiseurs de tours et encore que faiseurs de tour arrivent très tard , ils étaient considérés déjà au départ comme des jongleurs . Le jonglage comprenait tout du fait qu’on était dans la rue on était jongleur .

L’imagerie populaire n’a pas toujours tenu , (pour ça qu’on voit pas forcément des cracheurs de feu ) , vous savez l’histoire non seulement elle est faite par les vainqueurs mais suivant l’interet qui peut se porter . Je vois par exemple dans nos expositions ......Nous on a pris tout ce qui était petites histoires , ce qui ne s’apprend pas à l’école . Et les gens sont toujours surpris par exemple vous avez le fabriquant , marchand de hochet , un hochet c’est le truc le plus idiot qui existe , depuis des générations on donne des hochets aux enfants et il faut pas oublier que ce n’est pas un jouet . Le hochet à 13 pierres qui représente les 13 péchés capitaux et l’enfant agite le hochet pour éloigner les péchés . De même quand vous voyiez des enfants que l’ont enmaillotaient et qui étaient très serré comme des momies c’était pour le froid c’est vrai mais c’était la seconde raison , la première raison c’etait pour éviter qu’il se fasse manger par les rats . Tout ce qu’on fait à l’heure actuelle est régit soit par l’église , soit par les rats .

Pourquoi nous français nous mangeons des escargots et des cuisses de grenouille parce que nous sommes de l’église romaine . (les anglais anglicanes , les allemands protestants ) et que le pape avait décidé tous les étangs appartennaient aux moines à l’époque , donc il fallait qu’ils vendent leur poissons , et pour vendre leur poisson il fallait trouver quelque chose donc on a trouvé le vendredi saint puis après on a trouvé le vendredi maigre , tous les vendredis il fallait acheter du poisson et comme il y avait des gens qui ne pouvait pas acheter du poisson , parce que ils étaient trop pauvres , on a donc décider que les grenouilles et les escargots étaient du poisson .

Puis vous aviez tous ces artistes qui étaient par exemple les acheteurs de cheveux , parce que on consommait beaucoup de cheveux pour les perruques , l’acheteur de cheveu arrivait et payait en mouchoir de cholet  ( un ou deux mouchoir ) parce que c’est de là que vient l’expression « il ne vous reste plus que les yeux pour pleurer « parce que vous aviez l ‘ acheteur qui arrivait ,qui faisait asseoir et qui estimait le cheveu et en estimant le cheveu il coupait sans vous demander l’avis , donc la fille pleurait donc on payait en mouchoir .

Le mouchoir c’était quelque chose de luxueux .

- et les expressions qui viennent des saltimbanques

- Oui bien sur , déjà il faisait un peu le langage au départ , c’est eux qui permettait d’assimiler d’une région à l’autre . Paris au 18ème siècle était une ville cosmopolite où les gens se comprenaient pas , les quarteirs étaient bien déterminer , le quartier des maçons bretons , les porteurs d’eau et les ramoneurs auvergnat .

Les saltimbanques étaient obliger d’apprendre plusieurs langues , chez les circasiens encore actuellement dans les gens de ma génération vous trouvez des gens totalement illétrer et qui parlent couramment 6, 7 langues . Le saltimbanque allait de région en région et il était bien obliger de se faire comprendre , c’est lui qui apportait l’information .

Si vous prenez par exemple la révolte des caduts à LYON  qui a été quand même quelque chose de très important et ben elle a été faite par les saltimbanques , elle a été faite par Guignol . Guignol pouvait se permettre de dire ce que tout le monde pensait mais ne pouvait dire sans etre arreté . Et c’est ce qui a monté cette révolte parce que il y avait une communication qui était faite .

Si il n’y  avait pas eu les saltimbanques et les colporteurs il est bien certain que la révolution française se serait passer à Paris mais se serait pas passer en France .

Les chanteurs aussi colportaient des idées. Plus que le livre parce que en France vous aviez beaucoup de livres de contrebande , le livre de contrebande était à peu près le seul qui passait facilement parce que aux frontières on avait pas le droit de fouiller les carrosses et comme c ’etait une certaine classe bourgeoise qui exploitait le livre , donc le livre arrivait parce que il était imprimer en Suisse ou en Hollande , un livre arrivait par l’intermédiaire des carrosses mais était vendu très cher donc pas à la portée de l’ouvrier . Donc c’est un métier , le chanteur qui a eu une très grande importance dans l’évolution de nos pays mais qui n’a jamais été reconnu .

- ça fait parti de la vie de  ce métier de ne pas etre reconnu .

- ça dépend où  , vous avez des pays où le saltimbanque a une importance primordial tel que par exemple le Japon , c’est inscrit dans sa mentalité , l’artiste, le jongleur, le saltaimbanque c’est plus important qu’un banquier que chez nous nous sommes des parasites. On n’est pas des productifs donc on ne sert à rien .

La chine , tout vient de chez eux , mais avec une culture diriger .

Je travaille mais je ne me prostitue pas .

Le Maroc c’était des sauteurs mais c’est quelque chose qui disparait complètement .

De tout temps l’être humain a voulu s’élever et a toujours voulu épater ces contemporains et a toujours voulu faire mieux et  puis l’homme a toujours eu besoin de rêve . Alors les rêves ont été donner sous forme de jeux sous forme de ceci , sous forme de cela , ce qui est un reve qui va pas très loin parce que il est déjà établi , il a déjà ses règles . Le reve c’est pas quelque chose d’établi .
Laissons aux artistes la liberté de penser . De plus en plus difficile parce que on a tout établi , il y a tellement d’interdit , puis comme tout est rapporter à l’argent . C’est un métier voyez vous tant que vous n’avez pas eu les financiers qui sont entrer dans ce métier , ça allait tout seul et du jour où vous avez eu les firmes pornographiques qui se sont montés , que ce sont des financiers qui ont commencer à prendre cela en main , on a fait de la vente .

Les automates ça date du Moyen Age .Et puis après  il y a eu  Toute la période du 17ème siècle là où les automates ont commencé vraiment à exister et là on a commencer à voir vraiment l’automate se développer . Des hommes automates . L’automate il existe depuis Jacquart . Sans Jacquart sans le  métier à tisser il n’y avait pas l’orgue de barbarie , puisquu’il avait inventer les cartes perforées . On invente jamais rien , sans les connaissances de nos ancetres on serait encore entrain de frotter des sylex . Maitenant on cherche à faire de l’argent tout ça pour etre le plus riche du cimetière .

Dans l’école du cirque j’ai eu des élèves puis j’ai fait des conférences en faculté .........On a monté une exposition vivante , les gens arrivent déjà dans une salle de spectacle et se retrouve au 18ème siècle avec les théatres d’ombre qui la journée servait de théatre de marionnettes .... Le but culturel qu’il pouvait y avoir et en même temps les sièges de silhouette , ce qui surprend d’ailleurs pas mal . Le siège de silhouette c’était une plaque de verre maintenu de façon verticale et un siège et là on faisait asseoir la personne et on tendait une feuille de papier sur la plaque de verre , on avait si c’était le soir une bougie derrière , si c’était la journée ben ma fois c’était le soleil qui faisait la lumière et dans vos livres d’histoire quand vous voyez la silhouette de Louis 14 .....ça a été fait comme ça , c’est simplement un fusain que l’on passait tout autour et qu’on reprenait la silhouette comme ça . On présente aussi la lanterne magique et on termine avec les cris de la rue parce ce que chaque métier avait ces cris .(580 professions ) La rocratière vendait le reste des repas des riches dans la rue ......Le marchand de bout de chandelle puisque on a toujours parler d’économie de bout de chandelle , une économie de bout de chandelle , dans un chateau on ne rallumait jamais une bougie , elle était donner aux domestiques , alors on essayait toujours de l’éteindre le plus vite possible , la différence de prix était nul , ça représentait rien à la vente c’est pour ça qu’on disait économie de bout de chandelle .

Les arracheurs de dent avaient leur parade , l’assistant qui jouait du tambour , le bonimenteur et le compère , il s’appelait le barbier . Il fallait payer d’avance bien entendu . Et ça c’est tout le travail de la rue .

- et vous vous faites de la magie

- ben c’est à dire que moi je présente la magie sous différentes formes , je me suis spécialiser , j’ai repris la magie égyptienne , la magie ancienne , la magie médiévale jusqu’à reprendre la période qui a amener Robert Houdin , qui a sorti la magie de la rue pour en faire un art de salon .

Moi je fais de la manipulation , au cours de ma carrière j’ai 40, 45 heures de magie différentes . J’ai fait la grande illusion . Le travail des mains et puis le travail des pieds aussi . Dernier record du monde j’ai rasé 3 personnes en 4mn 1s avec un rasoir couteau évidemment , avec les pieds . Après j’ai appris à écrire avec les pieds , à dessiner , à faire de la presditigitation , manipulation de cartes avec les pieds .

J’ai fait 11 tours du monde avec .

J’ai un petit fils qui fait de la magie mais vous savez ça se force pas ce genre de chose . Ca c’est la vie de chacun . J’ai une fille qui fait de l’animation et des enregistrements elle a une voix formidable .

Je crois que le métier de saltimbanque reviendra , un métier venant de si loin peut pas mourrir comme ça . J’en suis convaincu , avec beaucoup de difficultés , le métier a toujours été difficile , il a toujours fallu faire son trou surtout quand on tombe à pied joint là dedans un peu comme une marmite magique , c’est la marmite magique mais attention au départ c’est chaud , vous vous brulez les ailes là dedans .

- mais c’est la passion qui l’emporte

- bien sur ,

- vous etes un maitre pour certain                                                                              

- moi je suis un étudiant , j’ai de l’expérience c’est tout mais ça c’est    quelque chose qui n’est pas communicable . L’expérience des uns peut pas servir aux autres malheureusement , l’époque n’est pas la même , ensuite sa sensibilité n’est pas la mienne , ensuite la vie ne va pas le diriger comme elle m’a dirigé . On peut aiguiller , aider à condition bien évidemment de vouloir apprendre . Moi je connais des tas de gens qui viennent me voir en disant qu’est ce qu’on va gagner , tu vas peut etre gagner la considération de ta concierge mais à part ça et encore c’est pas sur parce que au départ on va déjà te prendre pour un farfelu . C’est un métier dans lequel il faut déjà se faire suer pendant 10 ans , ça ça à toujours été de toute époque . Il faut galérer , à moins d’etre le fils d’un producteur , le talent peut se mettre de coté de cette façon là .

- Les saltimbanques ne sont pas issu de classe sociale élevé

- Non , parce que ça serait un déshonneur

- C’est peut etre la force du métier

- Peut etre bien , si vous avez tout sous la main moi j’ai des amis qui ont toujours rever de ce métier et qui sont nés riches ben ils n’ont jamais rien fait de leur vie pourquoi parce que ils n’avaient pas à lutter et sans lutter on tombe dans la facilité . J’ai connu un magicien en Belgique moi quand on m’a dit qu’avec de l’eau il faisait toutes les boissons , j’ai plus eu de cesse sans le voir , et je l’ai revu 30 ans après , il faut jamais revoir les choses 30 ans après , c’est quelque chose d’épouvantable et je me suis aperçu que c’était un pauvre type quoi , qui était pas bon à grand chose mais il avait jamais eu de concurrence , seul dans son coin , il avait jamais évolué , il n’avait rien qui l’obligeait à évoluer puisqu’il vivait comme ça .

- Moi j’ai eu la chance d’avoir des parents extrèmement libéraux , c’est énorme aussi ça , on faisait ce qu’on voulait . Bouquiniste et ma mère était artiste , dans la famille il n’y a que des peintres , des poètes , mon frère lui qui est à l’académie française ............ On a tous mal tourné il n’y a pas de problème . J’ai un ami  qui a un talent fou , il est devenu inspecteur d’académie et chaque fois que je le présente je dis c’est un copain qui a mal tourner . A un moment donné il s’est quand même prostitué que l’on veuille ou non . Non moi je me suis pas prostitué ce n’est pas ce qui m’a facilité la vie .

OUI J’y crois et j’y crois encore . La preuve que j’aurais l’avantage de mourrir attardé . J’ai l’avantage d’avoir fait ce que j’avais envie de faire et le grand malheur c’est que chaque fois que je rencontre du monde , il me dit vous avez fait une belle carrière , oui , qu’est ce que vous avez gagné comme argent , je dis non j’ai fait beaucoup d’amis et j’ai beaucoup de souvenirs , l’argent non ça non . Parce que réussir sa vie c’est avoir gagner beaucoup d’argent , mais pour moi c’est pas ça du tout , réussir sa vie c’est tout à fait différent .
Sur une montagne d’or ça ne vous empeche pas de mourrir de faim et de soif si il n’y a pas d’eau , ni de nourriture .

- La confrérie c’est quoi

- Voyez avant dans un même spectacle vous aviez 5, 6 ,7 artistes . Maintenant on se retrouve chacun avec un one man show , automatiquement alors ce qui fait qu’on se voit plus . Alors il fallait qu’on retrouve une confrérie , qu’on se retrouve de façon à pouvoir continuer à se connaitre . Il y en a à Paris , il y en a un petit peu partout . Alors on a une réunion mensuelle sauf juillet , aout et décembre et puis on a un chapitre annuelle où là on se retrouve en grande quantité où on fait des spectacles qui dépassent un peu tout parce que on retrouve les hommes orchestres , on retrouve les cracheurs de feu , aussi bien ça que la cantatrice du paladium de las vegas ou la cantatrice de l’opéra de pékin ou les platters ........On a tous les corps de métiers , aussi bien maquilleur de théatre que le metteur en scène , on a tout englobé , tout ce qui est spectacle .

On a monté un espèce de système social , on a une cotisation de 150 fr par an mais en réalité c’est une cotisation de 100fr et il y a 50 fr qui sont mis aux oeuvres sociales , ce qui permet d’aider des personnes en difficulté dans le métier .

Moi je ne doute pas que le métier survivra , il n’y a aucun problème mais peut etre pas sous les mêmes formes.

A part la maladie on a du mal à vieillir , c’est ça le problème , c’est bien mieux comme ça , tant que l’enthousiasme est là il n’y a pas de problème .

Nous sommes des exibitionnistes , ça c’est difficile de s’en séparer , la plupart du temps beaucoup de timide . Je pense que c’est une fonction du métier la timidité , il y a que comme ça qu’on peut s’exprimer , on est obligé toujours de se surpasser .

- c’est toujours un départ d’angoisse alors à chaque fois

- c’est normal , où alors il faut faire comme certain vous montez quelque chose puis vous prenez plus de risque mais si vous voulez faire un métier , il faut vous remettre en question tous les matins puis jamais etre satisfait de ce que vous avez fait , le jour où vous etes satisfait vous etes foutu . Vous etes content quand vous avez fait quelque chose et deux jours après vous vous dites j’aurai quand même pu faire mieux .
Et moi j’ai l’avantage voyez vous d’arriver en bout de course avec très peu de vidéos , avec très peu de tout ça . Je trouve ça sensationnel parce que il  arrivera un moment donné où on sera obligé de renier son passé .

Une grande sensibilité , oui c’est toujours des écorchés vifs , c’est certain que dès que vous etes dans ces professions vous ressentez les ultra sons . Vous etes beaucoup plus fragile normal , heureusement qu’il y a les échecs , sans les échecs on n’eévoluerai pas et on arriverai à ce que certains arrivent , ça m’apparait difficile d’avoir une grosse tete , ça remet les choses en place , le saltimbanque ne peut pas avoir une grosse tete , c’est pas possible etant donner que la vie vous remet tout de suite en place , heureusement sans cela ça ne serai pas vivable , on s’imaginerai qu’on est bon .

J’ai fait du cinéma , j’ai fait pas mal de chose mais il y a que dans mon art que je me suis éclaté pour la bonne raison c’est qu’après c’est comme quelqu’un qui travaille en play back , si vous recommencez 6 fois une scène , c’est pas comme ça que vous faites quelque chose de bon , moi je le ressens comme ça , c’est le premier jet .

 

 

Dico Mots clefs, livre Gilbert

 

 

 

Histrion : Du latin. Mauvais acteurs ou charlatans.

Badaud :   Regarder bouche bée. Passant, promeneur.

Bateleur, euse : Ancien francais de Baastel. Personne qui fait des tours d´adresse sur les places publics.

Saltimbanque : De l´Italien, ( Salto in banco), sauter sur un banc, 1560

Amphore : Vase antique, à deux anses symétriques, col retréci.

Rupestre : Réalisé sur des rochers.

Agora : Place publics, centre de la vie politique, religieuse et économique de la cité. Espace piétonnier

              dans une ville nouvelle.

Caste :  Catégorie de personnes qui se distingue des autres par ses privilèges et son esprit d´ exclusive.

Castrat : Chanteur que l´on castrait des l´enfance pour qu´il conserve une voix de soprano.

Hister : Bouffon.

 

Listes du métier de Saltimbanque.

 

Mime, acrobate, cracheur de feu, funambule, briseur de chaines, évasioniste, musicien, chanteur, antipodiste, avaleur en tout genre, magicien, rouliste, automate, marionnettiste, bonimenteur, vendeur a la sauvette, ventriloque, hercule,caricaturiste, silhouetiste, etc…

 

 

 

Les P.V.

 



[1] Le "Festival des spectacles de  rue", les "Fêtes de Gand", la "Fête des Artistes et des Artisans" à Chassepierre,...

[2] Voir définition p. 39.

[3] GARNIER (J.), Les Forains d'Hier et d'Aujourd'hui, Paris, 1968, P.386.

[4] Les Charlatans Célèbres, Tome 1, p. 5.

[5] Le Monde, 28 juillet 1979.

[6] HOTIER (H.), Le vocabulaire du cirque et du Music-Hall en France, Paris, 1973, p. 75.

[7] P. 13-14  Académiciens et saltimbanques, Christian GURY, Paris, 1997

[8] HANNAH-WINTER (M.), Le spectacle forain, in Histoire des spectacles, Paris, 1965, p. 1458.

[9] REMY (T.), Le Mime, in Histoire des spectacles, Paris, 1965, p. 1493.

[10] Ibid., p. 1493.

[11] Pour plus de précisions sur ce sujet, se référer à l'ouvrage d'André Boll : Théâtre, spectacles et fêtes populaires dans l'histoire, Bruxelles, 1945, p.9.

[12] Se référer à l'ouvrage de Jacques Heers : Fêtes des fous et Carnavals,...

[13] André Boll, Théâtre, spectacles et fêtes populaires dans l'histoire, Bruxelles, 1945, p.33-34.

 

[14] Ibid.

[15] JACQUIN (C.), Paris la Fête, Paris, 1977, P. 13.

[16] Ibid., p. 14.

[17] Les Charlatans Célèbres, Paris, 1819, Tome 1, p. 127.

[18] Ibid.,p. 14.

[19] HANNAH-WINTER, op. Cit., p. 1454.

[20] ADRIAN, Cirque Parade, Paris, 1974, P. 45.

[21] DENIS (D.), Découvrez le Cirque, Paris, 1978, P. 40.

[22] DORT (B.), Théâtre en jeu, Paris, 1979, p. 85.

[23] Jérôme Savary in Album du Grand Magic Circus, Paris, 1974, p. 27.

[24] Discours de réception à l'Académie française, 20 janvier 1983

[25] AUGUET R., Fêtes et spectacles populaires, Paris, 1974, p. 73

[26] Petit historique du cirque in L'Avant Courrier, n°3, janvier 1986,p. 3.

[27] Julian Beck cité par C.  Degan, in Disparition de Julian Beck : la deuxième mort du Living, in Le Soir, 17 sept. 1985.

[28] Peter Schumann cité par Françoise Kourilsky, in Bread and Puppet Theatre, 1971 p. 27.

[29] Propos recueillis par un artiste.

[30] Ferrand Serge, Le Busker, 1979 p. 250.

[31] Ibid., p.27.

[32] in Le Soir, janvier 1998, p.15.

[33] UBERSFELD (A.), L'école du spectateur, Lire le théâtre 2, Paris, 1981, p. 53.

[34] Organisateur du festival d'Aurillac.

[35] JACQUIN, (C.), Paris la fête, 1977, p. 130.

[36] JACQUIN, (C.), Op. Cit., p. 130.

[37] JACQUIN, (C.), op. cit., p. 102.

[38] VSD, 28 octobre 1977.

[39] Nouvel Observateur, 6 août 1979, Canard Enchaîné, 27 juillet 1979.

[40] A. Simon, Encyclopédia, in Théâtre occidental - La scène, p. 1076.

[41] B. Dort, Théâtre en jeu, Paris, 1979, p.85.

[42] Guide Michelin de Paris, 1997, p. 131

[43] Guide Bleu de Paris, 1997, p. 355.

 

[44] Guide de Paris en Jeans, 1997, p. 121.

[45] Les lieux du spectacle, in L'architecture d'aujourd'hui, n° 152, Paris, 1970, p. 26.

[46] BAREY (J-J), Outils de l'itinérance, in Lieux Publics, n°1, Marne-la-Vallée, 1984, p. 24.

[47] MOTROT (I.), in "Entrez Dehors", in Dossier de presse du Festival d'Aurillac, 1991.

 

 

 

[48] SAVARY (J.),  La Fête cette hantise..., in Revue Autrement, Paris, n)7, nov. 1976, p.167.

[49] BUISSON, op.cit., p. 59.

[50] Ibid.

[51] BUSSY (de), C., Les Forains à travers les âges, Paris, 1930, p. 12.

[52] Loi du 10/12/1830

[53] BUISSON, op.cit., p. 26.

[54] Ibid.

[55] Ibid.


 [F1]